S’il y avait bien une sortie de l’année sur laquelle je ne misais pas un seul kopeck, c’était bien le nouveau Def Leppard (Def Lep, pour les intimes). Oui, je sais, je vous avais déjà fait le coup en début d’année dans ma chronique du très réussi dernier Scorpions. M’enfin, le Scorpions, il risquait bien de contenir un ou deux titres sympas -un peu plus, finalement-, comme ses moyens prédécesseurs. En ce qui me concerne, Def Leppard n’avait pas sorti un seul truc valable depuis... Adrenalize ?! Donc depuis trente ans. Je sauve quelques trucs sur Slang, je sauve même un titre du dernier album en date (Dangerous, si vous voulez tout savoir), mais c’est bien tout. Je ne suis même pas sûr d’avoir écouté X, c’est dire.

Donc ouais, sur le papier, je m’en foutais. De toute façon, Def Lep a pondu trois excellents albums tantôt heavy rock, tantôt hard rock (leurs trois premiers, bien sûr) et un des plus grands albums de tous les temps, parfait de A à Z, un mythe, un mastodonte du rock ayant fait trembler Michael Jackson lui-même dans les charts : Hysteria. Et c’est sans doute pour rendre hommage à ce palmarès que j’ai quand même consacré trois minutes de mon temps au premier single de cet album : Kick.

Hm. Bon, ça casse pas trois pattes à un canard, c’t’histoire. Le refrain était pas mal, je vais quand même me le remettre, pour être sûr. Hm. Ça reste un peu en tête, y’a un gros côté T-Rex très glam 70’s. Ça ne me déplaît pas, attendons d’en voir un peu plus. Quoiqu’il arrive, c’est toujours plus intéressant que Let’s Go, premier single du précédent album, qui était une énième redite de Pour Some Sugar On Me en pas bien.

C’est le deuxième single qui m’a convaincu d’écouter l’album. En effet, très teinté 80’s, Take What You Want m’a collé une sacrée banane : y’a du riff, ça chante, y’a du refrain, y’a de l’énergie, y’a tout ce que j’aime. Un tube, un vrai, un beau. Un troisième single, Fire It Up, est arrivé en même temps que l’album, donc je ne l’ai découvert que dans l’entièreté de la galette.

Parlons tout de suite de ce qui ne va pas du tout : bon sang, que ce disque est loooooong ! Quinze titres, plus d’une heure de musique, c’est trop ! Dans l’idée, pourquoi pas, hein, si les quinze titres sont intéressants. Mais c’est loin d’être le cas. L’on aurait largement pu en dégager trois/quatre, ça aurait allégé l’album et ça nous aurait évité des ballades bien ronflantes. Tiens, allez, gagnons du temps, voici ce que j’ai noté sur mon brouillon : "Liquid Dust, Goodbye For Good, All We Need, Angels, c’est long, c’est chiant, ça dégage". Virons ça, revenons à un raisonnable onze titres et on peut monter ma note d’un point et demi. Allez, deux points, même. Autre petit défaut : l’organisation de la tracklist. En arrangeant un peu mieux l’ordre des morceaux, on aurait peut-être pu éviter la légère lassitude sur le dernier tiers de l’album.

Mais à part ces poids morts qui alourdissent considérablement l’ensemble, DSH -hors de question que j’écrive le titre en entier à chaque fois- est une réussite. Pas un grand album, pas un excellent album, non. Mais un chouette album, une petite sucrerie pop rock pas désagréable, qu’on se cale en bagnole pour faire un peu de route et qui ne choquera pas vos passagers. Tiens, pour vous donner un exemple, je vous raconte ma petite vie : l’album tournait dans ma voiture, j’ai fait un bout de trajet avec mon papa, grand amateur de pop rock à l’anglaise, et je l’ai surpris plus tard en train d’en écouter quelques titres dans sa voiture à lui.

Parce que de la pop, on en a à foison. J’ai déjà cité Kick et j’ai mentionné Fire It Up, qui s’avère être une espèce de croisement entre du hard US 80’s et un morceau des Foo Fighters. SOS Emergency, aussi, très réussi, dans la veine du Dangerous que j’avais adoré sur l’album précédent. Gimme A Kiss, Unbreakable ou même le plus 90’s U Rok Mi, voilà de quoi vous filer votre dose de gros refrains. Évidemment, on est bien loin de la perfection absolue et de l’efficacité hors du commun des tubes de Pyromania ou, pire encore, d’Hysteria. M’enfin, pas de quoi râler, c’est d’la bonne. À noter aussi ce dernier titre, très réussi, un peu à la Queen ou à la I Want You (She’s So Heavy) des Beatles. Très cool.

En plus de ces sucreries, DSH nous propose des titres bien plus calmes, des "ballades", des "slows". Si certaines sont foireuses et particulièrement ronflantes -j’ai déjà cité Goodbye plus haut-, deux sont particulièrement réussites. Lifeless, assez classique mais pas désagréable. Et, surtout, This Guitar, un peu teinté country. Évidemment, la clef de la réussite de ces deux ballades, c’est que ce sont des duos avec la formidable Alison Krauss, la grande pote de sir Robert Plant. Plant, qui connaît bien les gars de Def Lep, les a mis en relation avec Alison, qui les cite comme son "groupe préféré". Pas mal, non ? Et vu le résultat, il a bien fait de leur filer son numéro, le Robert (pas le dictionnaire, l’autre).

En résumé, Diamond Star Halos -expression piquée dans Get It On, la chanson de T-Rex, encore eux- n’est pas le nouveau Hysteria, évidemment. Mais c’est un petit disque de pop rock très agréable, bien que trop long. Pas pour tout le monde, bien sûr, à peine pour moi, d’ailleurs. Mais ça fait du bien de revoir le Léopard Sourd en forme ! Et avec une chouette pochette, pour ne rien gâcher.

Aparté : un mot rapide sur l’édition physique puisque, comme le veut la tradition, DSH est également sorti dans une version dite "deluxe, limitée, machin, truc", avec deux titres en plus, deux titres parfaitement dispensables surtout que l’album semble déjà interminable. Cela dit, pour différencier les deux versions, cette version deluxe est proposée avec une pochette colorée, ce qui est sympathique et bien pensé. M’enfin, achetez la version normale, hein.

Tracklist de Diamond Star Halos :

01. Take What You Want
02. Kick
03. Fire It Up
04. This Guitar (avec Alison Krauss)
05. SOS Emergency
06. Liquid Dust
07. U Rok Mi
08. Goodbye For Good This Time
09. All We Need
10. Open Your Eyes
11. Gimme A Kiss That Rocks
12. Angels (Can’t Help You Now)
13. Lifeless (avec Alison Krauss)
14. Unbreakable
15. From Here To Eternity