Réunion musicale de très haut niveau, Transatlantic fait partie de ces supers groupes qui ont tenu la distance. Et vu le talent présent ici, la qualité des compositions proposées, la démarche artistique avec une réelle volonté de prendre des risques, de tenter des choses originales. Tout avait commencé en 1999 avec quatre musiciens surdoués choisissant de se lancer dans une belle aventure. Si problème pour se rappeler des membres du groupe, les types ont été sympas et ont utilisé la première lettre de leur nom pour nommer ce premier disque avec S pour Stolt (Flower Kings), M pour Morse (alors chez Spock’s Beard), P pour Portnoy (qu’on ne présente plus !) et T pour Trewavas (Marillion). Le groupe a rajouté le "e" en minuscule de TrEwavas mais là j’avoue que le concept me dépasse un peu. Ceci dit, il faut les suivre nos phénomènes. Les quatre fantastiques s’enfermèrent une semaine en studio (méthode Portnoy pour gérer ses innombrables projets) et en une semaine, une heure et quart de musique était composée et enregistrée. Productif ? Assurément. Brillant ? Oui. La première pièce musicale, All Of The Above, typiquement prog, d’une durée de trente minutes plante le décor. Hommage est rendu aux grands de la scène (King Crimson, Yes, Genesis, Pink Floyd). Dès l’intro, le charme opère : une grande et belle mélodie majestueuse, cinq bonnes minutes où la basse groove, la guitare illumine. Rupture de rythmes, refrains hypers pertinents à la sauce Neal Morse, solos à foison et final haut de gamme embarquant le tout. Classique immédiat, et Transatlantic déjà membre des grandes pointures du prog.
Le reste des morceaux est bon mais moins impressionnant. Avec cinq pistes au programme, je peux me permettre le track by track. We All Need Some Light est assez typique de Spock’s Beard. Pour être honnête, Transatlantic ne m’a jamais bluffé sur les ballades et n’a encore jamais frappé fort dans ce registre. Mystery Train reste sympathique mais bascule presque vers l’anecdotique. Commentaire un peu rude mais après un tel démarrage, difficile de revenir à l’ordinaire. My New World avec un refrain bien mémorisable parvient à remettre de l’excellence dans un registre assez typiquementFlower Kings. Pour finir, le groupe se lance dans une reprise du groupe Procol Harum. Plus délicate à appréhender car assez déglinguée dans son genre, cette piste renferme un sacré premier album.
Pensé comme un hommage aux plus grands jusque sa pochette avec une référence à Led Zeppelin que les puristes n’auront pas manqué de repérer, Transatlantic se payait d’entrée de jeu son rond de serviette dans une scène pourtant élitiste. Rien de révolutionnaire mais de très bonnes choses, faites avec un talent insolent. Le disque Bridge Across Forever fera encore plus fort avec là encore une pièce de légende et un registre plus Floydien, encore plus impressionnant avec de l’émotionnel.