Artiste/Groupe:

Dio

CD:

Dream Evil

Date de sortie:

1987

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

J'ai toujours été un peu dur avec Sacred Heart et Dream Evil, ces deux albums de Dio qui eurent la lourde tâche de clôturer la décennie des 80s si bien entamée avec Holy Diver et The Last In Line (sans parler des références intemporelles que sont Heaven And Hell et Mob Rules enregistrées par le chanteur à la voix d'or lors de son court mais ô combien marquant passage chez Black Sabbath, juste avant de lancer son propre groupe), je le reconnais. "Dur... mais juste", aimais-je à le penser. Parce que oui, reconnaissons-le, ces disques ne sont clairement pas du niveau de ce qui a précédé. Mais la déception engendrée par des œuvres qui ne correspondent pas aux attentes ne doit pas empêcher toute objectivité non plus (difficile de parler d'objectivité quand on évoque nos goûts, n'est-ce pas ?). Sacred Heart a déjà été (généreusement) réhabilité par mon collègue Orion, je viens donc vous parler de Dream Evil. Certainement pas pour vous dire qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre sous-estimé, non, n'exagérons pas... mais pour revenir sur un album qui n'est pas si mauvais que j'ai bien voulu le dire à une époque. 

Ce quatrième album est d'abord celui d'un nouveau line-up car le guitariste Vivian Campbell a quitté le navire après Sacred Heart. Les fans ont cependant déjà eu l'occasion de faire connaissance avec son remplaçant, Craig Goldy (ex-Rough Cutt, ex-Giuffria), qui avait rejoint la troupe en pleine tournée pour Sacred Heart (et qui avait joué sur la chanson studio Time To Burn parue sur l'EP live Intermission en '86). A part ça, le reste du groupe n'a pas bougé et, en plus de Ronnie, on retrouve la section rythmique tenue par Jimmy Bain (basse) et Vinnie Appice (batterie) ainsi que Claude Schnell derrière les claviers. Ce dernier n'a d'ailleurs pas fait le déplacement pour rien car son instrument occupe une place de plus en plus importante dans la musique de Dio. Les premières secondes de Night People, chanson d'ouverture efficace, sont bien l'œuvre d'un synthé, un signe qui ne trompe pas. Pour ma part (ayé, la liste des bémols commence), je trouve les claviers un peu trop en avant justement et j'aurais apprécié que la guitare ait plus de mordant (et, tant qu'à faire, je n'aurais pas craché sur une section rythmique plus percutante)... Bref, vous avez compris, je ne trouve pas que ce Dream Evil soit très bien produit. Le son est un peu pâteux, légèrement grésillant, pas très impressionnant. Ce défaut sera corrigé avec les disques suivants. Mais passons à l'essentiel : les nouvelles compositions.

Malgré quelques petites déceptions, on ne va pas se mentir, Dream Evil reste un disque plutôt agréable et divertissant. On y trouve même de très bonnes choses. L'album démarre bien avec Night People (chouette riff, ambiance sombre, tempo rapide et un Ronnie toujours aussi théâtral, passionné et donc convaincant), Craig Goldy (qui me plaît moins que son prédécesseur) s'affirme comme un guitariste habile et son solo est remarquable. Il manque juste un vrai refrain... les quelques secondes où Ronnie entonne deux fois de suite "Night People", ça n'est quand même pas ce qu'on appelle un chorus percutant et mémorable, n'est-ce pas ? Les refrains qui tuent, c'est un peu ce qui manque à cet album, je trouve, même s'il y a des exceptions. Deuxième exemple : Sunset Superman, la troisième piste. Le morceau a tout ce qu'il lui faut pour s'imposer comme un nouveau classique de Dio : l'ambiance fantastique posée par les synthés fonctionne, le riff de Goldy est top, le couplet est prenant, j'aime tout, je suis transporté... et là, arrive ce gros refrain pataud et lourdingue sur lequel le chanteur ne fait que répéter à l'identique et inlassablement "Sunset Superman, Sunset Superman, Sunset Su-per-maaaaaaan". Tout le reste du morceau est tellement bon (solo virtuose compris) que ça passerait presque mais c'est là que survient une deuxième mauvaise idée : étirer la compo sur cinq minutes quarante avec quatre-vingt-dix dernières secondes de refrain répété en boucle six, sept, huit, neuf fois, ad nauseam... Allez, j'avais promis de dire du bien de ce disque, ça arrive, promis. Tout de suite.

Oui, il y a de vraies réussites sur Dream Evil. Notamment dans la première moitié de l'album. La chanson titre en deuxième position par exemple. Elle n'a pas la teneur épique ou l'aura de classique des précédentes chansons titres de Dio mais elle reste particulièrement efficace. Le morceau est mid-tempo, solide, bâti sur un très bon riff et des mélodies accrocheuses livrées par une voix impeccable. Le solo est bien construit, mélodique à souhait et assez sobre. Trop sage pour vous ? Alors attendez, après Sunset Superman, vous aurez le droit à une belle piste épique et magique, au tempo plus lent, s'étendant sur plus de sept minutes : All The Fools Sailed Away. Voilà sans doute la compo la plus intéressante de cet opus et la plus apte à rivaliser avec les grands moments des albums précédents. RJD alterne chants doux et plus énervé, le beau refrain est chanté avec passion et sa mélodie n'a besoin d'être entendue qu'une seule fois pour être retenue à jamais. Le chœur d'enfants n'y est pas pour rien. L'intro est douce et laisse place à un développement plus heavy au milieu duquel le clavier de Schnell et la guitare de Goldy se donnent la réplique de belle façon. 

La suite propose du heavy Dioesque classique bien exécuté et agréable (Naked In The Rain), un single plus hard rock "commercial" intitulé I Could Have Been A Dreamer qui, bien qu'il ne soit pas musicalement renversant et ne puisse rivaliser avec des Rainbow In The Dark ou Rock'n'Roll Children, s'écoute, sauvé par la prestation vocale toujours classe de Ronnie, deux titres plus rapides et incisifs (Overlove au riff Blackmorien, doté d'un feeling rock'n'roll très proche de Rainbow, pas mal du tout... et Faces In The Window plus heavy, avec une basse galopante, une atmosphère plus fantastique... ainsi qu'un refrain qu'on retient d'autant plus facilement qu'il est trop répété) et un final totalement anecdotique sous la forme de When A Woman Cries, pas foncièrement désagréable mais assez banal. 

Comme dit plus haut, la plupart des morceaux proposés sont plutôt agréables... c'est juste qu'ils ne font pas spécialement évoluer l'univers musical de Dio qui se trouvait déjà peuplé de compositions semblables mais plus inspirées. On peut comparer chacune de ses étapes avec celles d'autres classiques du groupe, Dream Evil ne ressort pas gagnant : sa chanson d'ouverture n'a pas la force d'un Stand Up And Shout ou d'un We Rock, sa chanson titre n'a pas la classe d'un Holy Diver ou d'un The Last In Line, son morceau single (I Could Have Been A Dreamer) n'a pas l'efficacité d'un Rock'n'Roll Children, sa conclusion est bien moins magique que Shame On The Night ou Egypt... Malgré cela, on ne s'ennuie pas, le talent ne s'est pas encore complètement fait la malle et l'ambiance qui se dégage de ce Dream Evil n'est pas dénuée de charme, surtout aujourd'hui, avec le recul, car elle a cette touche 80s qui ne peut laisser totalement insensibles les amoureux du hard/heavy de cette grande époque. Je l'admets, je l'ai un peu injustement boudé, ce disque. Je lui ai même longtemps préféré son successeur, Lock Up The Wolves, pourtant trop long et objectivement plus inégal. Il n'est jamais trop tard pour changer d'avis... 

Tracklist de Dream Evil :

01. Night People
02. Dream Evil
03. Sunset Superman
04. All The Fools Sailed Away
05. Naked In The Rain
06. Overlove
07. I Could Have Been A Dreamer
08. Faces In The Window
09. When A Woman Cries

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !