Il aura fallu attendre treize ans, pour que l’inespéré se produise. Après la sortie en 2009 du dernier album The Incident, le maître et créateur de Porcupine Tree, annonçait mettre en hibernation le groupe afin de se consacrer à ses divers projets et surtout de se concentrer sur sa carrière solo. Au fil des années, Steven Wilson indiquait ne pas être certain de remettre en route le groupe dans le futur. Il précisera également que Porcupine Tree ne serait plus jamais son projet principal. Son fidèle public, avait bien compris le message, et faisait déjà le deuil de revoir un jour, cette formation de haut niveau. Regret d’autant plus fort, que le dernier témoignage de Porcupine Tree The Incident avait quelque peu dérouté et déçu. Les lignes mélodiques, l’inspiration, bref, la grandeur du groupe sur ce dernier effort n’était pas à la hauteur des autres albums. Depuis 2009 chacun des musiciens officia dans divers projets. Steven lui, fidèle à lui-même, multiplia les activités notamment sa carrière solo.
Et puis, l’improbable arriva soudainement en 2022 avec l’arrivée de Closure / Continuation. Ce dernier album de Porcupine Tree qui a surpris tout le monde, mais cerise sur le gâteau, s’est révélé d’excellente facture. En effet, bien que certains aient pointé le manque de créativité sur ce nouvel album, quel plaisir de voir le groupe revenir à ses fondamentaux. The Incident n’est pas un mauvais album, loin de là, mais Closure / Continuation est lui, dans la pure tradition du groupe, proposant une musique inspirée, mélodique, ce qui manquait quelque peu, à son prédécesseur.
Deuxième effet kiss cool, fin 2023, arrive un nouvel album live, enregistré le 7 novembre 2022 à Amsterdam. Ce concert est proposé en double CD, double CD + BLU-RAY, et en BLU-RAY + DVD. Hélas, la version double CD + BLU-RAY est d’un prix conséquent, je me suis donc contenté de sa version BLU-RAY/DVD. À ce sujet, je ne vois pas bien l’intérêt de proposer une telle version. En lieu et place, j’aurais préféré le BLU-RAY ou DVD, accompagné des 2 CD, avec un prix, disons plus démocratique. Bon, ne boudons pas notre plaisir pour autant, et parlons maintenant de l’objet de cette chronique.
Vous l’aurez compris, je m’appuie sur la version BLU-RAY pour rédiger ma chronique, j’évoquerais donc, également la réalisation et la captation du concert.
L’intégralité de Closure / Continuation est jouée ce soir-là. 4 titres de In Absentia, 2 titres de Lightbulb Sun, 4 de Fear Of A Bank Planet, 1 titre de Recordings, enfin 1 titre de Deadwing et The Incident soit un concert de pas loin de 2 heures et demie, nous sommes gâtés.
Cette nouvelle mouture de Porcupine Tree, comporte deux nouveaux musiciens. En effet, la basse est désormais tenue par Nate Navarro, qui n’est pas aussi vrombissante que celle de Colin Edwin, cependant le musicien assure sa tâche avec brio. Randy McStine, remplace l’habituel John Wesley en second guitariste et backing vocaux, et il est clairement à la hauteur de son prédécesseur. Steven quant à lui laisse toute sa place, à Randy qui effectue durant le spectacle, quelques solos.

Blackest Eyes démarre énergiquement le concert. A la fin du titre, Steven exprime sa joie d’être là et indique au public que le concert est enregistré. Dès le second morceau, trois titres du dernier album sont interprétés dans l’ordre. Sur Harridan, Gavin Harrison est ahurissant derrière ses fûts, sur Of The New Day le ton s’adoucit. Le jeu de Nate Navarro, sur Rats Return démontre que le musicien est largement au niveau. Even Less vous donne le frisson, vraiment un très grand titre du groupe. Un peu plus tard, l’énergique The Sound Of Musak est reprise en chœur par le public. Les premières minutes hypnotiques, pour ensuite durcir le ton de Chimera’s Wreck, sont un des points forts de la soirée. Autre point fort, l’intro pinkfloydien, du très métal Fear Of A Blank Planet, avec des images qui défilent en fond de scène, enthousiasme le public. Randy McStine assure les chœurs de fort belle manière sur le calme Buying New Soul, et assure un solo magnifique bien que court.
Arrive le seul titre joué ce soir, que je trouve en dessous du reste, en effet, Walk The Plank, casse le rythme, il est vrai également, que je le considère d’ailleurs, comme étant le titre le plus faible de Closure /Continuation. Le plus long titre joué lors de ce concert, Anesthetize, avec ces 17 minutes, est un autre grand moment du concert, avec un final de toute beauté. Manque à l’appel, le magistral et incontournable Arriving Somewhere But Not Here, j’en ignore la raison. Trop attendue ? Est-il joué d’autres soirs ?
Durant le concert, tous les titres du dernier album seront joués ce soir-là, mais la discographie du groupe est bien représentée. Certains plans montrent clairement la joie du public d’être là, le jeu de lumière est sobre, tandis que des vidéos défilent en fond de scène. Comme à son habitude, Steven est pied nu. Autre chose à laquelle nous sommes habitués, le groupe reste assez statique sur scène, chaque musicien, étant concentré sur sa partition. Concernant l’ensemble de l’interprétation, certains aiment entendre sur scène, les titres identiques, aux versions studio. Pour ma part, l’intérêt d’un concert est d’entendre une interprétation quelque peu différente. J’ai donc un petit regret d’entendre le groupe jouer les titres identiques aux versions studio. Un peu plus de liberté aurait été sympa. Cependant, il est vrai que les compositions originales sont tellement travaillées et inspirées qu’elles se suffisent à elles-mêmes et apporter un souffle nouveau pourrait peut-être, ruiner tout le travail fait en amont. Cette petite critique justifie selon moi la version vidéo, à son pendant uniquement audio, qui du coup, risque de ne pas apporter grand-chose.

Par ailleurs, Richard Barbieri, bien que n’étant jamais très expressif sur scène, sur celui-ci, il est particulièrement en retrait et discret. Je trouve cela d’autant plus dommage, que lui pourrait absolument apporter un souffle de nouveauté et d’improvisations, le talent ne lui manquant pas pour cela. Pour le reste, tous les musiciens sont impressionnants de maîtrise. Mention spéciale à deux d’entre eux, Gavin Harrisson, ahurissant de précision, est absolument impérial. Randy McStine quant à lui, relève le défi de remplacer John Wesley avec brio, il est d’une justesse dans son jeu et chant, digne de son prédécesseur, chapeau bas.
Ce concert, sera-t-il le chant du cygne de Porcupine Tree ? Nul ne le sait, probablement que Steven Wilson, l’ignore lui aussi. Raison supplémentaire pour posséder ce concert, que je vous recommande dans sa version vidéo. Qui plus est, et cela n’est pas une surprise avec Wilson, la réalisation et la prise de son, sont absolument de haut niveau.

Vocals, Guitar, Keyboards – Steven Wilson
Guitar, Backing Vocals – Randy McStine
Bass – Nate Navarro
Drums – Gavin Harrison
Keyboards – Richard Barbieri

Tracklist de Closure / Continuation.Live. Amsterdam 07/11/22