Jerry Cantrell est un musicien passionnant au parcours remarquable. Ok je n’apprends rien à personne mais tout de même, Alice In Chains a beau être une formation à la dimension tragique de par le destin terrible de Layne Staley, musicalement, c’est juste exceptionnel. Un style inimitable, des vocaux si particuliers (spoiler alert, on retrouve ce type de chant harmonisé sur cet effort solo), une noirceur lumineuse et un vrai feeling. Le retour du groupe avec William DuVall est un vrai bonheur tant studio que live. Mais Jerry Cantrell, c’est aussi un type qui doit être sacrément sympathique. 

Jugez plutôt les belles amitiés du bonhomme : Duff McKagan également originaire de Seattle qu’on retrouve à la basse sur ce projet solo, Greg Puciato, hurleur émérite de The Dillinger Escape Plan (demandez à notre estimé collègue Jean-Mich’Hell son avis sur ce groupe, vous ne serez pas déçus) également de la partie. Précisons que Jerry et Greg ne se connaissaient pas avant cet effort solo. Gageons qu’une belle amitié est née. Je n’ai mentionné là que deux participants mais on connaît les affinités avec les gars de Metallica, ceux de Mastodon et bien sûr la fine fleur de l’inoubliable scène de Seattle. Plus surprenant, mais pas nouveau pour les connaisseurs d’AIC, un certain Elton John est aussi des amis de Jerry Cantrell. Il avait d’ailleurs joué sur le fameux Black Gives Way To Blue, inoubliable hommage à Layne Staley et Jerry Cantrell lui rend la pareille ici en proposant une reprise de l’excentrique chanteur (Goodbye pour ne pas la nommer).

Réalisé pendant le premier confinement, ce projet était pourtant prévu de longue date dans le timing du guitariste. Moins metallisé qu’AIC mais non dénué de guitares aux sonorités grunge, cet effort solo porte totalement la marque de son géniteur. Le chant harmonisé déjà mentionné plus haut est ici réalisé avec Greg Pusciato et ça fonctionne toujours aussi bien. Le même charme se dégage et il est ici sur une musique plus rock, plus americana voir countrysante. Difficile de sonner plus "américain" que ce disque. Jerry Cantrell en profite aussi pour donner son avis sur la toujours tumultueuse histoire américaine claquant un corrosif "toujours les mêmes escrocs à la Maison Blanche" sur Black Hearts And Evil Done au titre évocateur. 

Très plaisant, presque apaisé, cet effort solo de Jerry Cantrell est un vrai bonheur. Le style est toujours aussi marqué et c’est encore le même plaisir. Certes moins metallisé mais intéressant, inspiré et réussi, Jerry Cantrell continue son bout de chemin avec élégance, un talent incroyable et toujours ce sentiment que pour avoir conservé autant d’amitié dans le monde la musique, il doit s’agir là d’un musicien assez sain dans son relationnel qui, au passage, aura vécu ou été témoin de sacrés drames (vu les aspects sombres de ce drôle de métier). 

Tracklist de Brighten :

01. Atone
02. Brighten
03. Prism Of Doubt
04. Black Heart And Evil Done
05. Siren Song
06. Had To Know
07. Nobody Breaks You
08. Dismembered
09. Goodbye