Pile un an après son premier album solo intitulé One Shot, Ronnie Atkins remet le couvert et rien que cela est déjà une bonne nouvelle car, comme vous devez le savoir, le chanteur de Pretty Maids (qui fait également partie de la troupe Avantasia depuis un bon moment) est atteint d’un cancer contre lequel il se bat depuis 2019. Aux dernières nouvelles, celui-ci serait incurable... Alors Ronnie profite autant qu’il le peut et se fait plaisir pendant qu’il en est encore temps. D’où ce second essai arrivant si rapidement après son prédécesseur. Le programme est sensiblement le même et l’on retrouve d’ailleurs globalement la même équipe. Mr. Atkins a écrit ses chansons au piano ou à la guitare, les a envoyées à Chris Laney (également guitariste de Pretty Maids) qui a apporté ses modifications et autres arrangements (avec son regard de producteur) et le tout a été enregistré avec une fine équipe comprenant le bassiste Pontus Egberg, la chanteuse Linnea Vikström Egg (aux chœurs), le batteur Allan Sørensen, le claviériste Morten Sandager, le guitariste Pontus Norgren (on retrouve tous ces musiciens dans le collectif At The Movies, soit dit en passant) et quelques copains (comme Oliver Hartmann, par exemple) venus filer un petit coup de main en passant.

Comme l’année dernière, on retrouve donc un cocktail hard mélodique avec des penchants FM ou pop qui compte aussi quelques aspects plus rock ou heavy (pas majoritaires, précisons-le) nous renvoyant parfois à la musique de Pretty Maids. Très mélodique et accrocheur, ce Make It Count nous démontre encore une fois les talents de compositeur du vocaliste danois. Et le tout est encore très bien produit, exactement comme en 2021. Si vous avez aimé One Shot, il y a donc de grandes chances pour que cette seconde dose, dans la droite lignée de la première, vous apporte satisfaction. Malgré la bataille qu’il livre contre la maladie, Ronnie ne parait - vocalement - aucunement diminué. Sa prestation est de grande qualité, son timbre et sa puissance sont conservées. Et ça fait évidemment plaisir ! 

Les chansons qui ouvrent Make It Count n’ont aucun mal à marquer des points d’entrée de jeu. I’ve Hurt Myself By Hurting You et Unsung Heroes jouent la carte d’un rock mélodique entraînant et fédérateur appuyé par des refrains particulièrement entêtants. Et si vous trouvez (à juste titre) que cela n’est pas assez heavy et penche un peu trop du côté FM de la force, Rising Tide (en troisième position) se chargera de vous apporter un peu plus de muscle. Belle montée en puissance avec ces trois chansons... la dernière d’entre elles se montrant particulièrement efficace (un peu moins légère) et rappelant davantage les travaux de Pretty Maids. L’ensemble bénéficie d’un son solide, d’une interprétation impeccable et de petits solos de guitare bien tricotés.

Il n’y aura qu’un seul autre titre vraiment heavy par la suite et il s’appelle Blood Cries Out (à la neuvième place dans la tracklist). Un poil plus carré et metal (avec une batterie bien massive) que Rising Tide, c’est le morceau le plus costaud de la galette et il est réjouissant. Le reste est plus soft mais propose encore quelques compos rock teintées de pop dont certaines s’apparentent à de véritables tubes (l’enchaînement The Tracks We Leave Behind / All I Ask Of You / Grace est top). Les amateurs de ballade apprécieront certainement le savoir-faire scandinave du refrain de Remain To Remind Me... mais certains trouveront peut-être que le Danois pousse parfois la mièvrerie un peu loin (le premier refrain de Let Love Lead The Way m’a fait frémir avec sa batterie électronique et son synthé gentillet). J’avoue avoir également un peu de mal avec la conclusion de l’album qui n’est autre que la chanson titre. Je ne suis pas spécialement convaincu par sa (très) longue intro au piano suivie d’une transformation discopop à mi-chemin entre du Abba et du Gloria Gaynor... Le message a beau être émouvant (Ronnie se sait condamné et nous invite à profiter de chaque moment que la vie nous offre), je ne suis pas emballé par la musique. Mais Atkins fait bien ce qu’il veut et il aurait tort de se priver (c’est quand même son album solo après tout). Il suit ses envies, laisse sa sensibilité pop 70s/80s s’exprimer ouvertement et, de toute façon, n’a plus rien à prouver (ni à perdre) ! Ce second album est finalement très plaisant (même si une poignée de pistes m’accroche moins) et touchant - vu le contexte - mais pas plombant (l’artiste ayant insufflé un certain optimisme à son écriture). Le mot de la fin sera donc : respect. 

Tracklist de Make It Count :

01. I’ve Hurt Myself By Hurting You
02. Unsung Heroes
03. Rising Tide
04. Remain To Remind Me
05. The Tracks We Leave Behind
06. All I Ask Of You
07. Grace
08. Let Love Lead The Way
09. Blood Cries Out
10. Easier To Leave (Than Being Left Behind)
11. Fallen
12. Make It Count