Je peux bien l’avouer à mon estimé lecteur, il m’arrive de "sous-traiter" (off-shoré comme me disait mes anciens boss dans ma vie d’avant, concept qui ne me plaisait pas) des chroniques à un excellent ami à moi. Ce dernier fan de death depuis l’adolescence et une bascule grunge - death a posteriori improbable (vive les années 90 c’est qu’il a dû falloir se mouiller la nuque !) maîtrise bien ce style, son historique, ses pionniers comme ses nouveaux talents. Bref un fin connaisseur du style. 

Récemment, après l’avoir sollicité sur le premier album des danois de Nekkbreakker très apprécié, je l’avais ensuite "branché" sur Paleface Swiss groupe... suisse qui sera très présent sur nos terres au cours de cette encore toute jeune année 2025. Tournée en tête d’affiche en Février (avec un package qui donne envie), à l’affiche de déjà deux gros fest (Motocultor, Festival 666 cher au cœur d’un autre amoureux de ce style en la personne de Jean-Mich’Hell) : Paleface Swiss sera à surveiller cette année. Et le premier retour que me fit le pote à l’écoute de leur album précédent Fear and Dagger fut le suivant "mec, depuis Nile je n’avais pas pris une telle baffe". Le chanteur fait juste peur on dirait un psychopathe ; j’ai pris cher" suivi d’un "ah tu vas les voir en Février, mec tu n’es pas prêt !". Voilà je pense une bonne façon de présenter ce groupe qui propose un nu-deathcore hyper agressif, très intense.

C’est que dans notre époque du "toujours plus", le quatuor nous venant de Zurich se pose là. Constitué en 2017 avec Tommy Lee à la basse (décidément un patronyme qui mène au gros rock), Yannick Lehmann à la guitare, Marc "Zelli" Zellweger au chant (aucun lien de parenté avec Renée, l’actrice pas la taupe j’ai vérifié). Il convient de citer le petit dernier Cassiano "Cassi" Toma présent depuis 2023 et remplaçant Colin "CJ" Hammond qui avait œuvré sur les deux premiers disques du groupe. C’est qu’il convient de rappeler les deux EP parus assez vite après la mise en orbite de ce groupe. 

Que dire de ce nouveau disque Cursed qui est une pure réussite il n’y a pas d’autre mot. Le deathcore surpuissant, très sombre des débuts, celui qui plaisait aux fans de death et de gros core, laisse désormais la place à une musique plus structurée, plus «édulcorée » oserai-je dire. C’est en tout état de cause plus abordable. De fait, les commentaires sur l’aspect « psychopathe » du chanteur n’ont plus lieu d’être. A titre d’exemple, le titre Youth Decay propose un solo shred et une partie mélodique. Impensable sur les premiers efforts du groupe autrement plus musclés pour ne pas dire bas du front. On pense parfois à Wind Of Plague autre formation dans la continuité naturelle d’un Slipknot, groupe auquel j’ai pensé parfois, la voix notamment (Love Burns excellente). Il y a du Corey Taylor chez Marc "Zelli" Zellweger. Mais ce qui se remarque surtout sur ce nouvel album, c’est cette claire évolution vers un deathcore plus accessible, plus ouvert. On trouve même ici une « ballade » (River Of Sorrows, très belle). Le résultat est épatant car le groupe a encore passé un cap en termes de qualités et si je me retiens de parler d’album de la maturité, ce n’est pas l’envie qui manque.

Un très bon disque que voici, résolument moderne, aussi intense qu’inspiré, d’un groupe qui a su faire évoluer intelligemment sa formule pour proposer quelque chose d’encore supérieur et de plus abouti. Paleface Swiss risque de fait de « perdre » une partie de son auditoire des débuts (qui ne manquera pas de se plaindre de ne plus retrouver « son » groupe) et de voir de nouveaux fans arriver avec un phénomène de vases communicants bien connu. Tel est le lot habituel de ces disques qui marquent une nette transition dans la trajectoire d’un groupe. Reste que cette évolution me convient très bien, que le pote l’a également validée en étant même franchement enthousiasmé par cette nouvelle offre. Paleface Swiss n’œuvre donc plus vraiment dans un nu-deathcore beatdown mais plutôt dans un gros metalcore burné. Assurément une des premières baffes de l’année 2025 d’un groupe qui ainsi outillé devrait faire des ravages en live.