C’est le moment de voir ce qui suivent et qui, suite à ma
chronique de Obstacle, le premier album de Howard, étaient allés découvrir
l’univers musical de ce groupe. Ok, bravo à eux et bonne nouvelle pour nous tous: le second
album, Event Horizon, vient de sortir pour nous remettre une seconde couche tout aussi
somptueuse que la première. On refait l’historique pour ceux qui débarquent: Howard est un trio basé à Paris composé de
JM Canoville à la guitare et au chant, de Tom Karren à
la batterie et de Raphaël Jeandenand à l’orgue Hammond.
L’originalité de ce trio de Fuzzrock réside surtout dans l’omniprésence
de l’orgue Hammond, des bruitages électroniques, et de leurs compositions barrées.
Leur premier album, Obstacle, était sorti sur la Klonosphere, ce
n’est pas le cas de celui-ci qui sort en Indé, avec le support promotion de NRV
Promotion.
Alors, musicalement, on touche à pas mal de choses chez Howard. Le Fuzzrock, ça ne vous cause peut-être pas
trop, mais on retrouve dans leur son, du stoner, du psychédélique, du vintage, mais
surtout du rock vraiment roots comme je l’adore. Je dirais à l’écoute de ce
second album que les fans de DeWolff devraient carrément s’y
retrouver (le funk en moins) mais que si vous ne connaissez pas DeWolff (grossière erreur !) et que si vous aimez le hard
rock original, vintage et cru, vous devriez aussi vous régaler.
JM
chante en anglais et les thèmes abordés semblent tourner autour de la transition
écologique et de son urgence (mais pas que). D’ailleurs dans le digipak, on peut lire
l’explication du titre: “Time to Slowdown or we’ll cross the event horizon”.
Nous voilà prévenus alors que déboule le premier titre de l’album,
Bankable Sermon dont le clip est déjà sorti six mois avant l’album.
L’orgue Hammond et son vibrato “Leslie” déboule (j’adore ce son !) alors
que JM nous parle sur les premières lignes de chant du morceau. Je constate
aussi que le groupe utilise une vraie basse jouée par Raphaël (ils
expliquaient tout faire avec la main gauche du clavier dans notre interview de 2020). C’est aussi
Raphaël qui, dans le break, manipule un Thérémine. Le clip est assez
marrant, sur le thème des vendeurs d’illusions, avec de nombreux clin d’œils
à HP Lovecraft (dont le premier prénom donne le nom au groupe).
C’est très bien chanté, bourré
d’énergie et de bruitages qui donnent un style un peu brut de décoffrage alors que
la production est, en fait, impeccable. Changement de contexte pour Seeds Of Love (rien
à voir avec Tears for Fears). Là encore le groupe avait
dévoilé le morceau au travers d’un clip, il y a déjà plusieurs mois.
Ca commence plutôt calme, genre amoureux éconduit, le gimmick au clavier, d’une autre
époque est très accrocheur. Ca c’est pour le couplet, car pour le refrain, la
guitare rentre en jeu à grands coups de riffs ravageurs et l’amoureux éconduit
s’énerve pour de bon. C’est d’une très grande efficacité, je vous
laisse le découvrir par vous même:
Need Want Get est un morceau très surprenant sur le
sur-consumérisme dans lequel JM parle les paroles, avant d’attaquer le
refrain ultra accrocheur: “I just want to Need, You just want to Want, we just want to Get”.
Là encore j’entends une vraie basse, le clavier balance pas mal de sons dissonants,
c’est original et réussi.
Le morceau suivant est un de mes
préférés de cet album, Telescope. Il démarre dans une ambiance
lourde très The Doors, on s’attend à voir apparaître le
fantôme de JimMorrison au micro, mais non, c’est bien
JM et il fait un super boulot à la voix autant dans les moments calmes que les
hurlements hystériques. Ces alternances de passages ambiancés et purs moments de fureur
sont vraiment énormes.
I Hear a Sound était sorti en vidéo il
y a un an, là encore, c’est le synthé qui lance le morceau avec des bruitages
électroniques, avant que les riffs de JM défoncent tout. La voix est
passée à travers des filtres, on croirait entendre Dave Cahan sur le
couplet. Le clip va rappeler des mauvais souvenirs à ceux que le confinement avait fait flipper.
Voyez plutôt:
Vous aurez noté ce break incroyable sous forme d’une
débauche d’effets électroniques, de Thérémine et autres bizarreries
dignes des meilleurs moments de Tangerine Dream. Flippant ! La suite, The Way,
est un autre morceau original, dans lequel Tom, le batteur, utilise des percussions
bois, supportées uniquement par l’orgue Hammond de Raphaël. On
commence à connaître nos lascars, on se dit que ça va certainement exploser à
un moment ou à un autre. Mais en fait non, ça reste un morceau assez calme, malgré
les paroles qui m’ont semblé super violentes. Heedless par contre, c’est du
speedé, la voix de JM est compressée à mort, la guitare fuse (fuzz
?!), son riff est énorme, les nappes de l’orgue appuie le tout. Le final est une tuerie:
ils accélèrent, le thérémine vient foutre le bordel.
Le dernier
morceau qui donne son nom à l’album est fantastique, le meilleur de l’album selon
moi. On est un peu surpris par le thème de la guitare qui rappelle énormément le
groupe progressif Riverside. La voix de JM est
superbe, les paroles graves font un triste constat: “we’ve been dancing all night,
we’ve been living like kings, we’ve been driving so fast, we’ve been eating too
much”. Quand le refrain démarre, c’est énorme, l’orgue se
déchaîne, la guitare larsen, j’ai les poils qui se hérissent, les accords
plaqués de l’orgue enfoncent le clou. Le break psychédélique est
énorme aussi: Thérémine, Tom qui s’essaye à la
flûte, au glokenspiel, que d’idées originales, on guette la reprise. Elle est
finalement envoyée par l’orgue Hammond et c’est une tuerie ! Quel final mes
aïeux, Raphaël nous balance un super solo à la Jon
Lord, on se croirait revenu dans les années 70, dans un concert du pourpre profond.
Ouf ! Au final huit morceaux, tous originaux, pour un album de trente-huit minutes
absolument jouissif. On y trouve: du gros son gras, du vintage (The Doors, Deep Purple, DeWolff, All Them Witches), de l’orgue
Hammond, des effets électroniques, un très bon chanteur, une section rythmique
(clavier/batterie) au top et des compositions débordantes d’idées et
d’énergie. Je ne sais pas si ils se droguent, mais comme dirait l’ami Eddy: “C’est du rock
!”
PS: Alors je vous file un lien sur l’album complet mais soyez sympas,
si vous aimez, pensez aux artistes et achetez sur leur boutique.
PPS: Quand je citais les Doors, j’étais pas
complètement à côté:
Tracklist de Event
Horizon :
01. Bankable Sermon 02. Seeds Of Love 03.
Need Want Get 04. Telescope 05. I Hear A sound 06. The
Way 07. Heedless 08. Event Horizon