Artiste/Groupe:

Obituary

CD:

Slowly We Rot

Date de sortie:

1989

Label:

Style:

Death Metal

Chroniqueur:

Orion

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Milieu des années 80, du côté de la Floride, les deux frangins Tardy, Donald (batterie) et John (voix), Allen West (guitare), Trevor Peres (guitare) et Jerome Grable (basse), élevés au bon grain (Celtic Frost et le premier album de Possessed) fondent leur propre groupe, histoire de pousser le bouchon de l’extrême encore un peu plus loin. Tout d'abord baptisé Executioner, le groupe vire le E du début (à cause d’un groupe homonyme de l’autre côté des States) et devient donc Xecutioner. Sous cette forme, ils enregistrent plusieurs démos.
En 1987, alors que Death sort son premier album, le groupe se voit proposer ses débuts discographiques avec deux de ses titres sur la compilation Raging Death, compilation qu'ils partagent avec d'autres groupes prometteurs du coin : Sadus et R.A.V.A.G.E. (futur Atheist). Ces titres, Like The Dead et Find the Arise, on peut les retrouver en bonus sur la réédition de Slowly We Rot. Find The Arise étant également reprise sur le second album du groupe, Cause Of Death dans une version un peu différente.
Après la sortie de cette compilation, Grable est remplacé par Daniel Tucker à la basse.

Les titres de la compilation sont tombés dans l’oreille d’un certain Monte Conner, le futur boss de Roadrunner Records qui propose à Xecutioner d’enregistrer son premier album. Mais il leur faut d’abord changer de patronyme. Ce qui est fait et Xecutioner devient donc Obituary ("nécrologie", histoire de bien coller à la thématique d'ensemble). Ce changement de nom est quelque part une prise de risque car Xecutioner jouissait d’une certaine notoriété dans l’underground à ce moment-là.

Nous sommes en 1989, le premier album du groupe est sur le point d’être enregistré. Nos cinq jeunes gens (Donald, le plus jeune, n’a que dix-neuf ans) arrivent en studio armés de huit titres, mais le label trouve que l’album risque d’être un peu court et demande au groupe de composer quelques titres de plus. Bloodsoaked, Suffocation, Deadly Intentions et Intoxicated, écrits en quatrième vitesse, sont donc ajoutés à l’album au dernier moment. Et on se dit que le label a eu raison d’insister car même avec ces quatre titres en plus, l’album ne dure que trente-cinq minutes.
L'enregistrement est vite expédié lui aussi et confère à l'album un son garage de la mort. C'est pourtant le pas encore célèbre Scott Burns qui s'est chargé de l'enregistrement, sur un huit pistes. Eh oui, il faut bien commencer un jour... En tout cas, ce qu'on entend là est pour le moins cru.

Ce qui frappe d'entrée, c'est ce chant (peut-on appeler ça un chant ?) de John Tardy. Parce que, écoutez un peu son premier beuglement (sur le début de Internal Bleeding). Ca ne vous fait pas froid dans le dos, ça ? Ca sent le truc pas sain, et là on repense au cadavre en décomposition de la pochette. Mortel ! L’effet est renforcé par le fait que la voix est mixée bien en avant. Son chant est en grande partie responsable du succès du groupe car c’était du jamais entendu à l’époque. En plus, il ne chante pas vraiment puisqu’il n’y a pas vraiment de textes. John hurle, vocifère, éructe des sons qui se rapprochent parfois de mots et qui forment parfois des phrases (‘Til Death, Stinkupuss). De là à dire qu’il chante de vrais textes, il y a un pas qu’il est difficile de franchir. A ce propos, on note une pointe d’humour de la part du groupe sur Words Of Evil puisque le titre est quasiment un instrumental si l’on enlève le "Words Of Evil" beuglé par John d’entrée et un autre hurlement un peu plus loin.
Obituary sur cet album envoie de sacrées cartouches. Il n’est pas encore le groupe de Death qui propose des tempos ralentis et écrasants comme ce sera le cas dès l’album suivant. Là, ça speede drôlement : Internal Bleeding, Godly Beings (là encore, la voix de John semble venir d’outre-tombe), Gates To Hell, Words Of Evil, même si l’on trouve déjà quelques ruptures brutales avec des parties bien lourdes (Godly Beings, Slowly We Rot). Les morceaux sont vite torchés (on dépasse rarement les trois minutes et seul Intoxicated dépasse les quatre minutes). Donald déploie des tapis de double aux moments opportuns tandis que les solos d’Allen West semblent eux aussi venir du plus profond de la Terre (‘Til Death). Sans compter les mélodies et sonorités inquiétantes (l’intro de Slowly We Rot).
Avec Obituary, on avait trouvé une musique qui fout les boules.

L'accueil de l'album fut excellent dans le petit monde de l'extrême, alors à la recherche de sensations toujours plus forte. Obituary repoussait encore les limites du soutenable par sa musique et son imagerie (la photo des membres du groupe tous pendus au dos de l’album, ça a eu son petit effet).
En terme d’influence, cet album d'Obituary (avec celui de Morbid Angel paru cette même année) marque la rupture entre le Thrash/Death des débuts et le Death Metal à proprement parler.
Avec Death et Morbid Angel, Obituary s’impose comme le leader d’un nouveau genre.

 

Tracklist de Slowly We Rot :

01. Internal Bleeding
02. Godly Beings
03. 'Til Death
04. Slowly We Rot
05. Immortal Visions
06. Gates To Hell
07. Words Of Evil
08. Suffocation
09. Intoxicated
10. Deadly Intentions
11. Bloodsoaked
12. Stinkupuss

13. Find The Arise
(bonus demo version)
14. Like The Dead (bonus demo version)