My Chemical Romance ou l’écoute coupable issu d’une scène décriée. C’est que l’émo-rock / gothique faut adhérer. Bon c’est bien revenu à la mode (Motionless In White) ce qui en soi ne me semble pas une excellente nouvelle sur l’état moral du monde. Je n’y peux rien la musique comme l’Art en dit souvent long sur son époque et a posteriori on est souvent bluffé de constater à quel point nos artistes hument leur époque. Et le gothique ce n’est pas joyeux joyeux (c’est même l’idée d’ailleurs !). A ce « jeu-là », la scène émo-pop-punk du début du XXIème siècle n’est pas glam. Le groupe My Chemical Romance s’est d’ailleurs formé en 2001 s’inspirant dès leurs premières compos du drame du 11 Septembre. Venant du New Jersey, on imagine sans peine la violence du choc ressenti et le besoin d’expier et d’exprimer la brutalité ainsi vécue. 

Un premier album vit rapidement le jour, au titre joliment évocateur I Brought You My Bullets, You Brought Me Your Love avant ce Three Cheers for Sweet Revenge qui fit belle sensation en son temps. Dès le premier disque en effet, le groupe se démarquait grâce à son image et ses performances théâtrales et dramatiques. Mais c’est vraiment ce Three Cheers… qui permit au groupe d’accéder à une immense notoriété, bien aidé en cela par une scène pop-punk ultra vivante (Sum 41, Blink 182 et toute une horde de suiveurs qui ont marqué leur temps). Avec une réelle volonté de déployer une histoire le long de ce disque, le groupe part sur une narration entre deux amoureux séparés par… la mort. Le décor est planté, l’inspiration Burtonnienne n’est pas bien loin et l’atmosphère est gentiment gothique. Oui ce n’est pas non plus le Paradise Lost des débuts ici, qu’on se le dise. La cohérence de la narration est donc appréciable, reflet du style d’un Gerard Way qui allait aller encore plus loin sur le disque suivant (The Black Parade) jusqu’à y modifier son look dans une logique absolutiste. Le chanteur alla même jusqu’à créer sa propre BD (Umbrella Academy qui paraîtra en 2007), œuvre récompensée (Prix Eisner suivi d’une adaptation sur la plateforme Netflix). 

Surtout, ce Three Cheers… enchaîne les pépites de l’ouverture Helena (dynamique au possible, hyper fun) jusqu’aux excellentes To The End, I’am Not Okay (I Promise) ou encore You Know What They Do to Guys Like Us in Prison toutes plus entrainantes les unes que les autres et dégainé à un rythme effréné. Le chant impressionne, hyper expressif entre agressivité et moments de douceur. Mais l’énergie très pop-punk des guitares est à saluer. Surtout ça s’enchaine sans faiblir, c’est vraiment un disque fun. L’atmosphère gothique évoquée n’est pas lugubre et on retrouve une approche Tim Burton, c’est sans danger, plutôt propret voir cinétique. Evidemment nous ne sommes pas ici dans un registre metal, plutôt rock énergique. En somme une belle écoute estivale qui apporte une certaine fraîcheur. 

Le groupe a assuré quelques dates événementielles outre-Atlantique où le groupe bénéficie désormais d’un statut culte (avoir arrêté tôt sa carrière a sûrement joué en ce sens) et vient de proposer une réédition avec live d’époque à l’appui et remix qui va bien. The Back Parade sera d’ailleurs célébré courant 2025 mais My Chemical Romance reste un pur produit US, formaté, gentiment dark et donc cela n’a pas trop pris en Europe. Je ne serais cependant pas surpris qu’un Hellfest ne s’essaie à les avoir tant ce groupe semble idéal dans la ligne suivie depuis quelques années (honnêtement ça aurait de la gueule). Un très bon disque que ce Three Cheers, accessible, facile d’écoute, qualitatif et symbole d’une pop-punk certes d’un autre temps mais bien faite, respectueuse de ses auditeurs (plutôt jeune il est vrai). Un sacré bon disque qui renvoie à des souvenirs nostalgiques mais qui trouve un public jeune (merci Chloé pour l’aide précieuse pour cette chro) preuve du caractère intemporel de My Chemical Romance, étoile filante marquante et à mon avis sous-estimé.