Prometteur, c’est ce que je donnerais comme adjectif pour We Are Solitude, le premier album du groupe Néerlandais Inner Cabala. Je pourrais aussi utiliser le terme bluffant à vrai dire. Parce que pour un premier album la qualité ainsi que l’impression d’une empreinte musicale propre au groupe sont déjà présentes. Le post rock progressif de Inner Cabala, est accessible et mélodieux. Il inclut des touches vocales post metal sombres et lourdes nécessaires pour attirer l’oreille distraite de l’auditeur venu là en dilettante. Les riffs savent être rageurs et la rythmique suffisamment hétérogène pour ne pas laisser ce même auditeur tomber dans la routine ou la lassitude.

Si je dis que le groupe semble déjà avoir sa propre empreinte musical, je ne dis pas que les racines de son travail ou le son produit ne trouvent pas ses sources auprès d’autre groupes. Non. Toutefois le savant mélange d’origine plus rock, type Placebo (pour la voix un peu nasillarde de Pim Limburg), Interpol ou Kasabian, avec des influences metal prog, comme Leprous, et post metal comme The Ocean, donne au tout quelque chose d’un peu unique. Outre le chanteur Pim Limburg, le quintette italo-roumain (Alexandru-Daniel Taun et Alessandro Zanchetta aux guitares, Razvan Poinaru à la basse et Carlo Belloni à la batterie) est bien équilibré. Tous jouaient dans d’autres groupes avant de rejoindre Inner Cabala, et donc savent se mettre au service de la collectivité. Du coup, We Are Solitude a été construit sur des bases solides. De même sa cinématique semble également logique, car elle permet une certaine fluidité dans l’écoute. 

Après l’intro ambiante du titre éponyme, We Are Solitude prend son envol avec l’excellent et accessible at Mediocriy Divides part I, qui place des jalons clairs sur la construction des morceaux à suivre. Variant de chants clairs en chants gutturaux, de parties post metal en parties rock progressif, le titre s’écoute et s’apprécie sans modération. Il est suivi par un quatuor plus rock, qui va de Feathers à Hollow. Les titres bien que différents, sont plus consensuels. Plus rock pour Feather, plus balade pour Crippled Reality et variant entre ska et rock progressif pour le bon Of Time Rejoiced. Ce ton progressif et haché et maintenu avec Hollow, ou la batterie Carlo Belloni fait merveille.

La rupture avec le son lourd de The Remnant est audible, toutefois la trame progressive, rock pour du premier et metal/stoner du second, donne un lien de filiation évident.  La belle ballade Semblance souligne le potentiel en concert du groupe. Un vrai titre de scène. Mediocriy Divides part II ne suit pas immédiatement le chemin tracé par son prédécesseur. Pourtant le morceau prend rapidement de l’ampleur et donne tout son potentiel dès la mi titre. La seconde partie est jouissive, et est, selon moi, un des points culminant de l’album. Rythme lent et volume, chants hurlé, une structure qui me fait penser au récent travail de The Ocean sur Holocene. L’album se clôt sur Perdition, un titre avec une veine rock soutenue par les chants criés de Pim. Une belle conclusion d’une belle découverte nommée We Are Solitude de Inner Cabala.

Tracklist de We Are Solitude: