Artiste/Groupe:

Crippled Black Phoenix

CD:

Banefyre

Date de sortie:

Septembre 2022

Label:

Season Of Mist

Style:

Dark Post-Rock

Chroniqueur:

ced12

Note:

17/20

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Il m’en aura fallu du temps pour la proposer cette chronique. Et encore j’ai la sensation qu’il m’en aurait encore fallu histoire de vraiment appréhender la bête. En plus, le précédent disque Ellengaest m’avait bluffé et certains extraits ne m’ont toujours pas lâchés depuis. Et je fais partie de ceux qui ont parfois du mal avec le disque "d’après" un précédent beaucoup écouté avec toujours ce premier sentiment de "déception" tant j’en attends trop et que j’écoute avec un biais. C’est que ce Ellengaest avait pris tout le monde par surprises, le groupe ayant au préalable basculé dans un dark rock aux guitares très "lourdes" moins plaisant pour moi.  Clairement Crippled Black Phoenix avait perdu de sa superbe après des débuts enthousiasmants. Perdant son précédent chanteur, Justin Greaves avait eu recours à un système de guests pour épauler l’excellente Belinda Korlic. Si le résultat était inégal, certains titres touchaient au sublime et Crippled Black Phoenix retrouvait cette capacité à à pondre quelques pistes mémorables.

Avec ce Banefyre, autant ne pas tourner autour du pot, on va retrouver ce même sentiment avec d’immenses passages / titres et d’autres moins emballants. Il est vrai que le maître d’œuvre Justin Greaves y est allé fort. Double-album, treize pistes, près d’une heure trente de musique, ce n’est plus de la générosité, c’en est trop pour tout assimiler. Où j’en reviens à mon point initial. Honnêtement impossible d’écouter cela d’un bloc pour cause d’excès d’informations. CBP propose même quatre pistes de plus de dix minutes certaines n’’étant pas évidentes à assimiler. Prenons Rose Of Jericho, étrange, construite avec des chœurs dès les premières minutes avant une grande bascule pour un changement d’ambiance déconcertant ... mais très réussi. Les guitares vers les six minutes sont sublimissimes, lumineuses, l’atmosphère haut de gamme. Du Crippled Black Phoenix à son meilleur. Joel Segerstedt a été titularisé au chant, certains n’aimant pas forcément son approche assez popisante, personnellement je trouve que ça fonctionne plutôt pas mal mais pas systématiquement il est vrai.

Autre point perturbant, le démarrage du disque est plutôt catchy avec les deux très bonnes Wyches And Basterdz et sa mélodie envoûtante puis la très lourde Ghostland (aux vocalises haut de gamme de Belinda Korlic). Il faut attendre le milieu de ce double-album pour que les longues pistes n’apparaissent. Down The Rabbit Hole renvoyant à Alice Aux Pays des Merveilles fonctionne bien avec encore une Belinda en lévitation et une atmosphère post-rock digne de la grande époque du milieu des années 2000 où l’esprit du grand Pink Floyd continue de résonner. On retrouve la thématique des animaux jusqu’à l’artwork totalement dans un autre esprit que celui d’Ellengaest. On quitte les références au grand Dostoïevski pour aller vers les contes pour enfants. Encore un grand écart chez l’éclectique Justin Greaves à l’univers d’une rare richesse même si parfois trop référencé (et plus ou moins ouvertement politisé avec la défense des opprimés en toile de fond). On trouve d’autres très beaux moments sur ce Banefyre (The Pilgrim, Everything Is Beautiful But Us) mais il n’en demeure pas moins qu’un sentiment de trop se fait sentir et l’écoute complète, comme déjà évoquée, est de l’ordre de l’impossible. Je n’ai plus l’appétit de mes vingt ans (heureusement !) et je reste persuadé qu’écrite un mois plus tard, cette chronique aurait mis d’autres moments en valeur.

Il n’en reste pas moins que si ce ressenti d’excès reste prégnant, il se passe quelque chose ici et ce nouvel effort mérite vraiment le détour. Justin Greaves a probablement poussé son concept trop loin avec un excès d’informations. Ce disque s’adresse de fait à des initiés de la cause dark-rock / post-rock. Pour celles et ceux voulant découvrir Crippled black Phoenix, on les renverra plus volontiers vers Ellengaest plus accessible mais ce Banefyre mérite tout autant d’éloges. Oui il m’a fallu du temps pour proposer cette chronique mais je continue d’y revenir sur ce Banefyre. C’est un gage de qualité non ?

 

Tracklist de Banefyre :

01. Incantation For The Different
02. Wyches And Basterdz
03. Ghostland
04. The Reckoning
05. Bonefyre
06. Rose Of Jericho
07. Blackout77
08. Down The Rabbit Hole
09. Everything Is Beautiful But Us
10. The Pilgrim
11. I Am Ok, Just Not Alright
12. The Scene Is A False Prophet
13. No Regrets

 

 

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