Artiste/Groupe:

Howard

CD:

Event Horizon

Date de sortie:

Octobre 2022

Label:

Indé

Style:

Fuzzrock

Chroniqueur:

Didier

Note:

17.5/20

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C’est le moment de voir ce qui suivent et qui, suite à ma chronique de Obstacle, le premier album de Howard, étaient allés découvrir l’univers musical de ce groupe. Ok, bravo à eux et bonne nouvelle pour nous tous: le second album, Event Horizon, vient de sortir pour nous remettre une seconde couche tout aussi somptueuse que la première. On refait l’historique pour ceux qui débarquent: Howard est un trio basé à Paris composé de JM Canoville à la guitare et au chant, de Tom Karren à la batterie et de Raphaël Jeandenand à l’orgue Hammond. L’originalité de ce trio de Fuzzrock réside surtout dans l’omniprésence de l’orgue Hammond, des bruitages électroniques, et de leurs compositions barrées. Leur premier album, Obstacle, était sorti sur la Klonosphere, ce n’est pas le cas de celui-ci qui sort en Indé, avec le support promotion de NRV Promotion.

Alors, musicalement, on touche à pas mal de choses chez Howard. Le Fuzzrock, ça ne vous cause peut-être pas trop, mais on retrouve dans leur son, du stoner, du psychédélique, du vintage, mais surtout du rock vraiment roots comme je l’adore. Je dirais à l’écoute de ce second album que les fans de DeWolff devraient carrément s’y retrouver (le funk en moins) mais que si vous ne connaissez pas DeWolff (grossière erreur !) et que si vous aimez le hard rock original, vintage et cru, vous devriez aussi vous régaler.

JM chante en anglais et les thèmes abordés semblent tourner autour de la transition écologique et de son urgence (mais pas que). D’ailleurs dans le digipak, on peut lire l’explication du titre: “Time to Slowdown or we’ll cross the event horizon”. Nous voilà prévenus alors que déboule le premier titre de l’album, Bankable Sermon dont le clip est déjà sorti six mois avant l’album. L’orgue Hammond et son vibrato “Leslie” déboule (j’adore ce son !) alors que JM nous parle sur les premières lignes de chant du morceau. Je constate aussi que le groupe utilise une vraie basse jouée par Raphaël (ils expliquaient tout faire avec la main gauche du clavier dans notre interview de 2020). C’est aussi Raphaël qui, dans le break, manipule un Thérémine. Le clip est assez marrant, sur le thème des vendeurs d’illusions, avec de nombreux clin d’œils à HP Lovecraft (dont le premier prénom donne le nom au groupe).



C’est très bien chanté, bourré d’énergie et de bruitages qui donnent un style un peu brut de décoffrage alors que la production est, en fait, impeccable. Changement de contexte pour Seeds Of Love (rien à voir avec Tears for Fears). Là encore le groupe avait dévoilé le morceau au travers d’un clip, il y a déjà plusieurs mois. Ca commence plutôt calme, genre amoureux éconduit, le gimmick au clavier, d’une autre époque est très accrocheur. Ca c’est pour le couplet, car pour le refrain, la guitare rentre en jeu à grands coups de riffs ravageurs et l’amoureux éconduit s’énerve pour de bon. C’est d’une très grande efficacité, je vous laisse le découvrir par vous même:


Need Want Get est un morceau très surprenant sur le sur-consumérisme dans lequel JM parle les paroles, avant d’attaquer le refrain ultra accrocheur: “I just want to Need, You just want to Want, we just want to Get”. Là encore j’entends une vraie basse, le clavier balance pas mal de sons dissonants, c’est original et réussi.

Le morceau suivant est un de mes préférés de cet album, Telescope. Il démarre dans une ambiance lourde très The Doors, on s’attend à voir apparaître le fantôme de Jim Morrison au micro, mais non, c’est bien JM et il fait un super boulot à la voix autant dans les moments calmes que les hurlements hystériques. Ces alternances de passages ambiancés et purs moments de fureur sont vraiment énormes.

I Hear a Sound était sorti en vidéo il y a un an, là encore, c’est le synthé qui lance le morceau avec des bruitages électroniques, avant que les riffs de JM défoncent tout. La voix est passée à travers des filtres, on croirait entendre Dave Cahan sur le couplet. Le clip va rappeler des mauvais souvenirs à ceux que le confinement avait fait flipper. Voyez plutôt:


Vous aurez noté ce break incroyable sous forme d’une débauche d’effets électroniques, de Thérémine et autres bizarreries dignes des meilleurs moments de Tangerine Dream. Flippant ! La suite, The Way, est un autre morceau original, dans lequel Tom, le batteur, utilise des percussions bois, supportées uniquement par l’orgue Hammond de Raphaël. On commence à connaître nos lascars, on se dit que ça va certainement exploser à un moment ou à un autre. Mais en fait non, ça reste un morceau assez calme, malgré les paroles qui m’ont semblé super violentes. Heedless par contre, c’est du speedé, la voix de JM est compressée à mort, la guitare fuse (fuzz ?!), son riff est énorme, les nappes de l’orgue appuie le tout. Le final est une tuerie: ils accélèrent, le thérémine vient foutre le bordel.

Le dernier morceau qui donne son nom à l’album est fantastique, le meilleur de l’album selon moi. On est un peu surpris par le thème de la guitare qui rappelle énormément le groupe progressif Riverside. La voix de JM est superbe, les paroles graves font un triste constat: “we’ve been dancing all night, we’ve been living like kings, we’ve been driving so fast, we’ve been eating too much”. Quand le refrain démarre, c’est énorme, l’orgue se déchaîne, la guitare larsen, j’ai les poils qui se hérissent, les accords plaqués de l’orgue enfoncent le clou. Le break psychédélique est énorme aussi: Thérémine, Tom qui s’essaye à la flûte, au glokenspiel, que d’idées originales, on guette la reprise. Elle est finalement envoyée par l’orgue Hammond et c’est une tuerie ! Quel final mes aïeux, Raphaël nous balance un super solo à la Jon Lord, on se croirait revenu dans les années 70, dans un concert du pourpre profond.  

Ouf ! Au final huit morceaux, tous originaux, pour un album de trente-huit minutes absolument jouissif. On y trouve: du gros son gras, du vintage (The Doors, Deep Purple, DeWolff, All Them Witches), de l’orgue Hammond, des effets électroniques, un très bon chanteur, une section rythmique (clavier/batterie) au top et des compositions débordantes d’idées et d’énergie. Je ne sais pas si ils se droguent, mais comme dirait l’ami Eddy: “C’est du rock !”

PS: Alors je vous file un lien sur l’album complet mais soyez sympas, si vous aimez, pensez aux artistes et achetez sur leur boutique.


PPS: Quand je citais les Doors, j’étais pas complètement à côté:

 



Tracklist de Event Horizon :

01. Bankable Sermon
02. Seeds Of Love
03. Need Want Get
04. Telescope
05. I Hear A sound
06. The Way
07. Heedless
08. Event Horizon

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