C H R O N I Q U E

Deux ans et demi après le bizzarement nommé Professor Satchafunkilus and the Musterion of Rock, Satch est de retour pour un nouvel album au nom à nouveau exotique Black Swans and Wormhole Wizards. En raison de la pochette sur laquelle Satriani pose seul tel un super-hero sur un fond blanc, certaines rumeurs dans les forums parlaient d'un retour aux sources. Il est vrai que cela fait bien des albums que le guitar-hero tourne en rond et enchaine sortie sur sortie qui se ressemble sans jamais parvenir à retrouver l'étincelle qu'il y avait sur Crystal Planet, The Extremist ou Surfing.

Premier constat dès les premières notes, la production est au top, les frappes de Campitelli sont percutantes et groovy, la basse d'Allen Whitman parfaitement mixée. Très professionnel !
Second constat relatif au contenu : Satch nous propose là un album qui est excellent pendant quatre morceaux mais qui s'endort malheureusement par la suite jusqu'au morceau final qui redonne un peu d'espoir.

Et pourtant on y croit ! Après l'excellent Premonition mélodique et accrocheur à souhait, on monte crescendo dans le groove vers des thèmes et des enchainements magnifiques. C'est bien simple, les quatre premiers morceaux de l'album rappellent directement l'album rouge éponyme de Satriani sur laquelle Manu Katché apportait tout son groove.
Pyrrhic Victoria est une sorte de Cool #9 au niveau du thème sur une rythmique beaucoup plus dansante et groovy - excellent !

Le summum du groove est incontestablement Light Years Away basé sur un enchainement de riffs rock plutôt basiques mais qu'on ne peut s'enlever de la tête. Les musiciens sont vraiment en harmonie, on ressent un vrai plaisir dans le jeu... ça n'a pas groové comme ça depuis... l'album rouge ! Une première partie de l'album très entrainante donc aux styles rock/hard-rock à tendance bluesy.

Puis tout à coup, l'impression d'écouter un album énorme tombe sur le court instrumental Solitude. Un morceau qui porte bien son nom et qui ouvre la brèche à un enchainement de morceaux pas forcément entrainants.

Sur Littleworth Lane, Satriani nous propose un blues sur des nappes de clavier (d'ailleurs c'est Mike Keneally qui est aux claviers). Certes, il y a du feeling, mais c'est du déjà-entendu mille fois. Et s'attaquer au blues aujourd'hui face à des ingénieux Joe Bonamassa, Gary Moore ou Philip Sayce est un peu dangereux.

Two Sides Of Every Story est soporiphique. Cette fois, Satch flirte avec le jazz-rock, toujours aidé par Keneally aux claviers.

Puis arrive Wormhole Wizards et là, c'est la confirmation qu'on tourne en rond. Alors que la mode est à complexifier les rythmiques, que le metal progressif explose, Satriani base sa compo sur une ligne de basse de trois notes. Et cette ligne de basse ne changera quasiment pas du début à la fin, c'est à peu près la même chose pour la batterie. Alors bien évidemment, le gratteux assure et balance des descentes de gammes en legato de folie hyper techniques et hyper recherchées, le thème est mélodique mais soyons clair, la rythmique de Wormhole Wizards et d'avantage un playback pour guitaristes qu'une compo.

Heureusement, après six morceaux franchement moyens, le très bon God Is Crying vient cloturer le bal. A nouveau ça groove, le thème est bien construit. Le couplet est joué à la wah-wah et c'est comme si la guitare parlait, une fin qui nous réconcilie d'un coup avec l'album et qui remémore le début.

Bref, on est loin du sans-faute. Satriani aurait dû choisir de sortir un EP de cinq titres comportant les quatre premiers et le dernier morceau, cet EP n'aurait reçu aucune critique et aurait fait partie de la face brillante de sa carrière. Malheureusement, en tentant le remplissage avec des compos molassonnes, bluesy et jazzy, Black Swans And Wormhole Wizards n'est qu'un album moyen qui ne fait pas avancer le chmilblik.

Tracklist de Black Swans And Wormhole Wizards

01. Premonition
02. Dream Song
03. Pyrrhic Victoria
04. Light Years Away
05. Solitude
06. Littleworth Lane
07. The Golden Room
08. Two Sides To Every Story
09. Wormhole Wizards
10. Wind In The Trees
11. God Is Crying

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