Si vous cherchez la traduction de Knuckle Head, vous trouverez des variations peu avantageuses autour du thème de la tête de nœud. Pourtant le duo de musiciens originaire d’Alsace, l’a choisi car c’est aussi le surnom d’un célèbre moteur de Harley Davidson, utilisé entre 1936 et 1947. Les deux bikers se nomment Jack Crowes et Jock Alva (des noms bien alsaciens !), ils se sont rencontrés en 2015 et de cet entente est né Knuckle Head avec Jack à la guitare et au chant et Jock à la batterie. L’album est auto-produit, les deux lascars préférant garder leur totale autonomie, mais ils ont travaillé avec Rémi Gettliffe à White Bat Recorders, le spécialiste de l’enregistrement analogique dans l’Est de la France. Ce album est le troisième opus du groupe après First Ride, un EP sorti en 2016 et II sorti en 2019. Si les groupe est issu de la culture biker, cette troisième réalisation n’est pas QUE pour les bikers. Clairement les amateurs de stoner, de hard rock et de bon gros rock bien burné devraient s’y retrouver, avec ou sans Harley Davidson. Tout est super soigné dans le digipak: ambiance western, noir et blanc, livret/poster 30x30, difficile de croire même à la découverte de l’objet, que le groupe est Français. Clairement tout ça me semble bien taillé pour l’international et je ne donne pas longtemps au duo, pour décoller "big time" à l’étranger.
Côté musique, on est gâté. Neuf titres bien homogènes, des compositions ultra soignées, bons riffs, bonne voix, refrains bien travaillés, textes en Anglais, excellente production. Le son de guitare de Jack est monumental, il joue, pousse le son au travers de trois amplis qui lui permettent d’obtenir des bonnes basses, des riffs et de beaux arpèges clairs. C’est le cas déjà dans le premier morceau Brand New Life et son intro western. On accroche immédiatement au chant, au petits solos sympa à la Billy Gibbons. Sur le suivant, Burn, la voix avec pas mal de reverb fait penser à Dave Gahan (ils reprennent d’ailleurs Personal Jesus dans certains de leurs concerts), assez basse, puissante, bien clair. Le refrain est très accrocheur, j’adore les petits contre-chants de guitare, entre les couplets. Vous avez l’air sages, je vous mets le clip:
Sur le troisième morceau Existential Anger, on trouve un featuring surprenant. En effet Albert Bouchard, batteur et membre fondateur de Blue Öyster Cult vient poser sa voix sur une composition très réussie, plus pop, au refrain gentil et accrocheur. Holsters And Rituals, qui suit et donne son nom à l’album, est un instrumental génialissime de 2mn, qui sert d’intro à Living Deep / Into The Night mais qui peut être considéré comme une sorte de petit teaser de l’album. Le clip qui l’accompagne est tout aussi bien foutu:
Living Deep / Into The Night, est un morceau vraiment bien foutu, articulé autour d’un riff à la guitare doublée acoustique/saturée, ça sonne un peu comme un dobro, ça semble sortir tout droit des bayoux de la Nouvelle Orléans. Le morceau morphe un peu, à mi-course, pour tourner plus fuzz, plus psychédélique, plus gothique aussi, avec un orgue de cathédrale, des chœurs, l’ambiance se fait plus pesante. J’adore la reprise de Jock à la batterie après le break psychédélique, clairement les deux musiciens sont en totale osmose. L’intro de The Necromancer a un petit côté Dutronc, c’est amusant. Le morceau est lourdement riffé, bien accompagné par Jock qui appuie le couplet à coup de tambourin. Le break est intéressant, Jack y utilise un son de gratte assez sympa et original. The Right Way nous emmène faire un petit tour à Jacksonville, Florida avec un morceau assez typé Lynyrd Skynyrd. C’est bien chanté, avec pas mal de chœurs, le break nous prend à contre-pied, on jubile.
Pour moi ce Ritual, avant dernier morceau de l’album, en est la pépite. La rythmique est excellente, ça groove à donf. Le chant, avec pas mal de reverb, souvent doublé, est aussi très bon. Difficile de ne pas succombé à l’envie de bouger tête et pied en rythme. Surtout on a une envie irrésistible de hurler à tue-tête les hohohoho-hoho du break et du final. Jack tâte un peu de la slide sur le final.
On termine l’album en beauté avec The Sword, avec encore dans l’intro, un gimmick de guitare génial, assez sautillant qui contraste avec une lourdeur incroyable, quasi doom/psyché du reste du morceau. C’est une orgie de fuzz et d’accordage très bas pour cette conclusion instrumentale.
Au final une belle découverte et un groupe promis à une belle carrière, certainement bien au-delà de ses terres alsaciennes. L’album a un coté vintage, roots, que j’adore et qui donne envie d’aller voir le groupe sur scène pour voir comment la combinaison de ses deux allumés fonctionne. L’album a été enregistré en analogique, avec la guitare et la batterie, captées live ce qui permet d’avoir ce côté hyper naturel et quasi live. Leur dénomination Dark Country n’est pas forcément très clair pour moi, par contre ce qui est très clair c’est que ça sent la sueur et le Rock ’n’ Roll bien fait, bravo !
Tracklist de Holsters and Rituals :
01. Holsters And Rituals 02. The Right Way 03. Ritual 04. Brand New Life 05. Living Deep / Into The Night 06. Burn 07. The Necromancer 08. Existential Anger 09. The Sword