Quatre années plus tard, revoilà les islandais de Solstafir. Ce groupe à part semblait avoir un peu disparu des radars, sans doute la cause en étant cette crise sanitaire dont les conséquences commencent à tout juste se faire ressentir. Si le groupe est toujours organisé autour de Aðalbjörn "Addi" Tryggvason (guitare / chant), de Svavar "Svabbi" Austmann le bassiste au look western et Sæþór Maríus "Pjúddi" Sæþórsson (guitare), Hallgrímur Jón "Grimsi" Hallgrímsson avait temporairement délaissé son siège derrière la batterie mais il est revenu aux affaires via ce nouvel album. Le groupe islandais a au passage changé de label délaissant Season Of Mist pour Century Media. 

Quatre années donc, et pourtant, dès les premières secondes d’écoute de Hún Andar, on est immédiatement en terrain connu. Ce son de guitare, cette atmosphère, cette rythmique à la fois entrainante, délicieusement dark et dégageant un groove de dingue, Solstafir est de retour et ça enchante d’emblée. Bon, c’est un enchantement à l’islandaise, ça reste mélancolique, sombre et les couleurs de l’artwork (très réussi au passage) sont cohérentes avec le contenu musical. Cette première piste, une merveille, hyper dynamique et dotée d’excellentes accroches vocales dont Aðalbjörn "Addi" Tryggvason a le secret. J’y ai même trouvé un feeling très pop anglaise des 90’s sur les mélodies vocales. La seconde piste est plus rentre-dedans, presque bourrine. Mais Solstafir œuvre dans le post-metal et très vite, les guitares viennent le rappeler à mi-morceau avec une belle montée en puissance, très dark, presque post-black. Le final avec un riff presque in your face envoie la sauce dans un final plus débridé. Une franche réussite. 

Aussi, l’aspect plus rock, plus catchy des islandais fait que certains leur reprochent ce côté « commercial ». Blakkrakki est en effet plus direct avec un refrain assez basique et un clip où le second degré semble un peu de mise. Néanmoins, pour nuancer ce fait, je précise que le groupe chante en islandais et là le groupe ne se simplifie pas la tâche (pour vendre à l’international sa musique j’entends). Je ne suis de fait pas capable d’expliciter les textes mais la sonorité est plaisante à l’oreille avec ce côté « exotique » du Nord très doux à mes oreilles. 

Sálumessa ballade typiquement Solstafirienne fonctionne très bien avec ce côté vaporeux très agréable. Très atmosphérique, envoûtante, le charme opère toujours autant. Evidemment la recette Solstafir est désormais bien connue et le groupe ne se réinvente aucunement ici ce qu’on ne lui demande pas d’ailleurs tant il tient là une « formule » hyper qualitative. Et le disque est de haute volée, donc c’est royal. Fait notable pour les islandais, une seule compo dépasse (tout juste) les sept minutes. Le post est donc plus ramassé, plus efficace et cela fonctionne toujours très bien. Il n’est pas ici question de faire long pour faire long, atout déjà relevé par l’excellent Jean-Mich’Hell dans sa chronique du précédent effort. La seconde moitié du disque est encore d’une grande versatilité, un Freygátan plus sobre, un Nú mun ljósið deyja presque bruitiste et typiquement post et un final plus conceptuel. Solstafir ose pas mal de choses et c’est cool même si pour être sincère, tout ne fonctionne pas mais c’est finalement assez normal dans la scène post. 

Au final, encore un très bon disque de Solstafir toujours aussi attachant et impérial dès lors qu’il s’agit de fournir des disques de qualité. Certes, résolument moins metal, plus post-rock mais toujours inspiré et capable de vous plonger dans de belles ambiances nordiques dont ils ont le secret. Le groupe a d’ailleurs arpenté les routes françaises en cet automne (et au passage ce fut excellent comme à chaque fois !!). Toujours en pleine forme, Solstafir maintient un haut niveau de qualité et un parcours très singulier avec un metal atmosphérique haut de gamme. Remarquable et toujours aussi original.