Le groupe Howard nous vient de la région parisienne. Le trio est constitué
de JM Canoville à la guitare et au chant, de Tom Karren à la
batterie et de Raphaël Jeandenand aux claviers. Le groupe sort son premier album,
Obstacle après un EP éponyme sorti en 2018. L’album sort chez Klonosphere alors,
comme souvent, on est attentif et curieux de découvrir une nouvelle pépite de rock hexagonal.
Le groupe a eu la gentillesse de répondre à mes questions dans une interview que vous
trouverez ici. On y apprend plein de choses, notamment que le groupe se définit comme
un trio fuzzrock, que l’on élargira en disant stoner, mais surtout à l’écoute
de cet album on se dit qu’il y a beaucoup de bonnes idées qui vont bien au-delà du style
stoner classique.
D’abord le groupe joue avec un clavier et sans basse, c’est déjà pas courant dans
le style stoner habitué au trio basse, guitare saturée et basse Rickenbacker. En effet
Raphaël taquine son orgue Hammond main droite et utilise un synthé Moog Bass
avec sa main gauche, c’est donc lui qui assure les sonorités "basse" du groupe. En plus de
cette singularité, il utilise aussi pas mal de petit sons électro, par-ci, par-là, on les
entend particulièrement bien sur Quicklime, le morceau qui ouvre l’album. Une autre
particularité du groupe, qui les différencie du style stoner habituel, c’est la voix de
JM. Sur ce premier morceau, son chant m’a rappelé celui de Jeff
Angell, le chanteur de Walking Papers. Avec beaucoup d’âme et dans un bon anglais,
le chant est très soigné. Son jeu de guitare est saturé mais pas hyper saturé non
plus. A la limite, le synthé sonne plus saturé. Dans God Is Dead, on se dit que cet
orgue Hammond nous rappelle des bons souvenirs de groupes des années 70, pour lesquels on ne
parlait pas de stoner mais juste de rock, je pense par exemple à Deep
Purple ou aux Doors. Le morceau est plus posé, sur le
couplet Tom déploie un gros boulot subtil et travaillé. Le refrain est plus
violent, appuyé par les surpuissants claviers de Raphaël. JM
en profite pour placer un petit solo sympa avant un déferlement final de sons synthétiques.
Pour Void, on se dit que, décidément, Raphaël à
dû être biberonné à l’orgue Hammond de Jon Lord. Je
réalise qu’on doit lui sortir la référence à chaque fois et que c’est un
peu le lot de tout claviériste qui s’essaye à l’orgue Hammond, mais il
réalise-là un très bon solo, avec quelques montées Lordiennes
à souhait. Enorme. Et c’est pas l’intro de The Path qui va me faire changer
d’avis... Jon, sort de ce corps ! Là encore le style est plus proche de
Deep Purple que des groupes phares de la scène stoner. Intro
de gratte saturée et sons de synthé encore sur Gone, qui est un des meilleurs moments
de l’album. La voix me refait penser à Jeff Angell sur ce morceau, avec
cette façon de chanter faussement désinvolte. L’orgue Hammond envoie la purée, le
son de guitare sonne très The Cure (?!) sur le couplet,
décidément on voyage à travers les décennies avec Howard. Le
morceau est parsemé de petit breaks excellents, le Moog bass se fait presque vraie basse, le solo
de JM carrément bluesy, voire country. Pour la petite info, le son n’est pas
celui d’une guitare mais d’un cousin éloigné de la guitare, le Steel Pedal dont
joue aussi JM (il est fan absolu de Neil Young).
Raphaël nous plante encore un superbe solo d’orgue à la façon
Pourpre Profond. On reprend la formule guitare saturée type stoner et orgue Hammond de grand-papa
pour Make Up Your Mind, un autre morceau mid tempo dont j’adore l’ambiance pesante
(à la Walking Papers). Le morceau fait aussi penser à
l’autre groupe français qui utilise un orgue Hammond, je veux parler bien sûr des
excellents Flayed. L’album se termine (dommage j’en aurait bien pris
encore une petite dose) sur un morceau plus classique, Features, dont l’originalité
tient surtout à son break calme sur lequel Raphaël plante un autre super solo
d’orgue qui tue. La montée crescendo pendant son solo est superbe et je sens que ça va
être un vrai panard sur scène. Est-ce que Raphaël secoue aussi son orgue
Hammond comme Jon Lord ? J’ai hâte de le découvrir dés que le
virus nous lâchera la grappe. En parlant de virus, le groupe nous révèle dans son
interview, qu'ils se sont tous les trois confinés ensemble et qu'ils bossent comme des malades.
Alors un autre album en 2020 ? Peut-être un effet de bord positif du COVID19.
C’est une très bonne surprise (de plus) en provenance de la la Klonosphere.
Howard signe un premier excellent album, qu’il serait un peu rapide de classer
dans le simple rock stoner (auquel je n’ai rien à reprocher par ailleurs). Car si on retrouve
bien de la grosse guitare saturée et un batterie omniprésente, typique du style, les claviers
de Raphaël proposent quelque chose de différent, à classer dans le bon
gros rock vintage, dopé au stoner moderne. C’est dans les vielles marmites qu’on fait
les meilleures soupes. Howard s’approprie des codes 70s bien connus pour en faire
une œuvre riche et originale. Du vintage comme on adore en découvrir, une voix parfaite pour
le job, un orgue Hammond comme on n'en fait plus (ou presque). La recette idéale du rock burné
qui n’est pas prêt de disparaitre. Et ça c’est bon ! L’album devrait ravir
à la fois les amateurs de stoner puissant à la Truckfighters ou Kadavar et ceux, comme moi, maternés au Made In Japan.
Tracklist de Obstacle :
01. Quicklime 02. God is Dead 03. Void 04. The
Path 05. Gone 06. Make Up Your Mind 07. Features
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