Artiste/Groupe:

Dream Theater

CD:

Falling Into Infinity

Date de sortie:

1997

Label:

Elektra Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

ced12

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Drôle d’album que ce Falling Into Infinity. C’est que ce disque a failli causer la fin de ce groupe provoquant un temps le départ d’un Mike Portnoy écœuré et pourtant Dream Theater claquera un authentique chef d’œuvre après ce Falling Into Infinity. Qu’avait-il bien pu se passer ? Outre une possible crise de croissance, phénomène bien connue en économie avec peut-être aussi un besoin d’absorber un succès immédiat. C’est que l’album Images & Words avait tapé très fort à sa sortie et Dream Theater s’était retrouvé rapidement parmi les jeunes groupes à suivre de très près. A Change Of Seasons dont l’impressionnant morceau-titre avait bénéficié de l’effet d’inertie de ce Images & Words acclamé (titre composé au demeurant lors des mêmes sessions) et Awake avait confirmé les attentes. Mais, puisqu’il faut bien un mais dans notre histoire, Dream Theater n’avait pas transformé cet impressionnant succès critique en grand succès populaire. Le groupe se développait certes mais le succès ne semblait pas à la hauteur de la qualité proposée. Pour appréhender le sujet en langage business (oui je bosse dans le secteur bancaire, mes confuses !), Dream Theater fournissait un produit de haute qualité mais ne parvenait pas encore à le vendre. Ca, normalement, c’est le boulot des maisons de disques me direz-vous et vous marquez un point. Sauf que c’est là que les problèmes vont arriver.

Qui dit maison de disque dit aussi pression et ce Falling Into Infinity va rapidement souffrir d’une réelle volonté commerciale et les fans vont vite considérer cela comme une trahison, eux habitués à l’aspect très abouti de DT. Agressif, le label Elektra va plus loin et DT accepte de se faire produire par Kevin Shirley, pointure s’il en est (jusque là ça va, le producteur fera très fort ensuite avec Iron Maiden) mais aussi l’apport du compositeur Desmond Child et là, la limite est franchie. Pour celles et ceux qui l’ignorent, Desmond Child était un hit-maker dans les années 80 et le garçon était derrière des hits comme I Was Made For Loving You (Kiss), Livin’ On A Prayer (Bon Jovi) et un paquet de joyaux magnifiés par Aerosmith lors de son impérial retour au milieu des années 80. Si j’ai fait l’effort de citer les groupes pour lesquels Desmond Child a bossé, c’est pour bien accentuer le contraste entre un Dream Theater, groupe progressif pur et ces formations autrement plus commerciales. On comprend les réticences du groupe surtout quand on sait la qualité des compositeurs ici présents dans la formation et sans que cela ne remette en question les compétences de Desmond Child. Le groupe avait aussi changé de claviériste au bénéfice de Derek Sherinian qui se retrouvera, un peu malgré lui et assez injustement, à une période compliquée de DT même s’il est assez discret ici.

Autant le dire, ces compromis(sions) n’avaient pas eu l’effet escompté l’album ne se vendant pas outre mesure et au final, cela ne fit que provoquer de grandes tensions au sein de la formation comme évoquée en ouverture de cette chronique. Et pourtant, ce disque mérite quelques éloges car sincèrement, il y a de très bonnes chose ici à commencer par l’essentiel : de très bons titres. Burning My Soul et sa remarquable ligne de guitare (et sa ligne de chant), Peruvian Skies sont d’excellents morceaux. De même, You Not Me fonctionne superbement bien. Le souci est que le format de ce disque n’est pas du Dream Theater comme attendu, aucune longue pièce maîtresse à la marge d’un Trial Of Tears final mais les fans n’avaient pas retrouvé le DT qu’il aimait tant. Il y a de l’ambition ici mais pas forcément bien orientée vers de la qualité pure et soyons francs, ça ne leur va pas trop à DT. Pour autant, et quitte à me répéter, ce disque est plutôt bon, juste ce n’est pas le DT qu’on connaissait.

Ce disque aura néanmoins de réels aspects positifs mais il faut attendre un peu pour voir ceux-ci se réaliser. John Petrucci et Mike Portnoy se consoleront avec Liquid Tension Experiment et la qualité relationnelle avec Jordan Rudess encouragera nos deux co-leaders à recruter celui-ci au sein de DT. Pour le résultat que l’on sait. Aussi, la maison de disques prenant acte du semi-échec commercial, laissera à DT une plus grande liberté artistique et le groupe ne se gênera pas ensuite. Ce Falling Into Infinity a un peu tout de l’album maudit, coincé entre des disques d’excellence mais aurait-on eu un Metropolis Part II de cette envergure sans ce semi-échec ? Nul ne le saura jamais mais au final, en réglant leurs différends, en se posant les bonnes questions et en y apportant les bonnes réponses, Dream Theater en est sorti plus fort, plus uni et le résultat de ce retour aux fondamentaux offrit un album d’exception. Rien que pour ça, le cycle Falling Into Infinity mérite une relecture a posteriori et en plus, le disque étant franchement intéressant, une nouvelle écoute, un peu plus dépassionnée car croyez-moi, il y a de bonnes compos ici. Soit pour les compromis mais le savoir-faire était là, et bien là. Sacré groupe tout de même.

Tracklist de Falling Into Infinity :
01. New Millenium
02. You Not Me
03. Peruvian Skies
04. Hollow Years
05. Burning My Soul
06. Hell’s Kitchen
07. Lines In The Sand
08. Take Away My Pain
09. Just Let Me Breathe
10. Anna Lee
11. Trial Of Tears :
    11-1 It’s Raining
    11-2 Deep In Heaven
    11-3 The Wasteland

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