“Les cendres de mémé” ? Mais que se cache donc derriere ce curieux nom de
groupe ? Il s’agit d’un trio féminin de metal multifacettes (stoner/rock
alternatif/prog/ grunge), originaire de la région parisienne et fondé par
Myriam (guitare/chœurs) et Eva (basse/chant) rapidement
rejointes par Edith (batterie/chœurs). Le power trio sort son premier album,
This Too Shall Pass, qui fait suite à un EP, The Fates, sorti en 2021. Vous trouverez
plein de détails sur le groupe et le choix du nom dans l’interview qu’elles nous ont
accordée ici, mais rassurez-vous pour la mamie, elle va bien et leur page
FaceBook lui fait un petit clin d’oeil en s’appelant https://www.facebook.com/Nanyisnotdead/.
Musicalement, le trio nous gâte car les musiciennes sont talentueuses, les compositions bien
léchées et la production est aux petits soins (Fred Lefranc aux
manettes). Un petit mot pour saluer la pochette, très soignée et bourrée de
symboles que les plus curieux s’amuseront à décrypter, elle est l’œuvre
de l’artiste Emilie Derville.
Parlons déjà de l’intro. Pas courant de démarrer un premier album par un
morceau a capella. Les voix s’entremêlent, se répondent, quasi dans un canon avec un
petit côté baroque, qui surprend son monde. Ca surprend et ça contraste avec le
lourd et sombre Cold Touch qui suit. Eva, au chant lead, régale,
accompagnée de sa basse et de la batterie sur le couplet. La guitare, tout en subtilité,
martèle un gros riff sombre sur le refrain. Aside démarre plutôt calmement
avec une intro voix, mais le couplet prend tout le monde à contre pied, c’est
syncopé, le refrain revient à du bon gros riff qui fait bouger la tête en rythme.
Vraiment cool ces alternances de style, il y a de l’audace à revendre. Sans parler de
l’effet boeuf que ça doit produire sur scène. Tiens, puisque vous êtes sages
(et toujours en train de me lire), on se l’écoute:
Bordelands est faussement calme, mais vraiment réussie, bâtie autour d’une
bonne ligne de basse, qui porte la voix d’ange d’Eva. Le morceau
évolue au premier tiers pour changer d’humeur et de rythme, le morceau effectue un
troisième changement pour finir dans une lourdeur Sabbath-ienne. Tout ça est encore sacrément
osé, mais bigrement réussi. On découvre avec Spring Harvest, un morceau au
refrain plus pop, au couplet mené de main de maitre par la guitare de Myriam.
Quelques bruitages viennent étoffer l’ambiance.
Cruel Nature est un morceau assez recherché dans la mélodie vocale,
Myriam y fait aussi un solo sympa (il y en a assez peu dans le reste de l’album).
Même remarque pour La Ronce, atypique, aux consonances prog, avec une belle partie de
guitare en arpèges et tremolo, aux rythmes bien travaillés par la batterie
d’Edith. Encore de bons contrastes entre refrain et couplet, encore quelques
bruitages d’ambiance qui se fait assez envoutante. On pourrait penser en écoutant
l’intro de Caffeine qu’Avatarium ou Black Sabbathse sont incrustés entre deux morceaux. Mais
là encore, vous allez être surpris par la suite: une subtile basse, un chant
d’ensorceleuse. Plus fou encore, ce ralentissement de rythme pour retomber sur l’intro
plombante/refrain doom. Et hop, encore un petit solo très inspiré de
Myriam pour agrémenter le tout avant de finir en mode doom.
Cassandra est construit autour d’un bon gimmick de guitare. Lost at Sea conclut
cet album, dans une ambiance sombre, très mélancolique. Avec ces trois derniers morceaux,
on tient là, le côté le plus sombre du groupe. L’album est illustré par
deux interludes, Grow et Melt, sur ce dernier, on peut entendre un chouette solo de
saxo (par Lucas Piette).
Au final, je suis sous le charme de ce trio d’ensorceleuses. La voix
d’Eva, souvent mêlée à celles de ces comparses, est superbe.
Je recommande l’expérience de Grandma’s Ashes, c’est original,
extrêmement bien fait, assez varié pour pouvoir plaire à une très large
audience en France et bien au-delà. Elles sillonnent déjà la France pour promouvoir
ce premier album, n’hésitez pas à leur donner une chance.