En mai dernier, alors que je proposais la chronique de la première partie de Tenace, nouvel effort de Mass Hysteria, je fis l’objet de quelques remarques de mes estimés camarades sur ma modeste missive. On pointait du doigt la stratégie commerciale de cette sortie en deux parties. Pour ma part, je la trouvais maline permettant de maintenir une attention médiatique autour du groupe sur un espace-temps plus long. Ce qui m’avait échappé, c’est que chaque partie de sept titres serait facturée au prix d’un album classique ce qui de fait revient à vendre un EP à un tarif d’album. Et là, oui, la pratique est critiquable. On est loin de la générosité d’un Guns N’ Roses et ses Illusion remplis jusqu’à la gueule mais l’industrie du disque a tant évolué et l’effondrement des ventes qui n’est pas récent ont conduit à de nouvelles pratiques. Et fait aggravant, mais critique pas nouvelle pour les Mass, c’est que le groupe a toujours tenu des discours qu’on qualifiera de manière politiquement correcte de "gauchisants", ce qui en soi les regarde bien, mais tant dénoncer les dérives du capitalisme pour en épouser les modes de fonctionnement et en bénéficier renvoie à une contra(d)diction là encore pas nouvelle mais contestable et en exaspérant plus d’un. 

Autre grief relevé, l’absence de nouveauté dans la musique proposée. Là encore, ce point s’entend mais je le nuance bien volontiers car pour ma part, je l’aime bien leur formule musicale. Bien sûr, depuis Matière Noire, succès critique et public, Mass Hysteria déroule un style désormais balisé, plus sombre et cette seconde partie n’y déroge pas. Gros riffs de guitare écrasants, apports électro juste ce qu’il faut pour apporter un plus à la musique mais sans prendre l’ascendant sur des guitares dominantes, rythmiques solides, chant typique d’un Mouss à la voix toujours aussi caractéristique. Les fans s’y retrouveront avec ces sept pistes de bonne qualité, et le tout est toujours aussi bien mis en son par un Fred Duquesne dont on ne saluera jamais assez l’apport à Mass Hysteria qu’il a juste remis en ordre de marche, et plus généralement la qualité de ses productions. Les thématiques, que certains persistent à trouver "immatures", sont dans la continuité avec dénonciation de l’impérialisme US (Washington Décès et ses très chouettes couplets presque rock sur le chant), soutien aux lanceurs d’alerte (Un Assange Passe), le détournement très 1er degré du slogan électoral En Marche détourné sur fond de chœurs martiaux avec un air de Rammstein plutôt réussi musicalement sur Ex Voto (et qui pour le coup m’a fait sourire ne l’ayant pas vu venir même si sur le fond on repassera sur le caractère excessif de la comparaison). Là encore, je trouve à Mouss un sens de la formule toujours aussi percutant, il aurait fait un bon communicant. J’ai bien aimé le "Si dans la fosse on tourne en rond, c’est pour écraser les démons", ok attendue et pas forcément subtile mais percutante et accrocheuse à l’oreille. Quand en live, les réflexions politiques d’un Mouss m’exaspèrent parfois (pour ne pas dire souvent), sur album, je trouve qu’il gagne un peu en subtilité quand bien même je n’adhère pas sur le fond. 

Parfait symbole d’une époque contradictoire, Mass Hysteria continuera d’exaspérer celles et ceux qui n’adhèrent pas à leurs thématiques caricaturales mais, avec un sens des mots qui parfois fait mouche, continueront de pester. Désormais devenu un incontournable du metal hexagonal, bien managé (selon un modèle 100% capitaliste de développement commercial) Mass Hysteria tient une formule complète et aboutie entre fond et forme le rendant immédiatement reconnaissable. Reste cette contra(d)diction de fond entre un discours et une réalité mais qui n’est pas franchement nouveau dans notre belle contrée. Pour finir sur une note plus musicale dont je n’ai clairement pas assez parlé ici, ces quelques sept pistes sont de bonne facture et cela reste finalement le plus important. 

Tracklist de Tenace - Part 2 :