Primal Fear : épisode quatorze ! Oui, quatorze... avec une carrière dédiée au gros heavy metal traditionnel commencée (discographiquement) il y a vingt-cinq ans. Pourquoi ces chiffres d’entrée de jeu ? Pour bien planter le décor et mettre en avant, qu’à ce stade de l’aventure primalfearienne, on sait où l’on met les pieds et à quoi s’attendre. Même si à de rares occasions, le groupe teuton a pu offrir quelques petites surprises à ses auditeurs, on n’en est plus là aujourd’hui et les singles entendus avant la sortie de ce Code Red confirment bien que ces messieurs ne traversent pas une phase de remise en question ou d’expérimentation.
Va-t-on railler cette fière équipe germanique ? On pourrait. Mais l’on peut aussi se dire que si Primal Fear est toujours là aujourd’hui, signé sur un label plus que correct, avec des tournées régulières à travers le monde, c’est qu’il doit tout de même bien maîtriser sa recette. Alors oui, c’est pas le festoche de la surprise. Si vous les aimez, vous savez pourquoi vous êtes venus et avec quoi vous repartirez. Si la proposition ne vous parle pas et que vous vous êtes déjà détournés de ce groupe depuis un moment, il n’y a pas spécialement de raison de revenir sur vos pas. Pour ma part, je me suis souvent dit que j’allais arrêter. Je l’ai fait - brièvement - à quelques occasions et pourtant, aujourd’hui encore, je suis là. A chaque fois que je me dis que "Primal Fear, ça va un moment, j’en ai fait le tour, j’en ai assez chroniqué, je passe à autre chose...", j’écoute quelques extraits et je finis par y revenir. Il y a toujours un truc qui me ramène vers eux, je n’arrive pas à leur tourner définitivement le dos. La question du jour : Code Red fait-il partie des bonnes productions de cette formation ou va-t-il intégrer la liste de ses disques plus dispensables ?
Ca commence plutôt bien avec Another Hero. Du heavy power solide servi par une belle production moderne qui claque, avec un accent mis sur la mélodie qui accroche au moment du refrain. Si Primal Fear a déjà ouvert certains de ses disques de façon plus enlevée et fracassante, ce morceau me semble tout de même pas mal du tout. Pas trop Judas sur les bords (on sait l’amour des Allemands pour les Anglais) ni spécialement désuet. Pas besoin d’avoir un Bac +12 en musicologie pour affirmer qu’avec un tel refrain, le choix de ce titre comme single s’imposait. Bring That Noise poursuit sur cette bonne lancée avec un petit riff bien sympa, de la double grosse caisse et un Ralf Scheepers bien en voix (comme toujours, me direz-vous). Je trouve le refrain un peu concon mais l’énergie et l’entrain emportent l’adhésion. Et puis, il y a Deep In The Night, un titre plus lourd, heavy metal jusqu’au bout des ongles, hyper classique mais sacrément efficace et entêtant. Je le trouve même assez imparable. Rien de bien neuf sous le soleil bien sûr mais, jusque-là, ça le fait.
En quatrième position, on trouve Cancel Culture, un titre speed, bien plus power mélodique dans l’esprit (la rythmique et son riff de guitares rappellent Stratovarius), avec une bonne touche épique sur le refrain, au niveau des arrangements notamment. Pas mon morceau préféré mais il aura ses fans et a le mérite de diversifier un peu le propos. La plupart des compos de cette première moitié d’album possède des refrains dont les mélodies restent bien en tête. Et c’est encore le cas sur Play A Song. Le morceau est sympa mais c’est vraiment au moment du refrain qu’il marque davantage l’esprit. On notera qu’il est taillé pour le live, avec son break proposant des "Hey ! Hey ! Hey!" faits pour être scandés par le public. Efficace. Par contre, je dirais que la seconde moitié de Code Red se révèle agréable mais moins remarquable. Si le mid-tempo épique de sept minutes Their Gods Have Failed tire son épingle du jeu (avec des mélodies mémorables), je n’en dirais pas autant de titres heavy très/trop conventionnels comme Steelmelter ou Raged By Pain (voire Fearless, bien qu’un peu plus impactant que ses copains). Aucun n’est mauvais mais, malgré plusieurs écoutes, quand j’essaie de me souvenir d’un riff ou d’une mélodie leur appartenant, pas grand-chose ne me vient en tête. Et, au rayon des ballades (sujet que Primal Fear maîtrise généralement assez bien), je dois dire que Forever me déçoit tant elle me semble un peu poussive. Son côté mélodramatico-symphonique me laisse sur le bord de la route. C’est ainsi. Par contre, s’il y a bien une chose qui ne déçoit pas, c’est Scheepers. Ses montées dans les aigus sont moins nombreuses qu’avant (ce qui ne me pose pas de souci) mais il demeure très fort voire brillant.
Code Red est un album qui se situe dans la bonne moyenne des disques proposés par Primal Fear. Ce n’est pas leur meilleur ni leur pire. Il a son lot de réussites, de titres bien troussés avec des mélodies qui font mouche, tout comme il possède sa petite quantité de pistes très classiques, pas plus inspirées que cela et donc relativement oubliables. Reste la force de frappe, le talent de Scheepers (qui pèse lourd dans la balance) le son énorme et une certaine efficacité globale qui font que l’on passe un moment agréable... mais pas bouleversant. Si je devais le comparer à son prédécesseur, je dirais que Metal Commando m’avait semblé un petit cran au-dessus.
Tracklist de Code Red :
01. Another Hero 02. Bring That Noise 03. Deep In The Night 04. Cancel Culture 05. Play A Song 06. The World Is On Fire 07. Their Gods Have Failed 08. Steelmelter 09. Raged By Pain 10. Forever 11. Fearless