S’il n’est pas – trop -  dans les conventions de chroniquer un album live, quand celui-ci s’apparente comme un incontournable d’une discographie, il est logique de faire un accroc à ses principes et corriger un manque. En 1992, Van Halen fait une tournée magistrale, comme quasiment à chacune de ses tournées, avec Sammy Hagar au chant. Ce dernier ayant remplacé l’irremplaçable David Lee Roth avec comme objectif de faire taire l’adjectif utilisé ci-dessus à l’instant. Right Here, Right Now est étonnamment le premier témoignage live en CD d’un groupe surtout connu pour ses prestations scéniques (le Live Without A Net n’est sorti qu’en VHS), et offre sur deux disques tout le talent de ce groupe américain de hard rock capté en mai 1992 à Fresno. Cette tournée, donc, accompagne la sortie de l’album For Unlawful Carnal Knowledge (F.U.C.K.) et ce dernier sera bien, voire sur-représenté avec dix titres joués sur les onze que propose l’album. C’est bien simple, la période Van Halen de David Lee Roth sera poliment réduite à peau de chagrin avec seulement quatre titres interprétés, ces derniers étant incontournables tels Jump, Panama ou encore You Really Got Me que le groupe, même avec Sammy Hagar au chant ne peut passer outre vis-à-vis des fans. Il n’empêche, même avec une setlist très orientée sur F.U.C.K. , 5150 et OU812 le groupe va envoyer du lourd, du très très lourd sur ce live. Tous les membres sont dans une forme olympique, Eddie Van Halen balance des solos de guitare taillés patron jusqu’au morceau 316 ou il fait parler la poudre avec sa six cordes pendant une bonne dizaine de minutes d’un solo au firmament reprenant outre 316, Eruption et autres inspirations et techniques de tapping maitrisée à la perfection. C’est le genre de prouesse musicale qu’on a beau connaitre à la virgule près, chaque écoute est toujours un uppercut qu’on se prend.

Alex Van Halen est lui aussi dans une forme éblouissante et lui aussi va offrir un solo de batterie dans la foulée d’un Pleasure Dome où il tape comme un fou furieux sur ses futs comme si la fatigue n’avait aucune emprise sur lui, et que dire de Michael Anthony qui va lui aussi nous gratifier d’un superbe solo de basse, après tout, il n’y a pas de raison hein ! Au-delà des solos, les titres s’enchainent à la perfection, de Poundcake à Ain’t Talkin’ bout’ Love, en passant par Why Can’t This Be love, ou Right Now, tout est limpide, propre et enjoué. Les titres de la période Lee Roth sont aussi superbement exécutés, même si le passage de You Really Got Me sur Cabo Wabo retombe un peu, mais là c’est vraiment chipoter.

Sorti en 1993 le seul point qu’on peut reprocher à cet album est sa production très tirée sur les aigus à l’image des lives de cette période, c’en est presque dommage vu la densité du disque. Cet album sera suppléé par une VHS à l’époque dont l’image est pour le coup plutôt granuleuse et pas à l’avantage ni du groupe, ni du son et tronquée de rien moins que de neuf des titres proposés sur le CD. La version DVD ne sera guère mieux, elle reprend juste la VHS, donc rien de bien intéressant. C’est vraiment dommageable, mais tant pis, la version CD / Vinyle se suffit à elle-même. L’artwork est aussi original avec la présence d’un Christ qui protège une maison d’une tempête ayant visiblement fait des ravages, mais ce n’est vraisemblablement pas la pochette la plus réussie du groupe. Il en reste néanmoins un témoignage live de grande classe de cette époque d’un groupe en pleine apogée de son art en concert.

Tracklisting de Right Here, Right Now :

CD 1:

01. Poundcake
02. Judhement Day
03. When It’s Love
04. Spanked
05. Ain’t Talkin’ ’Bout’ Love
06. In ’N’ Out
07. Dreams
08. Man On Mission
09. Vibro Bass
10. Pleasure Dome / Drums Solo
11. Panama
12. Love Walks In
13. Runaround

CD 2:

01. Right Now
02. One Way To Rock
03. Why Can’t This Be Love
04. Give To Live
05. Finished What Ya Started
06. Best Of Both World
07. 316
08. You Really Got Me / Cabo Wabo
09. Wont’ Get Fooled Again
10. Jump
11. Top Of The World