Artiste/Groupe:

In Flames

CD:

Reroute To Remain

Date de sortie:

2002

Label:

Style:

Metal Alternatif

Chroniqueur:

ced12

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Reroute To Remain peut être vu avec le recul comme le disque pivot de la carrière d’In Flames. Les Suédois ont connu un démarrage en fanfare participant plus qu’activement à la première vague de death mélodique suédois made in Göteborg. Tout cela est bien connu mais rappelons à toutes fins utiles qu’au milieu des 90’s, quelques groupes allaient associer à cette (très animée) ville suédoise le nom d’une scène musicale. A ma connaissance, il n’y a que Seattle qui peut également se targuer d’associer un style à la simple évocation de son nom. Los Angles et son fameux Sunset Strip, haut lieu du glam des années 80 méritent aussi d’être cités. La Bay Area aussi à un degré moindre. Pour revenir à nos Suédois, je parle bien sûr des fameux Dark Tranquillity, At The Gates et In Flames, tous auteurs de disques incroyables à l’époque. Le fameux studio Fredman, haut lieu du Swedish Death Metal et le non moins fameux Swedish Chainsaw Sound, véritable Madeleine de Proust du death in Göteborg. Là n’est pas le lieu d’aborder cette période géniale (et fondamentale) et il y aurait tant à en raconter. Pour faire court, disons que pour ces trois formations, si les débuts furent d’une qualité artistique délirante, les complications allaient vite arriver. At The Gates séparé en 1996, Dark Tranquillity ne rééditant pas un The Gallery, In Flames tenait haut le flambeau. 

Pour son sixième effort, les gars d’In Flames, toujours drivés par Jesper Strömblad et le duo Björn Gelotte et Anders Fridén, décidaient d’innover et ce Reroute To Remain, en dépit de qualités certaines, allaient voir le groupe connaître de sérieuses critiques par leurs fans historiques. Pour ne pas parler d’un certain rejet même. C’est que du death mélo des débuts, on passe là à un metal alternatif plutôt heavy et où on sent que la scène néo-metal est passée par là. Chant clair, dynamiques parfois plus popisantes, In Flames annonçait ici une réorientation et forcément dans ces cas-là, les groupes ne se font pas que des amis. Le choc n’en est que plus violent pour les fans que le groupe venait d’enchaîner un hallucinant enchaînement The Jester Race / Whoracle / Colony et Clayman qui a fait l’objet d’une réédition récente. Bien plus mélodique, ce Reroute To Remain allait déchaîner quelques passions en terre scandinave. Pour autant, ce disque présente des qualités et mérite des nuances loin des critiques formulées à l’époque. 

Le timing était cependant difficile pour permettre que cela soit mieux accepté. Pourtant, des indices étaient disséminés pour quelques changements. Nouveau producteur, exit l’historique Nordström, place à Daniel Bergstrand. Aussi, les Suédois ont délaissé Göteborg et investi un studio au Danemark. Le groupe sortira deux singles, nouveauté pour eux. Jusqu’ici, peu de vraie révolution en soi mais musicalement, le tout sonne bien plus accessible, plus catchy, plus easy-listening (Dark Sign, Metaphor), le chant clair est bien présent et le groupe claque même quelques refrains bien chantables. Ok, cette dimension accessible était bien nouvelle, et préfigure ce que la musique du groupe deviendra, mais quelle efficacité ! Que de belles pépites ! Les premiers titres du disque sont juste imparables. Des System, Cloud Connected, Trigger envoient comme il faut. On y trouve, et là il faut être juste, du chant bien agressif, des guitares en forme olympiques. On y trouve de belles alternances, chant hurlé, chant clair et les apports des samples font mouche.

Si on peut reprocher un certain excès (quatorze titres c’est un peu too much), le résultat est ma foi percutant et dégage une belle agressivité, certes incomparable avec les précédents efforts, mais moi, elle me va bien. On sent également que la scène néo est passée par là sur certains aspects mais l’apport me semble bien absorbée. Le succès sera au rendez-vous, le groupe augmentant son auditoire, il aura quelques entrées en terre US (Ozzfest) ; et si le bruit des contestations sera fort, le succès continuera d’être au rendez-vous, de même que les critiques qui seront positives dans l’ensemble. Parmi les reproches formulés, si certains n’ont pas vu à revoir sur la démarche artistique, c’est le songwriting qui semble avoir posé souci. Les quatorze titres donnent en effet une légère impression de redondance et, forcément, ça perd en impact. On notera d’ailleurs que la norme semble aujourd’hui plus proche des dix titres que de tels pavés. L’efficacité de prime abord (réelle ici) se perd et chez certains, un décrochage se faisait sentir. On est clairement devant un public plus "jeune" qui est visé ici. Décidément, difficile de ne pas penser au Metallica des années 90 avec ce Reroute To Remain

Certains verront aussi dans ce disque la matrice de la scène metalcore à venir, ce type de chant, ce riffing particulier et cette remarque peut s’entendre (bien qu’elle soit contestée par ailleurs, disons qu’elle n’engage que moi !). Album de la rupture donc dans la carrière d’In Flames qui, au grand dam des fans historiques ne reviendra jamais en arrière et poursuivra dans cette dynamique. Au-delà de ce contexte, il reste un excellent disque de metal alternatif, à la qualité évidente et méritant de nombreux éloges. 

Tracklist de Reroute To Remain :

01. Reroute To Remain
02. System
03. Drifter
04. Trigger
05. Cloud Connected
06. Transparent
07. Dawn Of A New Day
08. Egonomic
09. Minus
10. Dismiss The Cynics
11. Free Fall
12. Dark Signs
13. Metaphor
14. Black & White

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