À titre de "déconnerie" (contraction improbable de déconner et de sucrerie), voici un échantillon de vie glané entre le Diable Bleu et le Grand Ordonnateur ...
Diable Bleu : Moi vous savez les sucreries ... Le Grand Ordonnateur : Qui parle de sucreries ? J’évoquais de la bonne musique, du Death Melo, de la Prog Melo, du Black Melo ... DB : Et bien justement, si je puis me permettre cette analogie simpliste, les trucs en "Mélo", me rappellent les trucs des "f’ette’s"...ça me pèse sévère sur l’estomac ! LGO : ... DB : Bien oui, pardi ! La dindette, la galette et autres buchettes ... cela me pèse sur l’estomac jusqu’à la nausée. Et puis pourquoi ne pas surqualifier le Power Metal en Power Metal Melo alors que par essence, il est Melo ... on frise l’absurdité souvent. LGO : Soit, mais pouvez-vous me préciser quand vous avez apprécié pour la dernière fois le style Melo. DB : Facile, je m’en rappelle très bien, j’avais 17 ans, et j’avais fait le plein de mon caddie avec des galettes de Metal au super marché, il y avait le premier Venom ... depuis plus rien ne passe, et du coup ce fut également la dernière fois. LGO : Alors je vous invite à faire passer cette vieille overdose de Metal Melo, quatre petites décennies après ... voici à nouveau un caddie largement rempli de jeunes sucreries toutes à votre dégout. Vous avez la soirée pour y trouver un bon traitement Melo de choc. En cas de dérobade, trouvant chez vous coutumes, je vous promets un hiver sans neige, et avec plein de gros Doris tout rougeot se baladant dans d’énormes 4*4. De plus je vous recommande de faire vite sinon notre Grand Correcteur vous piquera l’exclusivité. Motivé comme rarement, il a la plume leste et le verbe haut en cette période de rentrée.
Le ton, la réputation, le passé du Grand Ordonnateur ne souffrent d’aucun commentaire... d’ailleurs il ne menace jamais, il conseille seulement voire il prévient... Je me retrouve ainsi tout avachi au-dessus de cet atroce caddie, à conduire le symbole de notre belle société de consommation en direction de mon logis, mal disposé à entreprendre cette satanée soirée.
Me voici encore une fois tout bleu pâle ... alors que j’allais attaquer la chronique d’un bon groupe de Black, une galette frangipane enthousiasmante aux bons œufs frais. Pas grave, je vais te bâcler le job pour revenir rapidement sur le nouveau Patriarkh. Maintenant, moelleusement installé sur le fauteuil placé devant l’ampli, la main plonge dans le caddie, pour en sortir, au pif, une première galette. Tiens, tiens, The Halo Effect ... évidemment je ne connais pas trop bien. À la première écoute, cela frise le bon ... À la suivante, c’est pire on rentre dans le très bon. Renversant !
Le premier album de The Halo Effect, Days Of The Lost (encore bien frais), avait secoué en 2022 le cocotier du melodeath de Göteborg, et leur nouvelle offrande, March Of The Unheard, débarque déjà comme une promesse : celle de ne pas décevoir. Est-ce une réussite ? Clairement, oui. Mais attention, c’est une réussite avec panache, celle d’un groupe qui ne se joue pas de la facilité et qui connaît sur le bout des riffs comment marier nostalgie et modernité pour la postérité. The Halo Effect, c’est le club des anciens élèves d’In Flames, avec Jesper Strömblad et Niclas Engelin aux guitares, Peter Iwers à la basse, Daniel Svensson à la batterie, et l’inimitable Mikael Stanne (de Dark Tranquillity, entre autres) au micro. Ensemble, ils offrent une master class de Death Melo où chaque note respire l’expérience, mais aussi la fraîcheur d’une bande de potes qui semblent s’amuser comme des gamins dans une cour de récré agitée. L’arme de destruction de ce groupe découle de son héritage.
L’album s’ouvre sur Conspire To Deceive, une claque directe : riff tranchant, voix saturée de Stanne et mélodie irrésistible. Ça pulse, ça cogne, et ça ne s’arrête pas là. Detonate, single dévoilé depuis peu, ressemble à une course effrénée où chaque note hurle urgence et intensité. Avec ce titre, vous pourriez presque sentir la menace qui plane, prête à exploser. Une bande-son parfaite pour un monde au bord de l’implosion. Assurément addictif ce truc machin, une bombe.
Là où cet album brille, à la hauteur d’une dendrite de neige (flocon), c’est dans son équilibre, entre la furie et l’introspection. Chaque morceau raconte une histoire dans un flot de puissance échevelée. Prenez Our Channel To The Darkness, par exemple. Ce titre commence calmement, presque trompeusement, avant de s’emballer sur un riff que vous pourrez fredonner à gorge déployée en live. Puis il y a Cruel Perception, un morceau si accrocheur qu’il s’imprime directement dans votre mémoire musicale. Ces deux pistes mettent particulièrement en exergue le contraste placé en tous points de l’album, jusqu’à l’élever à hauteur d’art. Le mot ne me semble pas galvaudé, vous en conviendrez surement également en écoutant ce tonitruant Cruel Perception.
Les moments de bravoure ne manquent pas : Between Directions ralentit le tempo et le propos de manière à explorer des contrées plus sombres avec des orchestrations symphoniques et une ambiance menaçante, tandis que Forever Astray introduit (enfin ?) un peu de chant clair sur le refrain, ajoutant une touche d’émotion à cette cavalcade sonore jusque là sans fin. Même lorsque l’album flirte avec des terrains plus familiers, comme avec ce A Death That Becomes Us, et ses accents à la Dark Tranquillity, il reste suffisamment inspiré pour éviter l’écueil du déjà-entendu. Après une suite de morceaux puissants, l’album se clôt sur Coda, un étonnant instrumental acoustique et orchestral qui reprend les thèmes de The Curse Of Silence. Plus que sympathique, une respiration, à laquelle d’aucuns regretteront peut-être un petit "ouf" final qu’ils étaient en droit d’attendre après un tel déchaînement lors des premières pistes. Pour moi celle-ci fut bienfaisante.
Pour prolonger Noël et son esprit féérique, donc pour ceux qui en veulent encore et toujours plus, l’édition Digipak proposera bientôt quatre titres bonus, histoire de prolonger l’expérience avec Path Of Fierce Resistance, The Defiant One,Become Surrender et Not Yet Broken, que j’attends toute langue sortie. Avec March Of The Unheard, The Halo Effect ne fait pas que rendre hommage à ses racines, il les réinvente. Cet album est une master class de Death Melo où chaque musicien brille sans jamais écraser les autres, et où chaque morceau trouve sa place dans une architecture globale, riche, cohérente et percutante.
Alors, amies lectrices, amis lecteurs, n’attendez pas que le flot vous y pousse : prenez les devants et plongez dans cet album qui a tout pour devenir une référence. March Of The Unheard, c’est une véritable bombe sonore à savourer sans modération et sans futures caries. Une odyssée Melo, et certainement pas une sucrerie. On va se régaler sur scène ...
Tracklistde March Of The Unheard :
01. Conspire To Deceive 02. Detonate 03. Our Channel To The Darkness 04. Cruel Perception 05. What We Become 06. This Curse Of Silence 07. March Of The Unheard 08. Forever Astray 09. Between Directions 10. A Death That Becomes Us 11. The Burning Point 12. Coda
Bonus Tracks :
* Not Yet Broken **Path Of Fierce Resistance ** The Defiant One **Become Surrender