Tad Morose a un peu perdu de sa superbe depuis le départ du vocaliste Urban Breed (et ça ne date pas d’hier, le dernier album enregistré avec le monsieur remonte à 2003 !). Je le répète à chaque fois que je chronique un nouvel album du groupe. J’aimerais bien arrêter mais cette affirmation continue de se vérifier. C’est encore le cas aujourd’hui avec ce - pourtant loin d’être mauvais - March Of The Obsequious. Donc voilà, je m’en débarrasse de suite : Tad Morose n’est pas revenu vers l’écriture plus "subtile" et atmosphérique de ses premières heures (quand le groupe était plus prog) et n’a pas totalement retrouvé l’efficacité ou les mélodies enchanteresses de l’ère Breed (le propos étant déjà devenu nettement plus heavy metal à l’époque). Cependant, de légers progrès s’observent. Parlons-en !

A un musicien près, on retrouve le même line-up qu’en 2013, quand les Suédois avaient effectué leur retour aux affaires avec Revenant : Christer Andersson (le guitariste fondateur) et Peter Morén (batteur depuis le deuxième album) bien sûr, Ronny Hemlin (le chanteur en place pour la quatrième fois consécutive), le bassiste Tommi Karpannen... et le nouveau venu, Markus Albertson à la guitare. Ce beau monde vous a concocté une petite galette de heavy metal bien sombre, aux riffs acérés et aux ambiances fantastico-lugubres sympathiques comprenant dix pistes et affichant quarante minutes au compteur (à quelques secondes près). Ce dernier point (le nombre de morceaux et la durée de l’album) a son importance car il participe au fait que March Of The Obsequious passe un peu mieux que son prédécesseur, le sympathique Chapter X, qui s’étendait sur une heure (avec quatorze compos). 

March Of The Obsequious est donc plus concis, plus efficace. Cela se ressent aussi dans l’écriture. Les bons riffs n’ont jamais manqué aux Suédois (Andersson a toujours affiché une belle maîtrise dans ce domaine) et cela se vérifie encore avec ce cru 2022 mais, cette fois-ci, quelques mélodies (sur les refrains, notamment) font - à mon sens - davantage mouche. Reste que, personnellement, je ne suis pas toujours fan du chant de Hemlin, assez bon dans son style heavy théâtral avec un style qui peut parfois évoquer Tim "Ripper" Owens, mais dont les lignes me semblent parfois un peu "forcées". Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il gâche l’ensemble, ce serait excessif, mais je me rends compte qu’avec les années, j’accroche de moins en moins à sa voix. Si ce n’est pas votre cas, aucune crainte à avoir, il ne démérite absolument pas par rapport à ses prestations habituelles et demeure puissant. 

Avec la chanson titre en ouverture, le ton est vite donné. Chouette riff, rythmique puissante, un clavier discret mais essentiel pour l’ambiance, des vocaux conquérants, un changement de tempo pour un refrain plus lourd et inquiétant... En moins de quatre minutes, la messe est dite : Tad Morose n’a pas allégé sa recette et son heavy metal, toujours bien dark, tient au corps ! Witches Dance (lourde comme il faut) ou Pandemonium (plus changeante en terme de tempo) maintiennent volontiers ce schéma à grand renfort de riffs ultra costauds voire gras mais le groupe ne s’interdit pas quelques variations plus mélodiques comme Phantasm, très accrocheuse, et au feeling assez Queensrÿchesque. A quelques occasions, on sent qu’Andersson & co. reviennent légèrement vers des styles plus anciens, développés sur leurs albums des 90s ou du début des années 2000. Les claviers n’y sont pas pour rien, les mélodies écrites pour l’occasion non plus. Pour ne pas lasser l’auditeur, le combo a pris le soin de placer un petit morceau un peu plus rapide de temps à autre (A Trail Of Sins, certains passages de This Perfect Storm). J’aime la lourdeur de A Quilt Of Shame mais j’avoue que riff très Dokkenien de This Perfect Storm (très bonne conclusion) se démarque et fait beaucoup de bien. Pour finir, vous serez content d’apprendre que le tout est très bien produit avec un beau son bien costaud et que la paire Andersson/Albertson offre des petits solos pas dégoutants du tout.

Au final, c’est un album de Tad Morose globalement dans la lignée de ce que fait le groupe depuis le départ de Breed. On est toujours sur du gros heavy dark assez classique mais qui porte bien l’identité du groupe. Ca n’est pas extraordinaire, il manque encore un petit quelque chose qui permette à la formation de se distinguer et impressionner davantage, mais ce n’est pas mal du tout voire même un petit cran au-dessus des deux réalisations précédentes car plus concis, efficace et riche en bonnes mélodies. Pas un grand disque mais un opus solide et recommandable. Les fans du groupe (et de ce line-up en particulier) s’y retrouveront. 

Tracklist de March Of The Obsequious :

01. March Of The Obsequious
02. Witches Dance
03. Pandemonium
04. Phantasm
05. Dying
06. Escape
07. A Trail Of Sins
08. A Quilt Of Shame
09. Legion
10. This Perfect Storm