En 1985, c'est la merde... Pourtant, un an plus tôt, tout allait pour le mieux pour Van Halen. En effet, la joyeuse bande venait de sortir 1984, album au succès titanesque, porté par le single que tout le monde connait. A ce moment-là, Van Halen est l'un des plus gros groupes du monde ! Ca ne va malheureusement pas durer... En effet, David Lee Roth, chanteur acrobate, et Eddie Van Halen, guitariste du futur, ne peuvent plus se blairer et David comprend vite qu'il vaut mieux qu'il quitte le groupe. La suite de l'histoire pourrait être pire pour lui : il va trouver une équipe et sortir un premier album solo tout à fait excellent : Eat'Em And Smile.
Du coup, Eddie et sa bande se retrouvent sans chanteur, ce qui est plutôt embêtant quand on veut faire des chansons... Après avoir songé à engager plusieurs chanteurs en même temps, c'est finalement vers Sammy Hagar que le groupe va se tourner. Loin d'être dégueu, le Hagar : il a chanté chez Montrose -un peu le Van Halen des 70's - un groupe génial dont il faut qu'on parle un jour - et une carrière solo bien installée. Il vient d'ailleurs, en 1984, de publier un album de très bonne facture. Pas un naze, donc, d'autant plus que ce monsieur est guitariste et pourra épauler un peu Eddie !
C'est donc en 1986 que Van Halen revient, avec un tout nouvel album : 5150, du nom du studio privé d'Eddie, titre suggéré par Sammy lui-même... L'album sera couronné de succès : il atteindra notamment la première place du Billboard 200 aux Etats-Unis et sera l'album Warner qui atteindra le million de ventes le plus vite, tout ça était notamment dû au single, Why Can't This Be Love, qui fera un carton ! On ne peut donc pas dire que l'arrivée d'Hagar a été un échec, loin de là, d'autant que ce dernier restera dans le groupe un bon paquet de temps ! Mais alors, que vaut cet album ? Plongeons dedans, titre après titre, pour le découvrir ...
HELLOOOO BAAAABY ! Hasard ou pas, c'est sur un formidable cri de l'ami Hagar que s'ouvre l'album ! Et quelle ouverture ! Good Enough est un titre électrique ultra énergique, l'idéal le matin au réveil ! Ici, on n'est pas très loin de l'époque Roth, même les lignes de chant de Sammy iraient parfaitement à notre bon vieux Dave. Une mise en bouche bourrée de fun, diablement rock et ô combien efficace : Van Halen est de retour et on va bien s'éclater ! Suit le single porteur du disque, Why Can't This Be Love et arrive le nouveau meilleur ami d'Eddie : le synthé. Il était déjà là sur 1984, il est omniprésent ici ! On est en 1986: la mode est au Hard FM. Evidemment, Why n'aura pas le succès de Jump, ce qui est bien dommage car c'est un morceau tout aussi excellent et au refrain à tomber - de toute façon, les refrains sur cet album ... -, même s'il est un poil moins punchy... S'en suit l'un peu moins génial Get Up, un titre méga-speed avec Alex "j'emmerde la subtilité" qui colle de la double-pédale de partout.
Mais tout ça, ça n'est pas grave puisqu'arrive mes deux titres préférés du disque, qui font également partie de mon top 10 perso de Van Halen... On commence avec Dreams, titre FM au possible : gros claviers, paroles un peu cuculs, solo magnifique et une performance de Hagar à graver dans les annales ! Sérieux, je vous défie de la chanter correctement ! Il monte tellement haut ("Higher and Higher" comme il dit) qu'on pense qu'il va se péter la voix mais non, jamais. Quel chanteur, mes amis ! Roth était le roi des frontmen, Hagar a une voix en or. Chacun sa préférence mais comparer les deux n'a, selon moi, pas vraiment de sens... Vous imaginez Roth chanter Dreams ? J'ai un peu de mal moi, tant la performance d'Hagar me dresse le poil ! Pour la petite anecdote, c'est le premier titre que j'ai écouté quand j'ai appris la mort d'Eddie. C'est un titre qui a vite fait de me coller des frissons partout, voire de me mettre un peu la larme à l'oeil - je suis vraiment un grand sensible, je sais. Et après m'avoir fait pleuré, Van Halen me balance l'attaque utime, LE titre qui fout la banane et qu'il faut écouter dès que le soleil commence à pointer le bout de son nez : Summer Nights ! Riff tout con, petite intro shred du plus bel effet, couplet formidable, crescendo et... BAM, le refrain ! Et si ce refrain chanté par Hagar, doublé par les choeurs, n'est pas le plus doux son enregistré par l'humain, je ne sais vraiment pas ce que c'est !
La première face se termine, on a pris cinq titres qui vont du chouette au tout bonnement jouissif, rien que ça ! Mais tout ça, les gros claviers, les grosses mélodies, les gros solos, les grosses sensibilités, c'est bien joli. Mais on veut du rock aussi, merde ! Ca tombe bien, Hagar, lui, veut le meilleur des deux mondes et nous le dit bien fort dans un énième refrain qui tue et dans une compo foutrement rock et ô combien entraînante ! Bon sang, mais ils ont décidé de ne mettre que des titres de malade sur cet album ? Ah tiens, petite anecdote : Eddie voulait à la base appeler l'album comme ça mais Hagar a trouvé que ce serait un peu déplacé, par rapport au récent départ de Diamond Dave. Il n'a pas tort pour le coup et le titre Best of Both Worlds sera donné plus tard à une compilation comportant des morceaux avec les deux chanteurs, malin les bougres ! Mais revenons en 86, il faut bien une ballade plein de sentiments et de clavier. Ce sera Love Walks In, titre bigrement réussi, dans lequel tout le monde se fait plus mesuré et avec, encore, un refrain incroyable. On ne mesure pas le délire : en 1986, Van Halen a sorti un titre slow Hard FM que non seulement je ne zappe jamais mais qu'en plus j'adore ! Ils ne sont pas nombreux à avoir réussi un tel exploit ! Mais trève de jérémiades, à en vouloir toujours plus, on n'est jamais satisfaits : le morceau-titre nous remet un bon coup de fouet et se fait méga efficace ! Un tube en puissance qui passe un peu inaperçu après la première face du disque mais qui bat haut la main la majorité des singles de l'époque - bande originale de Rocky 4, c'est toi que je vise ! -. Le groupe conclut l'album avec le moins bon titre, Inside, que j'ai toujours eu un peu de mal à comprendre...
Résumons ! Van Halen a parfaitement su rebondir après le départ de son mythique chanteur et a donné suite à un album tout aussi mythique en sortant une galette parfaitement ancrée dans son époque et diablement réussie. Si aujourd'hui les sons de clavier peuvent paraître un poil kitschouilles, on est forcés de constater que tous les morceaux sont des tubes en puissance, à part Inside bien sûr. Eddie est toujours un virtuose inspiré, que ce soit à la guitare ou au clavier, Alex tabasse toujours comme il faut, Michael Anthony maintient toujours le tout avec sa basse - la grande force d'Inside, c'est sa ligne - et ses backing-vocals (je vous ai parlé de Summer Nights ?) et Hagar s'est intégré à l'ensemble avec une maestria colossale. 5150 n'est ni plus ni moins qu'un des meilleurs albums de Van Halen et, j'ose le dire, le tout meilleur album estampillé Hard FM selon moi. Rien que ça ! Comment ? Tu ne l'as jamais écouté ? Mais fonce, mon ami !
Tracklist de 5150 :
01. Good Enough 02. Why Cant's This Be Love 03. Get Up 04. Dreams 05. Summer Nights 06. Best of Both Worls 07. Love Walks In 08. 5150 09. Inside
|