Artiste/Groupe:

Soilwork

CD:

Övergivenheten

Date de sortie:

Aout 2022

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Death Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

17/20

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Soilwork n’est pas un groupe qui a tendance à trop se reposer sur ses lauriers. Non, Björn Strid et ses acolytes ont encore des choses à dire et ce douzième opus intitulé Övergivenheten (copieux, avec ses quatorze pistes et sa durée de soixante-cinq minutes) en est la parfaite démonstration. Je ne vais pas tout spoiler dès les premières lignes mais vais peut-être quand même faire gagner du temps à certains : si vous n’avez pas accroché aux récents Verkligheten et A Whisp Of The Atlantic (qui m’ont particulièrement convaincu), il ne sera peut-être pas évident pour vous d’être charmé par ce nouvel effort tant il s’inscrit clairement dans leur lignée. Si, en revanche, comme moi, vous avez été sensible à l’évolution du groupe sur ses derniers efforts, vous risquez de vous régaler !  

Si l’on est tenté de comparer ce nouvel album à Verkligheten, ce n’est pas pour rien. Le titre en suédois déjà. Un artwork assez original et surprenant aussi. Le fait qu’il démarre sur une intro nous invitant au voyage également… Le début de la chanson titre, avec ses guitares sèches, son banjo et ses chœurs, nous transporte dans une sorte de western cosmique avant que l’électricité ne s’invite sur une piste rapide et épique dans la plus pure tradition soilworkienne. Le refrain est énorme, Strid n’a rien perdu de son sens de la mélodie, bien au contraire. Ca commence bien ! Et Övergivenheten va, comme ses prédécesseurs, jouer sur la notion de contraste. Dès le deuxième titre, Nous Sommes La Guerre, avec sa voix féminine en intro, son synthé bien 80s, son chant clair enjôleur, on sent bien que le groupe n’a pas l’intention de se cantonner à un seul style musical. Certains diront que Soilwork est influencé par l’autre groupe de Strid et du guitariste David Andersson : The Night Flight Orchestra. Peut-être, mais avec une touche plus sombre, inquiétante et progressive alors (la partie de batterie, notamment, n’a rien à voir avec du NFO... on dira la même chose des solos de guitares). Je n’ai pas adoré ce morceau à la première écoute mais depuis quelques jours, mon avis a évolué et son refrain hypnotique ne sort plus de ma tête. 

Pour la suite, ce sera une alternance de morceaux décoiffants (Electric Again, Is It In Your Darkness et ses blasts ahurissants, Vultures, This Godless Universe…), et de pistes plus mélodiques qui n’ont d’ailleurs parfois plus rien à voir avec le death mélodique (Valleys Of Gloam, le charmant instrumental piano / guitare mélancolique Morgongåva / Stormfågel, l’entêtant Death, I Hear You Calling…). Le chant est à l’avenant, Björn se plaît à explorer pleinement sa palette… il ne se refuse rien et sa performance, quel que soit le style abordé, est globalement bluffante. On ne le découvre pas aujourd’hui mais Övergivenheten est l’occasion de se remémorer à quel point il est devenu l’un des meilleurs vocalistes de metal actuel. On l’entend même tenter de nouvelles choses ici, comme ce chant clair particulièrement aigu sur certains refrains (This Godless Universe, morceau hallucinant soit dit en passant, ultra véloce avec un riffing extrême soutenu par un violon inattendu). Ce qui est fort avec Soilwork, c’est cette façon d’allier technique (le niveau est exceptionnel, la batterie, par exemple, toujours tenue par Bastian Thusgaard, nous en met plein les oreilles, écoutez l’intro de Dreams Of Nowhere, vous m’en direz des nouvelles), froideur et mélodies plus chaleureuses… avec des ambiances travaillées et un feeling indéniable (notamment au niveau des guitares). En plus, le groupe ne se prive pas de coller un passage de violon par-ci, un peu de piano par-là, quelques mots en français aussi… Bref, Övergivenheten, comme ses récents prédécesseurs, va où il veut et n’hésite pas à sortir des sentiers battus, transmet des émotions variées tout en gardant une jolie cohérence. En revanche, Verkligheten et A Whisp Of The Atlantic étaient plus concis et donc plus "faciles" à assimiler. Personnellement, je n’en tiendrai pas rigueur au groupe tant sa musique est foisonnante et enthousiasmante. 

En résumé, voilà un album riche et varié, tantôt rageur et sombre, parfois mélancolique, doux ou léger voire lumineux... encore un peu plus mélodique que précédemment et avec beaucoup d’excellents titres (certains pourraient même être qualifiés de tubes) à son actif. Une belle continuité de l’œuvre de Soilwork, groupe qui ne cesse d’évoluer et proposer des albums travaillés et intéressants. S’il y a eu un moment où j’ai pu douter de l’excellence et - par conséquent - du devenir de ces Suédois, il est clair (depuis un bon moment déjà) que cette période "creuse" n’est vraiment plus qu’un lointain souvenir tant ils sont aujourd’hui à classer en très bonne place parmi les combos les plus brillants du style (plus difficile à cerner, je vous l’accorde) dans lequel ils évoluent. 


Tracklist de Övergivenheten :

01. Övergivenheten
02. Nous Sommes La Guerre
03. Electric Again
04. Valleys Of Gloam
05. Is It In Your Darkness
06. Vultures
07. Morgongåva / Stormfågel
08. Death, I Hear You Calling
09. This Godless Universe
10. Dreams Of Nowhere
11. The Everlasting Flame
12. Golgata
13. Harvest Spine
14. On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain

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