Exodus, le groupe qui aurait dû faire partie du fameux "Big Four" du Thrash (qui serait devenu le Big Five, du coup) et qui a complètement loupé le coche. Il faut dire que le groupe n'est pas complètement responsable de cet état de fait. Tout d'abord, leur premier album, Bonded By Blood, aurait dû sortir en 1984 mais la sortie fut retardée d'un an en raison d'un désaccord entre le groupe et le label. Et un an, à l'époque où les premiers groupes de Thrash balancent leurs premiers missiles, c'est long. D'autant que ce premier album est très réussi et ne faisait pas pâle figure aux côtés des Show No Mercy (Slayer) ou Fistful of Metal (Anthrax) qu'il aurait dû cotoyer. Au contraire, je le trouve même meilleur. Le groupe se sépare ensuite de son chanteur Paul Baloff, engage un certain Steve Souza (ex-Testament) et enregistre son second album, Pleasures Of The Flesh qui ne sort qu'en 1987. Et là, il faut reconnaître que ce n'est pas une grosse réussite. Il est donc déjà trop tard pour Exodus, il ne feront pas partie du club très fermé des leaders du mouvement.
En 1988, déboule pourtant celui que je considère comme leur plus belle réussite. Fabulous Disaster, effectivement fabuleux, mais qui n’a rien d’un désastre. Au contraire. Exodus remet les pendules à l’heure en balançant un album de Thrash parfait. The Last Act Of Defiance qui introduit le bal démarre les hostilités sur de très bonnes bases. Steve Souza s’arrache les cordes vocales, les autres viennent l’appuyer en reprenant en chœur quelques phrases. La paire de guitaristes Rick Hunolt / Gary Holt abat un boulot impressionnant tant en rythmique qu’en solos. Fabulous Disaster qui suit nous fait complètement entrer dans la danse (et dans la transe) avec son rythme rapide et son refrain imparable. Un morceau fabuleux (d’où le titre), l’un des meilleurs sinon le meilleur morceau d’Exodus et, à mon avis, un des meilleurs titres du style. Rien que ça. Et voilà qu’arrive l’heure des valses. Oui mais toxiques, les valses. C’est pas du Thrash sinon. The Toxic Waltz donc, morceau hautement jouissif avec son tempo dévastateur et son refrain appuyé par les "gang vocals". Un must dans tous les moshpits ! On note aussi le côté pas sérieux du groupe, genre "on ne joue pas les grosses stars" et ça aussi, c’est rafraîchissant. Après ce départ canon, voici la mauvaise surprise de l’album. Low Rider est une compo du groupe War (reprise aussi par Korn dans un autre style). C’est la première reprise de l’album qui en compte une autre dans sa version CD et franchement, celle-ci n’apporte pas grand chose à part casser le rythme qui s’était installé. La faute de goût de l’album mais je vous rassure tout de suite, il n’y en aura pas d’autres. Une intro marécageuse nous emmène maintenant dans les bayous. Cajun Hell. Vous connaissez le film Deliverance ? On s’y croirait. Ambiance boueuse pour un morceau bien sympathique, moins rapide que les précédents mais d'une efficacité tout aussi redoutable. Like Father, Like Son amène un peu de lourdeur avant le déluge final. Un titre un peu différent au niveau du tempo bien que cela ne dure pas (quelques passages plus speed font les transitions) et on a droit à une partie de solos et d’harmonies de la paire Holt / Hunolt pas dégueu. Arrive donc le triptyque Corruption / Verbal Razors / Open Season qui ne fait pas dans la dentelle de Calais (ou d’ailleurs). Rythmiques en mode tronçonneuse, solos de folie. De son côté, Souza crache les paroles avec conviction et avec un débit parfois impressionnant (Verbal Razors, Open Season). Du Thrash référentiel, grande classe. Ecoutez ces trois morceaux et vous aurez la définition de ce que Thrash veut dire. L’album se termine sur la seconde reprise, Overdose de AC/DC. Et là, c’est le coup de grâce : Exodus s’approprie le titre avec justesse, en gardant sa trame mélodique et en le rendant un poil plus agressif. AC/DC, c’est du courant alternatif, courant continu. Avec Exodus, ça devient du dix mille volts ! Ils rééditeront le coup sur l’album du retour, Tempo Of The Damned, avec Dirty Deeds Done Dirt Cheap.
Fabulous Disaster est une véritable leçon de Thrash, celle que l’on doit enseigner dans toutes les universités de Thrash Metal à travers le monde (mais si, il y en a !). Un album que tous les passionnés de cette musique possèdent déjà et que tous les autres seraient bien avisés de découvrir le plus rapidement possible. Même plus de vingt-cinq ans après, il n’est pas trop tard…
Tracklist de Fabulous Disaster :
01. The Last Act Of Defiance 02. Fabulous Disaster 03. The Toxic Waltz 04. Low Rider 05. Cajun Hell 06. Like Father, Like Son 07. Corruption 08. Verbal Razors 09. Open Season 10. Overdose
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