Ce quinzième album de Primal Fear est sorti il y a presque deux mois et je ne le chronique que maintenant. J’ai beaucoup (trop) écrit sur ce groupe allemand et me suis dit qu’il était temps de passer la main. Mais voilà, personne ne s’y est attelé, j’ai eu l’occasion de creuser le disque pendant ces dernières semaines et, finalement, alors que je pensais ne plus rien avoir à dire sur cette formation qui ne fait pas vraiment évoluer sa formule depuis des années (en plus de s’illustrer dans un style qui me parle bien moins qu’à une époque), je me suis rendu compte qu’il y avait une ou deux petites choses à signaler. C’est parti !
Il semblerait donc qu’il n’y a pas que le Painkiller qu’on n’arrive pas à stopper (vous connaissez la chanson)... il y a Primal Fear aussi. Depuis Code Red sorti il y a deux ans, la moitié du lineup (Alex Beyrodt, Michael Ehré et Tom Naumann) s’est fait la malle mais la machine de guerre toujours menée par Ralf Scheepers et Mat Sinner ne s’est pas arrêtée pour autant. Une nouvelle guitariste (Thalia Bellazecca, ex-Frozen Crown, Angus McSix) a été recrutée, ainsi qu’un nouveau batteur (André Hilgers, ex-Rage, ex-Silent Force entre autres) et Magnus Karlsson est toujours là. On dirait d’ailleurs que le départ de Naumann et Beyrodt a laissé plus de place au guitariste suédois dont le style est particulièrement reconnaissable sur ce nouvel opus.
En effet, dès le démarrage de l’album, avec des titres comme The Hunter et Far Away notamment, on reconnait bien le style de la troupe... mais une attention particulière semble avoir été portée sur l’aspect épique et mélodique de l’entreprise. On n’est pas bouleversé par la proposition musicale globale, c’est du power très traditionnel (cela fait un moment que Primal Fear sonne moins Judas Priestmême si des influences heavy subsistent) mais le son est énorme (avec Dennis Ward et Jacob Hansen à l’enregistrement et au mixage, c’est ultra propre et carré), l’énergie est toujours de la partie et Ralf Scheepers est, comme à son habitude, impérial. Par la suite, on retrouvera la "Karlsson touch" à divers moments avec plus de claviers, de leads de guitares harmonieux et conquérants et ce savoir-faire mélodique propre au Suédois avec ce souffle épique qui le caractérise, ce qui ne veut pas dire que la facette metal germanique plus directe de Primal Fear a disparu (écoutez Heroes And Gods, Scream ou March Boy March si vous en doutez).
Au fil de la balade, on se rend compte que le groupe a incorporé, à petites doses, un ou deux éléments moins "classiques" ou habituels dans sa recette. Ainsi, il y a une piste instrumentale nommée Hallucinations, très mélodique (je ne serais pas étonné d’apprendre que Karlsson a composé la chose) et plaisante... clairement pas une habitude chez Primal Fear. L’intro martiale de March Boy March n’est pas si routinière non plus. La compo se poursuit avec un couplet speed déjanté sur lequel Scheepers s’égosille dans les aigus... on retrouve là quelque chose qui pourrait rappeler ses débuts dans Gamma Ray (genre Money ou Future Madhouse) Le morceau est assez surprenant, avec des aspects un peu bourrins et des changements de tempos. Dommage qu’un refrain vaguement maladroit fasse retomber la sauce. Des maladresses, j’en perçois quelques autres ici, le refrain de Heroes And Gods, pas très finaud non plus, par exemple. Et il y a bien, dans la deuxième moitié de l’album, une poignée de morceaux assez génériques qui ne me marquent pas plus que ça (tous les refrains n’ont pas l’impact de ceux de The Hunter, Far Away ou I Am The Primal Fear). Treize pistes pour quasiment une heure de musique, c’était sans doute trop gourmand. Au rayon des originalités, on remarquera que A Tune I Won’t Forget, sorte de ballade crépusculaire pas si classique (dans sa structure... et dans son interprétation avec sa voix grave et fatiguée sur le couplet), offre une conclusion assez grave à cette nouvelle aventure. Pas sûr de complètement adhérer mais, au moins, ça sort du lot.
Au final, voilà un album solide bardé de riffs costauds, de solos habiles et vocalises de haut niveau. Un peu trop long, avec quelques pistes qui auraient pu faire d’honnêtes bonus à réserver pour des faces-b de singles ou une future compilation, il présente un groupe qui maîtrise encore bien son sujet, continue de peaufiner son côté mélodique et a même tenté une ou deux choses un peu différentes cette fois-ci. Pas un chef-d’œuvre mais certainement pas le moins bon opus de Primal Fear, Domination ne révolutionne pas le genre mais s’avère globalement efficace et puissant. Pas tout à fait au niveau des meilleures réalisations du combo germanique, il me semble en tout cas légèrement supérieur à quelques essais (plus ou moins) récents comme Code Red ou Apocalypse. Si vous aimez Primal Fear, voilà un bon cru, assez "tubesque", qui devrait vous satisfaire.
Tracklist de Domination :
01. The Hunter 02. Destroyer 03. Far Away 04. I Am The Primal Fear 05. Tears Of Fire 06. Heroes And Gods 07. Hallucinations 08. Eden 09. Scream 10. The Dead Don’t Die 11. Crossfire 12. March Boy March 13. A Tune I Won’t Forget