Il se dit régulièrement du deathcore qu’on n’y trouve plus rien de surprenant. Il y a du vrai dans cette critique tant parfois on peine à varier les commentaires sur des sorties deathcore. Il est vrai que ce style a connu un bel âge d’or au début des années 2000. Dans une dynamique classique lors de l’apparition d’un nouveau courant musical, on retrouve des groupes pionniers et les années passant, on voit que lorsque certains sont restés fidèles au style d’origine, c’est souvent au prix d’une absence d’évolution. Une grande majorité a évolué et on parle ainsi, parfois maladroitement, de maturité. Evoquer une scène en perte de vitesse sera maladroit surtout alors qu’un Bring Me The Horizon vient d’annoncer une date en 2023 à Bercy, preuve d’un bien beau succès populaire mais d’aucuns diraient que cela fait un bail que ce groupe a délaissé l’agressivité de ses débuts. Cependant, je persiste, il se passait moins de choses du côté du deathcore et la décennie 2010 a plus vu un lent déclin du style. La bonne nouvelle c’est qu’on trouve de nouveaux talents qui revitalisent la scène et apportent réellement un plus, une autre approche plus variée. Distant méritera qu’on y revienne en temps utiles (avec une belle sortie à venir en février 2023). J’ai déjà exprimé tout le bien que je pensais de Lorna Shore. Et Shadow Of Intent fait partie de ces jeunes talents, tout droit venu du Connecticut.
Bon, jeune, ça mérite nuance. Le groupe a fourbi ses premières armes en 2013, déjà produit quatre albums (ce Elegy est bien le quatrième) autour du duo Ben Duerr (vocaliste) – Chris Wiseman (guitares, chœurs). L’aspect original de Shadow Of Intent, c’est d’intégrer une réelle dimension symphonique et black. On pense àFleshgod Apocalypse voir même à Dimmu Borgir. Preuve de l’importance de ces éléments, Shadow Of Intent a proposé des versions instrumentales de son disque précédent Melancholy. Il n’y a donc pas qu’un hurleur en chef ici mais une vraie volonté de proposer une musique aboutie. Sorti début 2022 (me voilà donc bien à la bourre !), mais avec une version deluxe proposée début septembre de cette même année, Shadow Of Intent a bénéficié de très bonnes critiques, méritées. Autre preuve de l’importance prise par le groupe, la qualité des invités ici présent. Phil Bozeman de Whitechapel, c’est presque « attendu » tantWhitechapelest une des pointures du style. Chuck Billy deTestament, c’est plus surprenant. Et prestigieux. On retrouve aussi un dernier titre en trois volets. J’allais écrire « comme sur le dernierLorna Shore » mais chronologiquement, ce Elegy est sorti avant.
Avec ce disque d’une bonne heure, Shadow Of Intent a confirmé son excellente dynamique et l’excellente place prise par le groupe dans la scène deathcore que, comme exposé en ouverture, Shadow Of Intent transcende en incorporant des influences variées. Pour confirmer ce point, le groupe a proposé une reprise de Lamb Of God sur sa version deluxe et ce n’est pas le premier groupe auquel on songe dès qu’on parle de deathcore. Pour bien visualiser le style du groupe, un Saurian King impressionne avec éléments symphoniques succédant à des pig-squeals bien épais. On trouvera aussi des chœurs majestueux sur un The Coming Fire. Avec sa formule très personnelle, Shadow Of Intent fait un bien fou à une scène deathcore dont je commence à me demander si elle ne vit pas son second âge d’or. A découvrir si ce n’est déjà fait.
Tracklist de Elegy :
01.Farewell
02.Saurian King
03. The Coming Fire
04. Of Fury
05. Intensified Genocide
06.Life Of Exile
07.Where Millions Have Come To Die (Feat. Phil Bozeman)
08. From Ruin ... We Rise
09. Blood In The Sands Of Time (Feat. Chuck Billy)