Les joyeux drilles de Paradise Lost continuent leur très beau bout de chemin musical et comme tant d’autres, les anglais ont fini par se résoudre à passer par la case livestream. Eux aussi n’ont de fait pas pu tourner pour promouvoir leur dernier né Obsidian, disque qui a autant plu à leurs fans qu’à une grande partie de la presse. C’est que depuis que Nick Holmes, chanteur émérite, et Greg Mackintosh, les deux boss du Paradis Perdu ont trouvé leur équilibre entre leur groupe principal et leurs projets parallèles (Vallenfyre et Bloodbath pour ne pas les citer), Paradise Lost se porte vraiment bien. Revenus des expérimentations (loin d’être inintéressantes) des années 2000, les deux anglais semblent avoir trouvé de quoi s’exprimer et avoir ainsi remis Paradise Lost dans une réelle continuité plus évidente à suivre. Et comme le niveau de qualité ne faiblit pas, loin de là, le groupe a retrouvé une place de choix dans la scène musicale actuelle.

Point de tournée donc mais ce live, pensé comme un moment intimiste avec un groupe au plus près dans sa salle de répétition. Pas un mot de Nick Holmes ce qui au vu de l’humour haut de gamme et pince-sans-rire du garçon est en soi à regretter. Comment oublier ce "Alors heureux ?" après la terrifiante Beneath Broken Earth ? Titre qu’on retrouve ici avec un plaisir glacial où le doom des anglais se fait magistral. La setlist est très variée brassant toutes les périodes des iconiques premiers disques au petit dernier auréolé de trois morceaux. On retrouve même So Much Is Lost, perle ressortie des cartons de Host, album tant décrié en son temps qui mériterait une réhabilitation. L’excellente One Second fonctionne encore et toujours et à mon sens, des The Last Time, Hallowed Land manquent tout de même à l’appel sur le référentiel Draconian Times (un des très grands disques des années 90) mais avec une telle discographie, il fallait bien faire des choix. Enregistré dans un club (le … At The Mill) tout proche de leur lieu de résidence dans le Yorkshire, je dois pour ma part reconnaître être un peu déçu par le son, loin d’être irréprochable. On aurait pu espérer mieux.

Pas génialement sonorisé à mon goût donc, ce live, comme tant d’autres depuis une grosse année ne présente de fait qu’un intérêt très relatif et cette sortie n’a en soi que de valeur pour les die-hard fans. Tout cela tient très bien la route, Paradise Lost est une pointure en totale maîtrise mais il serait abusif de survendre cette sortie. Au final, cela ne sert qu’à rappeler l’évidence : Paradise Lost est un grand groupe dont on attendra le retour scénique. Si les Anglais, malgré de louables efforts, retrouvent de la prestance en football, cela reste en musique que ce peuple tant aimé / tant détesté par chez nous (pas que d’ailleurs !) illumine le plus le reste de la planète. Et Paradise Lost participe activement de cette dynamique.

Tracklist de At The Mill :

01. Widow
02. Fall From Grace
03. Blood And Chaos
04. Faith Divides Us - Death Unites Us
05. Gothic
06. Shadowkings
07. One Second
08. Ghosts
09. The Enemy
10. As I Die
11. Requiem
12. No Hope In Sight
13. Embers Fire
14. Beneath Broken Earth
15. So Much Is Lost
16. Darker Thoughts