Artiste/Groupe:

Grandma's Ashes

CD:

Bruxism

Date de sortie:

Octobre 2025

Label:

Verycords

Style:

Dark Grunge

Chroniqueur:

KABET

Note:

19/20

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Deux ans et demi se sont écoulés depuis This Too Shall Pass, et quand on aime, croyez moi que c’est long deux ans et demi ! On avait laissé le trio de demoiselles des Grandma’s Ashes avec cet album stoner et l’avenir devant elle, foulant les planches un peu partout dans l’hexagone et au-delà, pour à chaque fois que le même constat en ressorte : le groupe assure en live, propose une musique qui envoie, et mérite le succès qui lui arrive (elles mériteraient même bien plus, mais chassons ces avis purement personnels). Il aura fallu donc attendre plus de deux longues années, à suivre l’enregistrement de ce nouvel album par les vidéos que les filles ont distillées ça et là sur leurs réseaux, les montrant dans le studio bruxellois qui les a accueilli, entre joie et travail, et teasant un maximum sur ce nouvel opus.

Bruxism est donc placé sous le signe de la maturité tant le travail fourni par Eva, Myriam et Edith est colossal. Oubliez le stoner lourd et massif du précédent album, le trio a poussé les explorations très loin dans les contrées du grunge, de la dark wave et même du rock alternatif par moment. Dans sa globalité cet album montre une richesse et une profondeur rarement atteinte par le groupe, une galette dans laquelle on se plonge à s’y perdre avec un plaisir coupable.

C’est par l’un des trois singles de cet album que débute Bruxism avec Saints Kiss qui montre le tournant pris par les filles. Le morceau oscille entre grunge et pop fluette sur le refrain mais qui annonce la couleur sur ce qui va suivre. C’est presque flottant par moment dans les mélodies, mais ça reste assez punchy pour conserver toute l’attention de l’auditeur que nous sommes.

Ca enchaine sur Empty House, dont les sonorités sont plus réconfortantes pour les amateurs de gros son. Ici c’est plus musclé sur les riffs avec ce côté rock alternatif / new wave sous-jacent comme une sorte de fil rouge. C’est d’une efficacité redoutable, porté par la guitare de Myriam qui fait des merveilles. On constate aussi que la voix d’Eva a gagné en tessiture et en maturité pour devenir un véritable marqueur du groupe. Le grunge prend toute sa place sur Sufferer, tel un hymne grunge que n’aurait pas pu renier Courtney Love. C’est punchy, rythmé avec un refrain à tomber et une ligne de basse très en avant. Grandma’s Ashes se move dans le grunge comme un poisson dans l’eau et elles le prouvent ici pour nous offrir ce qui s’apparente à l’un des meilleurs titres de cet album pour l’auteur de ce papier.

Nightwalk apparait plus comme un prolongement de Sufferer, les deux titres s’enchainent et se complètent, comme si Nightwalk permettait de reprendre son souffle dans une ambiance brutale planante. Ce timing est plutôt bien géré puisque arrive Flesh Cage, dont la montée en puissance progressive est portée par une belle ligne de basse. Les éléments electro et les guitares ne sont pas sans rappeler Muse (période début de carrière) jusqu’au final où Eva nous régale avec l’étendue de sa palette vocale en nous balançant des growls ultra maitrisés. C’est d’autant plus étonnant que je n’ai pas souvenir d’une telle exploration de la demoiselle par le passé. Ce final rentre dedans surprend. Brillant ! Ce qui est sympa avec Grandma’s Ashes c’est l’aspect inattendu du groupe. J’étais bien dans mes pantoufles sur Flesh Cage, en bon amateur de gros son que je suis, et voilà que débarque Neutral Life, Neutral Death, titre plus coloré à l’aspect presque popisant, et forcément, très loin du précédent. Pourtant cette ambiance dark est toujours présente, même dans les moments plus planants dans lequel le trio nous plonge avec virtuosité. On va retrouver un peu l’influence Muse mais dans une version dark sur l’autre single du groupe, Cold Sun Again. C’est très marquant dans les chœurs qui empruntent à ces derniers. Les riffs se font plus acérés, la patte de Myriam est toujours très présente tant elle martèle sur sa six cordes comme une forcenée.

Légère respiration avec Calix, quoique ce n’est pas gagné non plus puisque cette ambiance planante et lourde à la fois permet de maintenir le sentiment d’oppression. Et même les parties les plus calmes, presque feutrées sont annonciatrices d’une violence tapie non loin. On n’est pas loin du grand art, et ce n’est pas Duality qui me donnera tort. Entre la basse d’Eva et la ligne de frappe d’Edith, le groupe donne cette impression que rien ne peut l’arrêter, et que tout ce qu’il entreprend se transforme en or. Bon ok je m’emballe, ok, ok, mais avouez que tout est excellent pour le moment, et nous sommes déjà à la quasi fin de l’album. Et comme on l’entend très souvent, et partout « je garde le meilleur pour la fin », chose que je n’ai jamais comprise, puisque si à la fin on est rassasié, on n’apprécie plus. Mais loin de moi cette pensée discutable et revenons à notre sujet, Bruxism se clôture donc sur Dormant qui démarre comme une ballade épurée, dont on distingue même des applaudissements en guise de percussion. Et pourtant là-aussi la montée en puissance se fait progressivement par les chœurs pour arriver à ce final d’une puissance de malade avec les retours des growls d’Eva furibonds portés par la guitare de Myriam. Ça secoue, ça perturbe, mais quel final en apothéose d’un album complètement abouti, maitrisé et assumé. Sans conteste, Bruxism restera pour moi l’un des albums de cette année. Whoua !

Il aurait été facile pour clôturer cette chronique de parler d’album de la maturité, d’un brulot d’exception, les poncifs classiques pour expliquer que Bruxism est juste une dinguerie ! Voilà je crois que cet adjectif définit simplement ce que je m’évertue à raconter depuis un moment. Grandma’s Ashes a bandé son arc, tiré une flèche et atteint non seulement la cible, mais en plein centre. Bravo !

Tracklist de Bruxism :
01. Saints Kiss
02. Empty House
03. Sufferer
04. Nightwalk
05. Flesh Cage
06. Neutral Life Neutral Death
07. Cold Sun Again
08. Calix
09. Duality
10. Dormant
 

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