Artiste/Groupe:

Meshuggah

CD:

Immutable

Date de sortie:

Avril 2022

Label:

Atomic Fire

Style:

Djent

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

17.5/20

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Je n’avais pas réellement prévu d’écouter Immutable, un peu refroidi par son prédécesseur qui me semblait voir le groupe tourner en rond, par cette pochette dramatique et même par le premier extrait dévoilé par le label quelques semaines avant la sortie (quand vais-je enfin comprendre que ces “singles” ne sont pas adaptés à une scène musicale qui est encore bâtie sur l’album, cet ensemble cohérent, pensé et construit pour être écouté en partant du point A jusqu’au point Z, c’est ainsi qu’il prend son sens, montre son caractère et délivre les multiples saveurs qu’il renferme ? Les extraits sont la plaie du metal !). Je ne sais donc pas vraiment pourquoi j’ai sauté sur le promo quand il est arrivé à la rédaction, c’est comme ça avec les groupes qu’on aime, on a envie de les aimer encore, comme aux premiers jours, alors on se laisse tenter. Et j’ai souri, dès les premières mesure écrasantes de Broken Cog, parce que le son est chaud, c’est (ultra) lourd, velu, souple, c’est Meshuggah évidemment mais moins rigide et plus vivant, ça me parle de suite et quand la magie mélodique de maître Thordendal s’en mêle, que ça devient beau, je sais que c’est gagné et que nous sommes réconciliés. Je regarde la pochette, elle n’est plus laide, je comprends ce qu’elle est, ce qu’elle exprime, ce qu’elle va me faire ressentir durant l’heure qui arrive. Les guitares ont un grain superbe, la basse imposante râcle tout en bas, le son est opulent, presque confortable.

Les riffs sont plus facilement identifiables, plus mémorisables et l’on retrouve plus rapidement qu’à l’accoutumée son chemin dans ce dédale rythmique qui semble n’avoir de sens que pour Thomas Haake, batteur alien qui demeure définitivement seul concurrent dans une catégorie qu’il a lui-même créée, ce musicien hors normes évolue simplement…ailleurs. Il parle, quand il évoque Immutable, de pulsation et c’est en effet ce qui anime le disque, le rend moins abstrait pour l’auditeur qui tente de battre la mesure. Meshuggah n’est pas devenu accessible pour autant, il demeure ce cauchemar bruitiste, faiseur de migraines, mais ce nouvel album est étrangement plus digeste. Alors que je me perds encore dans The Violent Sleep Of Reason, Immutable m’est déjà familier, j’y ai des repères après une petite dizaine d’écoutes. J’attends ainsi au tournant le riff mécanique et répétitif de The Abysmal Eye, ce final en salves de l’impressionnant Phantoms, la structure hallucinante de Kaleidoscope, l’intensité punitive de Armies Of The Preposterous et je me languis de l’étrange, presque Portal-esque Black Cathedral et de la lourdeur indécente de Ligature Marks, son pattern de plomb sur lequel vient danser avec insolence une de ces mélodies innocentes dont Thordendal a le secret.

Immutable regorge de ces moments mémorables qui servent de balises salvatrices dans l’épais brouillard de huit (neuf ?) cordes que tisse une fois de plus Meshuggah. La structure de l’album elle-même permet une digestion plus aisée. L’idée, saugrenue pour certains, de placer ce long instrumental They Move Below au beau milieu de la galette offre à mon sens une respiration bienvenue qui permet de s’enfiler les soixante-six minutes de l’album sans problème. J’apprécie aussi le fait que tous les morceaux proposent leur propre dynamique, leur propre approche et soient, de fait, facilement identifiables. Autant d’éléments qui rendent cet imposant bloc de metal domptable dès les premières écoutes.

 

 

Meshuggah signe avec Immutable l’une de ses meilleures réalisations. Bien plus excitant que sa précédente offrande ce petit nouveau ne dépayse pas la fan (que je suis depuis 1998) mais lui fait une proposition plus immersive, chargée d’une ambiance prenante qui fait toute la différence. Elle se distille somptueusement sur tous les morceaux, les leads et “nappes” guitaristiques sublimes rendent moins abrupte cet anti groove pachydermique et ô combien subtile dont les Suédois ont depuis longtemps breveté la recette, tellement imitée, jamais approchée. Alors que The Violent Sleep Of Reason me semble, aujourd’hui encore un peu stérile dans son intention tout comme dans son exécution et dans sa forme, Immutable m’a déjà ouvert grands ses portes et a su me séduire, alors que nous n’en sommes qu’au tout début de notre histoire, bien plus que son prédécesseur ne le fera jamais. Voilà qui s’appelle raviver la flamme !

Tracklist de Immutable :

01. Broken Cog
02. The Abysmal Eye
03. Light The Shortening Fuse
04. Phantoms
05. Ligature Marks
06. God He Sees In Mirrors
07. They Move Below
08. Kaleidoscope
09. Black Cathedral
10. I Am That Thirst
11. The Faultless
12. Armies Of The Preposterous
13. Past Tense

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