A la base il y a ce visuel du nom du groupe qui envoie un message biaisé d’entrée. Non Chat Pile n’est pas un groupe de deathcore. Pas plus un groupe de hardcore. Je dis cela car l’artwork de ce Cool World m’a fait penser à celle du dernier album en date de Knocked Loose avec cette croix. Géographiquement, nous ne sommes pas loin de ces derniers car Chat Pile nous vient de l’Oklahoma et de sa principale ville appelée par les pionniers avec leur légendaire imagination Oklahoma City. Si le nom du groupe pourrait sonner cohérent en français, la référence n’est pas cet animal prédateur adoré de certain(e)s et exécré par d’autres mais des déchets contaminés au plomb que l’on peut retrouver dans cette région aux folles ressources naturelles. Déjà ça vous plante le décor ! 

La musique des américains tend vers le sludge avec des éléments post-hardcore (on s’y retrouve un peu plus), noise rock et alternatif. A noter d’entrée que la présence du groupe sur l’affiche du Hellfest 2025 a généré des commentaires très positifs, ce qui montre une petite hyper autour de ce groupe. L’ouverture I Am Dog Now est assez typiquement sludge, poisseuse à souhait. Shame en seconde piste m’a semblé plus intéressante car j’ai repéré ce qui me semble une influence majeure du combo à savoir les Pixies. Le chant quasi parlé renvoie immédiatement au groupe produit par Steve Albini et le son (des guitares notamment) aux productions de ce dernier. C’est au passage un phénomène que l’on retrouve avec cette influence (Turnstile au hasard) en version bien plus énervée il est vrai. Sur le même morceau Shame l’intro m’a en outre rappelé le mythique riff de 1979 des Smashing Pumpkins ce qui n’a fait que renforcer mon sentiment sur les aspects rock alternatif. Plus globalement, Chat Pile a un petit côté 90’s et c’est un régal. Voilà en outre une autre tendance naturelle bien normale tant les 60’s, 70’s et 80’s ont pu inspirer les générations suivantes. Le tour des 90’s est arrivé et les 2000’s ne sauront tarder (encore un peu de patience). Les jeunes influencés par ces années étant désormais à la manœuvre c’est un phénomène somme toute assez logique.

Le chant de Raygun Busch se remarque et se fait assez personnel et varié le garçon étant capable de bien s’énerver ce qui ne gâche rien, bien au contraire. C’est en tout cas parfait pour le style. La guitare de Luther Manhole est vraiment très sympa avec ce côté rock alternatif déjà évoqué (excellente ligne sur The New World). La section rythmique est gérée par Stin (basse) et Cap’n Ron (batterie) tient la route et assure un très bon job. On trouve quelques riffs bien costauds (Funny Man, Camcorder) mais la dimension vocale ne rend jamais l’ensemble trop agressif ni trop poisseuse. Les vocaux de Raygun Busch sont très bien intégrés à la musique du groupe. L‘atmosphère générale reste désespérément sombre notamment, ça reste sombre, presque boueux même (ok sludge quoi !). L’ensemble malmène l’auditeur car tout cela est très tourmenté presque charbonneux. Si une époque pouvait être définie par la musique qu’elle engendre (après tout l’Art n’est-il pas autre chose que le reflet d’un monde, d’une Epoque ?) alors Chat Pile ne nous rassure pas. Le talent est là, la versatilité de Raygun Busch impressionne (vocalement j’y reviens mais c’est assez dingue sa performance sur ces presque trois quarts d’heure) et si la lumière semble au bout du tunnel, cela passe par une expiation salutaire. Ce qui nous renvoie à cet artwork finalement pas si incohérent. On évitera de commenter les vidéos franchement laides visuellement, ce qui est un parti pris j’entends mais tout de même, c’est vraiment pas beau. Sacrée expérience auditive que ce disque de Chat Pile, groupe épatant, à réserver aux amateurs de musiques poisseuses.