Phénomène de la scène metalcore, Bring Me The Horizon est un groupe intéressant et parfait symptôme permettant d’analyser la trajectoire d’ensemble d’un style musical rencontrant autant de succès (chez un public jeune) que de critiques (chez un public moins jeune). Originaire d’Angleterre, le groupe s’est formé en 2004 autour d’Oliver Sykes (chant), Matt Kean (basse), Lee Malia (guitare) et Matt Nicholls (batterie). C’est seulement un an plus tard que sort le morceau This Is What the Edge of Your Seat Was Made For. Un premier album a rapidement suivi, Count Your Blessings. Le groupe connaît un succès rapide en adoptant un style deathcore et hardcore. En 2008, leur ascension se poursuit avec la sortie de leur second album (Suicide Season), et BMTH enchaîne tournées et collaborations, notamment avec Arch Enemy et I Killed The Prom Queen, à travers l’Europe et l’Amérique. Leur musique se distingue par son caractère brut et agressif, renforcé par des prestations théâtrales qui leur ont permis de se forger une solide réputation. Au fil de leur carrière, le groupe a souvent évolué en changeant de style, explorant des genres tels que le post-rock, le pop metal et l’électro-rock à l’instar d’une scène metalcore délaissant l’agressivité primitive des débuts pour des formules plus élaborées n’hésitant à aller taquiner d’autres styles. 

Comme ses collègues issus de cette décennie 2000 si prolifique sur ce registre, BMTH a d’entrée suscité des réactions mitigées. D’une part, sa brutalité a séduit de nombreux fans, tandis que d’autre part, certains ont critiqué l’absence de mélodie et de structure. Néanmoins, le succès était là, le public bien présent permettant aux anglais d’investir les scènes. Gros créneau en festival, succès croissant, BMTH a poursuivi son très beau parcours et le retour au premier plan de la scène metalcore depuis quelques années a bénéficié au groupe très attendu désormais. Avec son statut de précurseur, son savoir-faire, son côté précurseur BMTH ayant vite été taquiné du côté de sonorités plus pop, plus cathy. Sur la durée, l’évolution du groupe parti d’un deathcore assez brutal pour aller vers une formule toujours plus rock, stade-compatible, reste assez classique d’une scène metalcore où le plan de carrière ressemble à ça : à la violence et à l’énergie juvénile des débuts se substitue dans le temps un metalcore élargi, soit plus électro, soit plus pop, soit plus heavy. Pour BMTH, c’est l’aspect électro qui a été retenu et le groupe fait merveille avec l’utilisation des machines (Throne, Can You Feel My Heart). 

Ce qui est intéressant avec ce nouvel album paru en 2024, c’est que chaque single présente une grande diversité, ce qui constitue l’une des forces du groupe. Ce titre, Post Human, fait partie d’une série d’albums au concept élaboré (démarré en 2020), comme l’indique le titre lui-même. Les paroles de cet album sont fortement axées sur la santé mentale. Après Post Human : Survival Horror, qui offrait une vision très post apocalyptique, ce nouvel album adopte une approche beaucoup plus futuriste. Cela se manifeste à travers les différentes symphonies électro, intégrant des sons d’ordinateurs et une introduction robotique. 

Ce mélange d’électro-pop et de sections très heavy nous confronte à une palette d’émotions variées. Cette combinaison permet au groupe de se réinventer en permanence, tout en restant moderne et audacieux, avec des sons qui s’avèrent rapidement entraînants. La collaboration avec Aurora représente l’alliance parfaite entre brutalité et douceur, offrant une immersion complète à l’auditeur. Le groupe s’investit pleinement dans ses idées et propose des performances scéniques très élaborées. Leurs concerts intègrent également des projections holographiques en lien avec leur album et l’univers qu’ils ont créé, permettant ainsi une immersion encore plus profonde. Il y a un univers assez élaboré et le groupe a su construire une fan-base loyale, fidèle, avec un côté geek assumé. En effet, le combo qui doit son nom à une réplique de Pirates des Caraïbes (« Maintenant, apportez-moi cet horizon ») reprend l’aspect Easter Egg. Concrètement, Les sons de leur musique regorgent de messages cryptés et d’URLs dissimulées, offrant un accès à du contenu exclusif du groupe. Une communauté de fans collabore pour déchiffrer tous les secrets que le groupe aurait pu laisser derrière lui. Par exemple, ils ont utilisé des spectrogrammes des ondes sonores pour révéler des visuels ou des messages cachés, créant ainsi une connexion beaucoup plus forte entre le groupe et ses fans. Il faut adhérer au concept, mais la démarche reste intéressante et à saluer (en plus de régaler un auditoire jeune forcément plus à l’aise avec les nouvelles technologies). 

Groupe résolument orienté vers un public jeune, proposant une musique résolument moderne nécessitant une grande ouverture d’esprit, BMTH est une référence, offrant des concerts énergiques avec une vraie dimension visuelle (sincèrement rarement vu une scène aussi « belle . Musicalement, c’est plus déstabilisant mais le groupe à son public et fait partie des pointures modernes.