"Them" est sans doute l'album le plus emblématique de la carrière solo de King Diamond, même si, de l'avis de pas mal de fans, ce n'est pas son meilleur. Cela tient principalement à l'histoire que raconte ce disque et à son atmosphère bien glauque, parfaitement mise en musique par le King et sa bande. C’est aussi son plus gros succès.
Il faut dire que l'histoire est fort bien montée. King Diamond joue son propre rôle, il paraîtrait même que l'histoire racontée ici est en partie vraie ! Sur la pochette intérieure du vinyle, elle était d’ailleurs introduite par une lettre de sa main, pour bien nous mettre dans l’ambiance. Le jeune King vit donc avec sa mère et sa soeur Missy dans cette maison représentée sur la pochette, et accueille sa grand-mère qui vient de sortir de l'asile (Welcome Home). Une grand-mère bien spéciale qui cause à des invités invisibles (The Invisible Guests) et qui passe ses nuits à boire des tasses de thé avec "Eux" (Tea), des revenants sans doute, on ne sait pas trop qui ils sont. King découvre l’étrange manège et il est invité aux soirées, tombant sous l’influence de Amon, le maître esprit de la maison. A une de ces soirées, les esprits s’amusent avec la mère de King, inconsciente (Mother’s Getting Weaker). Missy s’inquiète alors de l’état de sa mère et demande de l’aide à son frère mais King, sous l’emprise d’Amon, coupe le fil du téléphone pour que les secours ne puissent pas être prévenus. Pour se venger, Missy casse la théière hantée (Bye Bye Missy), ce qui a le don de bien énerver Amon. Les esprits vont donc découper la pauvre Missy avec une hache qui traînait par là et brûler ses restes dans la cheminée (A Broken Spell). Mais la théière cassée libère l’emprise d’Amon sur King. Celui-ci retrouve ses esprits et décide de se débarrasser de la grand-mère en l’attirant dehors (The Accusation Chair). Il s’enfuit ensuite loin de la maison, le plus loin possible d’Eux (Them) et il est retrouvé le lendemain par la police. Il explique alors ce qui est arrivé et se fait interner par le Docteur Landau, personnage important du second volet de l’histoire (Twilight Symphony). Un dernier petit passage de la grand-mère, revenue d’entre les morts sur l’outro (Coming Home) et on ferme la cellule. Fin du premier chapitre de l'histoire, qui continue sur Conspiracy, l'album publié l’année suivante. Ne loupez pas sur le CD (car le morceau n'était pas présent sur l'édition vinyle, c’est un bonus), Phone Call, qui est le petit coup de fil que passe la grand-mère de King (morte) à son petit-fils... voix de la grand-mère, rires, bruitages… ou comment réussir à foutre la trouille en une minute trente. A écouter dans le noir total, bien sûr ! Pas de doute, le King sait nous raconter de belles histoires, ce deuxième album concept (après Abigail) en est encore la preuve. Franchement, le maître littéraire de l'horreur, Stephen King (tiens, encore un King !) doit être fier de lui ! Mais évidemment, à la différence de ce dernier, King Diamond se doit d’habiller son récit d’une musique en adéquation ou tout du moins, à la hauteur. Et là, pas de souci, c’est au point aussi. L’équipe qui entoure le King a un peu changé mais reste au top. Le dernier membre de Mercyful Fate encore présent sur la tournée Abigail, Timi Hansen (basse), s'est fait la malle, il est remplacé par Hal Patino. A la batterie, on retrouve le tout jeune Mikkey Dee, qui a fait ses armes ici avant de se faire connaître un peu plus au sein de Motörhead. Les guitares et les solos sont partagés entre Andy La Rocque et Pete Blakk (nouveau venu également). Andy La Rocque qui a pris part à la composition de quelques morceaux, ne laissant pas tout le boulot au King. L’album alterne morceaux assez speed (Invisible Guests, Mother’s Getting Weaker…) et titres au rythme plus lourd (Tea, Bye Bye Missy). Il y a de bonnes trouvailles au niveau des grattes, mélodiques (le break acoustique de A Broken Spell) ou inquiétantes (le break de The Accusation Chair). Le petit instrumental "Them", avec sa belle mélodie acoustique au départ se transforme petit à petit en un truc assez lugubre avec les voix des invités, leurs rires et la petite boite à musique à la fin. Le King sait y faire pour créer des ambiances glauques. La voix de King Diamond est toujours aussi stupéfiante (plus encore que dans Mercyful Fate), changeant de tonalité continuellement mais restant quand même globalement le plus souvent dans les aigus. Ses cris sont parfois on ne peut plus criards, surtout quand il joue le rôle de sa grand-mère. Et là, il ne faut pas se le cacher, ça passe ou pas. Je connais des personnes qui ne supportent pas… Là où ça pèche un peu par contre, c’est au niveau de la production. Les guitares sont un peu sous-mixées, la voix est très en avant (logique) et la basse n'est pas franchement très présente.
Le petit plus avec la première édition vinyle fut l’ajout par le label (Roadrunner) d’un livret sympa de huit pages (The Story So Far) qui retraçait l’histoire du King avec de belles photos. Petit bonus très appréciable !
Them et Conspiracy (je trouve que les deux sont assez indissociables) sont les albums à posséder de King Diamond, rien que pour suivre cette histoire stupéfiante dans son entier. Les deux CD ont d’ailleurs été réédités ensemble en 2004 dans le même packaging, agrémentés de quelques inédits, par Roadrunner pour la collection "Two From The Vault". Et, tout en les écoutant, n’oubliez pas de vous servir une petite tasse de thé…
Tracklist de "Them" :
01. Out From The Asylum 02. Welcome Home 03. The Invisible Guests 04. Tea 05. Mother’s Getting Weaker 06. Bye Bye Missy 07. A Broken Spell 08. The Accusation Chair 09. "Them" 10. Twilight Symphony 11. Coming Home 12. Phone Call (CD bonus)
|