Collectif détonnant dirigé par Justin Greaves, Crippled Black Phoenix a un fonctionnement quelque peu atypique. Ce groupe / projet protéiforme avait connu des débuts fracassants avec des véritables pépites tels We Forgotten Who We Are, Burt Reynolds dans une pure veine post-rock très influencé par les immenses Pink Floyd ou autre Arcade Fire notamment. Le groupe a ensuite évolué vers des contrées plus dark se taillant un joli succès d'estime chez les fans de post-black notamment. Il est remarquable que le groupe soit enfin venu jouer en live en 2019 pour des concerts en tous points remarquables (et en particulier de s'être attaqué au divin Echoes du flamand rose même s'il est par principe impossible d'atteindre le niveau de la version Live At Pompéi des Maîtres du Genre).

Justin Greaves a annoncé qu'à partir de ce Ellengaest, un nouveau cycle s'enclenchait et pour ce faire, il a procédé à un resserrement du line-up autour de Andy Taylor à la guitare, de la vocaliste Belinda Jordic ainsi que Helen Stanley aux claviers (entre autres ; oui, chez CBP, on est multi fonction). Ce doit toutefois être plus fort que lui, il y a encore des invités à foison avec Vincent Cavanagh (qui vient de mettre Anathema en pause) sur l'excellente et très bien construite House Of Fools (qui renvoie aux premiers disques du groupe), Ghaal sur In The Night où CPD est sur un registre déjà plus lourd ou encore Jonathan Hulten (Tribulation) venu déposer un petit solo sur The Invisible Past. Au niveau du chant, ça se relaie entre Belinda, à la voix toujours aussi plaisante, et les différents chanteurs se relayant comme Ryan Patterson (encore un guest) sur l'époustouflante Cry Of Love, LE morceau démentiel de ce Ellengaest.

La liste des guests est un peu longue, je m'en excuse mais elle présente un réel atout. Notez les artistes / groupes concernés et une tendance se dessine non ? Des groupes bien "dark" et cela résume bien l'esprit de ce disque. Si ce n'est pas suffisant pour appuyer mon point, checkez-moi cet artwork. L'épisode du Grand Inquisiteur de Dostoïevski revisité à la sauce black ? Musicalement, le rendu est impressionnant sur les premiers titres. Les vocaux (où l'influence d'un Nick Cave peut se faire ressentir) de House Of Fools sont excellents et les guitares nous emmènent sur un post-rock aux guitares très lourdes. Même ressenti sur In The Night, sombre avant une montée en puissance des guitares typique de CBP. Le groupe maîtrise à merveille ce registre. Ah, on connaît son Pink Floyd !! Cry Of Love, déjà cité, lorgne vers une ambiance très Sisters Of Mercy (oui, toujours aussi joyeuses, les références).

Pour relativiser un peu ce disque, comme souvent chez CBP, je trouve que les morceaux dans les différents albums sont assez inégaux et là encore, la fin de ce disque est un peu en deçà après un démarrage franchement impressionnant. Au vu du registre proposé, il n'est pas illogique que tout ne puisse pas fonctionner. Rien de rédhibitoire, ce Ellengaest est une pépite de post-rock. Délibérément sombre, la musique du groupe réussit encore la performance de rester "lumineuse" tout en assénant des messages bien sentis (Lost qui a le mérite de bien décrire son époque sur le plan spirituel). Un disque impérial, à la musicalité remarquable pour une formation définitivement passionnante.   

Tracklist de Ellengaest :

01. House Of Fools
02. Lost
03. In The Night
04. Cry Of Love
05. Everything I Say
06. (-)
07. The Invisible Past
08. She's In Parties