Artiste/Groupe:

Fair To Midland

CD:

Fables From A Marfly : What I Tell You Three Times Is True

Date de sortie:

2007

Label:

Universal Republic Records

Style:

Metal barré

Chroniqueur:

ced12

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Dans les années 2000, les omnis (objets musicaux non identifiés) étaient foison dans la scène metal. J’entends par là des groupes aux influences très diverses alliant par de savants mélanges des éléments pop, rock, metal, néo, éléments progressifs et j‘en passe. Cela donne des groupes littéralement inclassables et il est dommage de constater que la plupart de ces groupes n’a pas réussi à s’imposer. Trop metal pour un public rock, excès de mélodies mielleuses pour un public plus avides de gros sons, incapacité à « étiqueter » ces groupes et donc bien les commercialiser ? Excès d’innovation perturbant un public qui peinait à suivre ? Pas mal de ces formations sont devenus cultes mais « à regret » car elles ont disparu des radars. Les californiens de Dredg sont pour moi les références absolus de ce que je décris, une dimension émotionnelle renversante mais qui n’avait pas percé malgré une communication conséquente. Plus récemment, In Search Of Sun dont le Virgin Funk Mother est une réussite totale semble prendre le même chemin : des critiques dithyrambiques mais voilà, le groupe semble n’avoir pas su capitaliser sur un disque franchement référentiel. Les allemands de The Intersphere souffrent aussi de ce caractère inclassable. On retrouve aussi des groupes «inclassables » dans des registres plus énervés mais ici, je me concentre sur ceux nichés entre rock et metal, choix personnel assumé dans le cadre de cette chronique. 

Cette longue introduction me permet de parler de Fair To Midland – et aussi de rappeler aux doux souvenirs de formations qui à mon sens méritaient / mériteraient tellement mieux – groupe auteur de deux disques particulièrement barrés dans les années 2000. Rien que l’artwork, le nom de l’album annoncent la couleur et ce dans tous les sens du terme. Totalement barré, Fair To Midland nous vient du Texas. Le quintette s’est démené et s’est – littéralement – arraché les cheveux pour pondre ce disque d’une originalité folle et ne se refusant rien. Composé et enregistré par des musiciens jusqu’au-boutistes et ne voulant rien céder à leur vision personnelle, il a fallu de la patience et de l’abnégation aux texans pour venir à bout et trouver un résultat satisfaisant tout ce petit monde. Le résultat est assez incroyable entre un chant haut perché, clairement rock et des riffs barrés, originaux. Même la structure des morceaux peut déstabiliser. Mais le côté catchy et hyper accrocheur de certains refrains (The Wife, The Kids, And The White Picket Fence, Kyla Cries Cologne, Walls Of Jericho, Tall Tales Taste Like Sour Grapes) impressionne véritablement. A se demander comment un Kyla Cries Cologne n’a pas pu percer tant le titre est tubesque à souhait avec des guitares assez incisives. Même constat amer avec Dance Of The Manatee. Un certain System Of A Down (remarquable contre-exemple sur mon point initial sur le non-succès commercial de ce type de groupe mais pour moi, ils restent la glorieuse exception, pas la norme malheureusement) n’est pas loin et tiens, un certain Serj Tankian est à la co-production ici. Et c’est ce même Serj qui avait contacté en personne le groupe pour les signer. On pense aussi parfois à du Tool mais en bien plus accessible. Le potentiel radio était bel et bien présent. 

Un autre point intéressant à mes yeux, c’est le côté positif de ce disque. Il se dégage une certaine légèreté et vu depuis le monde post Crise Sanitaire, cela interpelle un peu. L’environnement s’est « durci » et réécouter ce genre de disques quinze ans après est assez édifiant en ce sens. Il se dégage un côté certes foutraque mais très attachant. Il faut garder le cap à l’écoute mais que de bonnes idées, de chouettes mélodies. Un régal. Quatre années plus tard, le groupe remettra le couvert avec Arrows and Anchors mais en dépit de commentaires très élogieux, le groupe ne décollera pas et lâchera l’affaire. Déception ? Usure mentale d’un groupe qui s’épuisait dans des processus générant un stress total pour ses membres. Le chanteur Darroh Sudderth raconta avoir perdu des cheveux de stress (oui !!!) lors de l’enregistrement de Fables From A Marfly. Un peu dans le même timing, Dredg déposera aussi les armes et ce sont de très chouettes et attachants groupes qui ont ainsi disparu des radars. Bien dommage tout de même tant le potentiel était dingue, le talent réel et la créativité passionnante. Reste quelques grands disques de ces groupes et le souvenir impérissable de très belles formations d’une décennie sur laquelle le voile commence à se lever, le temps passant et le recul aidant. 

 Tracklist de Fables From A Marfly : What I Tell You Three Times Is True :

01. Dance Of The Manatee
02. Kyla Cries Cologne
03. Vice/Versa
04. The Wife, The Kids, And The White Picket Fence
05. April Fools And Eggmen
06. A Seafarer’s Knot
07. A Wolf Descends Upon The Spanish Sahara
08. The Walls Of Jericho
09. Tall Tales Taste Like Sour Grapes
10. Upgrade Brigade
11. Say When
12. An Honest Con Man

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