Voici ce que nous signifiait Maitre Cédric à l’occasion de la sortie du précédent album de Soen en 2021, Imperial :
Soen bénéficie d’une exposition croissante depuis quelques disques et c’est à mon sens bien mérité. Nous avons omis de vous parler du très bon Lotus (shame on us!) et Soen mérite qu’on vous en parle. A notre décharge, le groupe se faisait discret en live dans notre contrée avec des dates dans de petites salles mais point de présence en festival (c’est prévu pour le prochain Hellfest, au passage). Rapide point sur le groupe : le leader et compositeur principal est le batteur Martin Lopez (qui a aussi la nationalité uruguayenne). Le groupe se remarque notamment par la très belle voix de Joel Ekelöf (le refrain du morceau Monarch devrait vous en convaincre sans problème). Côté influences, Soen est souvent renvoyé à Toolet c’est vrai que cette parenté était un peu trop présente sur les premiers disques du groupe.
Les albums s’accumulant, le groupe trouvant son rythme, Soen a mis en place son style pour un résultat à mon goût un peu inégal, mais avec de réels grands moments qui font la différence. Monarch déjà cité plus haut nous offre une approche assez émotionnelle d’une musique assez réfléchie (par la grâce des vocaux) pour un résultat d’une belle intensité. Alternant morceaux plus pêchus et d’autres plus mid-tempo voire ballade (Illusion), Soen touche juste très souvent. Fait amusant (ou pas, au choix du lecteur), sur les ballades, le chant me fait penser sur certaines intonations à James Hetfield période Load. Cela reste un avis personnel, mais je m’étais fait déjà la même remarque sur le titre Lotus du précédent disque. Les très beaux solis de Cody Ford apportent aussi un vrai plus. Pas assez mis en avant, Soen est en passe de se faire une belle place au soleil et c’est mérité, car ce groupe regorge de qualités mélodiques tout en conservant une belle dynamique heavy.
Il a toujours raison le Ced12, pardi ! En effet, ce groupe était trop discret, même si au vu de son incroyable tournée des continents 2023, et à sortir ainsi du brouillard, il risquera de moins en moins de vous échapper. Oui, ce groupe est bon, très bon même, et leur nouvel opus ne déroge pas à la règle. Le son demeure comme toujours très convaincant, presque sublime par moment, et les compositions (sauf Mémorial, un rien auto plagié) diffèrent maintenant de leurs œuvres précédentes. L’ensemble des partitions sonne de plus en plus personnel, et je ne trouve presque plus d’éléments de comparaison avec le monstrueux Tool(sauf sans doute encore un peu le jeu du batteur Martin Lopez, qui assure dingue au passage). Ce Memorial contient tout de même dix pistes extrêmement variées et certaines vous sembleront étonnantes, voire déstabilisantes, car amies lectrices et amis lecteurs, ne nous le cachons pas, cet album flirte avec les frontières de notre espace dédié Aux Portes du Metal. On y trouve les inévitables ballades, et ce même une ballade molle, limite Jazzy, Vitals, mais qui dévoile encore les capacités du chanteur précité par Cédric. Mais surtout, on y retrouve des mélodies rock très rythmées, comme Sincere ou Unbreakable, qui ont fait la gloire du groupe chez la gente mélodique. Et finalement, Soen innove en incluant des éléments plus créatifs, en laissant plus de place au synthé et à une voix légèrement plus pop. Chacune des compositions nous donne l’impression de regrouper plusieurs morceaux en un seul, c’est donc peu dire du voyage en variations que vous devriez réaliser. Le tout formant, une œuvre aboutie, pouvant donner la fausse impression de manquer de cohérence, alors que le groupe n’aura tenté et réussi que de se démarquer de ses précédentes galettes.
J’adore cet Hollowed !
Tragedian montre la facette mélancolique de Soen au sein d’un mid-tempo fort et sensible. Le solo de Cody Ford est, encore une fois, superbe. Les envolées vocales de Joel Ekelöf sont poignantes et ne tombent jamais dans le pathos. Son chant offre un juste équilibre entre sensibilité et puissance, à l’instar de ses acolytes qui naviguent constamment entre mélodie, force et complexité technique. Preuve que si le quintet se renouvèle en proposant une musique aux sonorités hard rock parfois plus accessible, il n’en demeure pas moins l’un des piliers du Metal progressif actuel. Et j’estampille d’un cœur résolu cet énorme Tragedian !
Je n’avais pas apprécié leur prestation scénique au GMM, déçu sans doute par une trop grosse attente (demande de ma part) et aussi parce que le manque d’intimité (concert sous une immense tente-usine) ne donnait pas champ libre aux qualités intrinsèques du groupe. Sans doute pas encore le premier virage décisif dans leur discographie, percutant et intense, complexe sans jamais verser dans la démonstration purement technique, ce Memorial pourrait pourtant devenir une pièce maîtresse du groupe et espérons qu’il vous donnera l’envie de le découvrir sur scène. La force de ce Memorial réside dans son âme, et cet élan de vie qui animeront à coup sûr les futures prestations live du quintette, que l’on attend impatiemment. Car ils tournent grave, enfin (une cinquantaine de dates), et ce même chez nous ! C’est dire, et Maître Ced12 l’avait déjà anticipé. Alors prestement, rendez-vous en octobre à Lyon, Paris et Strasbourg !
