Les fans le savent, Decapitated n’est plus le pur groupe de death qu’il a été à ses débuts lors de la vague (déferlante serait plus précis) death polonaise des années 2000. La musique du groupe a évolué délaissant les origines pour aller vers des registres toujours aussi coriaces mais plus thrashisants, plus techniques. Le groupe n’en reviendra probablement pas et ce point est entendu, la dynamique étant maintenue. A l’instar du dernier Gojira, l’influence Sepultura se fait sentir, cela ne devrait pas trop déplaire. Le dernier disque des Polonais date de 2017 et s’il a fallu attendre cinq années, ce n’est pas forcément du fait du groupe qui a (encore) connu quelques contrariétés. Une accusation de harcèlement sexuel aux Etats-Unis (classée sans suite au final) a mis en stand-by le groupe un temps. On sait que Decapitated a connu son lot de malheurs et on se doute que cette délicate histoire a dû laisser des traces. Plus sympa, le guitariste Waclaw « Vogg » Kieltyka a participé à l’hallucinante tournée anniversaire de Burn My Eyes au sein de Machine Head. Expérience qu’on image géniale pour le guitariste à jouer un répertoire de haut vol. L’intéressé dit d’ailleurs avoir dû s’impliquer pour être au niveau technique. Rien d’insurmontable pour un musicien de son niveau mais un bon challenge, dans un registre différent. On notera que Robb Flynn lui rend la pareille intervenant sur le titre Iconoclast. Puisque j’aborde les invités, une certaine Tatiana Shmayluk (Jinjer) qu’on a hâte de retrouver avec son groupe cet été sur les Fest, vient aussi pousser quelques hurlements sur le single Hello Death. Sacrée brochette d’invités tout de même !!!

Le groupe a aussi verrouillé sa section rythmique validant les choix récents, confirmant James Stewart comme membre officiel. On se doute qu’après de tels remous, un peu de stabilité ne fera pas de mal. Ce qui sera plus positivement douloureux, c’est la puissance de la production, la bestialité de l’ensemble. Bien qu’actant vers un death plus technique, Decapitated garde ses fondamentaux et ça tape. Très dur. La petite quarantaine de minutes (trente-sept pour être précis !) laisse l’auditeur penaud en lui infligeant en une petite mi-temps de rugby une vraie baffe. Le groupe a récemment réalisé une tournée spéciale vingt-cinquième anniversaire mettant par là en valeur un parcours certes tragique mais faisant preuve d’une bien belle résilience et d’une capacité d’adaptation assez hors norme (un trait de caractère de cet admirable peuple polonais, assurément). Sur ces bases, Decapitated s’appuie intelligemment mais dans une volonté d’aller de l’avant louable. Meilleur des deux mondes au final qu’un groupe qui évolue de manière naturelle. Reste que la production, servant idéalement les compos, reste massive. Il en ressort aussi un côté parfois monolithique (sur le son) et si le tout propose une belle densité, aucun titre ne ressort vraiment du lot, prix à payer mécanique de ce genre de production. Mais tout de même, quelle efficacité !!!! Bluffant. Un énième « retour » qui fait plaisir. 

Tracklist de Cancel Culture :

01. From The Nothingness With Love
02. Cancel Culture
03. Just A Cigarette
04. No Cure
05. Hello Death (feat. Tatiana Shmayluk)
06. Iconoclast (feat. Robb Flynn)
07. Suicidal Space Program
08. Locked
09. Hours As Battlegrounds
10. Last Supper