Près de trois décennies de carrière et seulement le cinquième disque. La production studio des Californiens reste aussi espacée que leur musique est dynamique. Etrange contraste. Ignite est plutôt connu pour sa participation à des festivals itinérants hardcore où le groupe est souvent à l’affiche avec les maîtres du genre, lesTerror, Hatebreed, Madball. Je ne vais pas vous lister les pointures historiques de la scène hardcore, toutes ces formations sont désormais bien connues du public, merci encore Ben Barbaud ! Pour aider les personnes ne connaissant pas Ignite, nous sommes là devant une version mélodique de hardcore. Le groupe se rapproche plutôt d’un Pennywise. On peut aussi citer le Comeback Kidpériode Wake The Dead. Mais la connexion avec Pennywise me semble la plus pertinente, déjà car Ignite a commencé au milieu des années 90 ce qui fait d’eux les successeurs directs de la glorieuse scène hardcore mélodique (Bad Religion !). Aussi, Zoli Téglas, le chanteur d’Ignite avait dépanné Pennywise lors d’un festival lorsque le chanteur de ces derniers n’avait pu assurer un show. Une belle amitié semble unir les deux groupes, que tout ce petit monde s’entende comme larrons en foire n’étonnera personne.
Ignite est donc une valeur sûre de ces festivals itinérants traversant l’Europe (souvent en fin d’automne ou en début d’hiver), ces mini-tournées réunissant souvent six, sept groupes et qui désormais semblent délaisser la France, la Belgique semblant être un passage plus prisé pour faire le lien entre l’Allemagne et l’Angleterre. Est-ce la faute à un moindre engouement pour les dates parisiennes proposées ? Tout cela concerne bien sûr l’avant crise sanitaire mais la tendance n’était déjà pas bonne. Les qualités live des Américains énoncées, voyons à présent ce que cela vaut en format studio où, comme précisé en introduction, Ignite est bien plus avare. Et là, il y a une surprise et pas des moindres : ce retour d’Ignite aux affaires se fait avec un nouveau chanteur, phénomène assez rare pour ne pas évacuer le sujet rapidement. Zoli Teglas avait quitté le groupe en 2019 et c’est Eli Santana (Holy Grail) qui a pris le relais. Il a déjà été présenté aux fans par un EP paru en septembre 2021. Je vous épargne les discours des musiciens sur la bouffée d’air frais, l’énergie générée par cette arrivée, cela sonne terriblement convenu même si, soyons francs, il y a probablement un fond de vrai derrière. Ce qui encourage à les croire, c’est que le groupe ne s’est pas arrêté à cet EP et voici dans un délai finalement très rapide (rappel : cinq albums en vingt-cinq ans !!) un nouvel effort, en mode album qui plus est.
Et c’est du bon, par-dessus le marché. Guitares qui sonnent typiquement punk mélodique, rythmes entraînant, le tout générant une belle énergie mais avec une légèreté. On imagine aisément le soleil californien en écoutant cette musique, une forme de douceur agréable. Je ne développe pas trop sur l’aspect changement de chanteur. Eli Santana est parfaitement dans le registre et si la voix m’a semblé moins aiguë et moins puissante que celle de son prédécesseur, elle s’intègre très bien dans la musique ma foi balisée du groupe. Ignite n’est clairement pas un groupe du XXIème, les Californiens déroulent ce qu’ils savent faire et on ne leur en demande pas plus. Le changement d’un poste aussi stratégique que celui de chanteur les a certainement poussés à jouer la sécurité. La qualité est là, c’est bien l’essentiel. Et le groupe semble se redonner le droit pour quelques années de repartir sur les routes, là où il est la plus à sa place. Dans un contexte qui semble aller vers du mieux, c’est une bien bonne nouvelle pour eux.
Tracklist de Ignite :
01. Anti-Complicity Anthem 02. The River 03. This Day 04. On The Ropes 05. The Butcher In Me 06. Call Off The Dogs 07. The House Is Burning 08. Enemy 09. State Of Wisconsin 10. Let The Beggars Beg 11. After The Flood (Bonus)