Artiste/Groupe:

Bring Me The Horizon

CD:

Suicide Season

Date de sortie:

2008

Label:

Epitaph records

Style:

Deathcore / Metalcore

Chroniqueur:

ced12

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Parmi les hauts lieux géographiques de la musique anglaise, Sheffield tient une place à part. Pour notre musique, on pense évidemment à Def Leppard dont le délirant succès aux USA dans les 80’s a laissé un souvenir mitigé entre carton commercial et renoncement artistique devant les velléités d’un producteur surdoué. Moins dans notre périmètre, les Arctic Monkeys, à une bien plus faible échelle (qualitative et commerciale), ont eux aussi connu un grand succès. Et toujours dans la décennie 2000, Bring Me The Horizon a confirmé les bonnes ondes du Yorkshire avec des groupes locaux motivés. Formé de divers membres de la scène locale, Bring Me The Horizon doit son patronyme à une réplique de Pirates des Caraïbes, autre grand succès de cette époque. Les puristes pesteront d’emblée sur ce nom de groupe et plus globalement sur toute cette scène deathcore / metalcore british de cette décennie avec en figure de proue Avenged Sevenfold ou Bullet For My Valentine (pour la version galloise). Construite dans la continuité d’une scène néo metal contestée, ce registre allait rapidement exaspérer tombant comme trop souvent dans divers excès (déferlement de groupes se ressemblant trop, ultra-agressivité musicale, alternance chant clair / chant growlé devenue caricaturale, les mèches, etc.). Néanmoins, on a vite retrouvé ce cycle désormais connu : arrivée concomitante de plusieurs groupes doués proposant une formule novatrice provenant souvent d’un même espace géographique, succès commercial, afflux de formations « suiveuses », essoufflement de la scène, groupes précurseurs accédant a posteriori à un statut « culte ». Cela est bien sûr simpliste, mériterait nuances et précisions comme le fait que quelques groupes délaissent leur registre initial pour modifier / élargir son offre (toutes ressemblances avec la scène thrash du milieu des 80’s, le grunge, le néo des années 90 ne seraient pas purement fortuites). Parmi ces groupes aventureux de cette scène deathcore des années 2005 et suivantes, Bring Me The Horizon est des plus intéressants. Avec une trajectoire d’ensemble pouvant faire penser à un Metallica avec des débuts prometteurs, une agressivité maximale, un succès commercial dès leur démarrage, avant de devenir plus tard plus heavy, plus rock, plus grand public. Aujourd’hui, il est vrai que BMTH est devenu bien mainstream avec de vrais hymnes arena-compatibles, des apports électro, des shows ultra pros avec grosse production (quand je les compare à Metallica, je ne plaisante pas), une présence en tête d’affiche de plus grands festivals... bref, une immense pointure. On notera aussi que tout au long de cette carrière, des critiques sévères ont toujours accompagné chaque sortie du groupe suscitant parfois un sentiment d’acharnement un peu gratuit. 

Mais en 2008, BMTH n’en était pas encore là, assurant alors un deathcore / metalcore bas du front qui a pas mal marqué une génération alors friande de ces missiles bien agressifs. Bien lancés par un Count Your Blessings bien reçu en 2006 avec un public déjà présent, les musiciens ont enchainé en 2008 avec ce Suicide Season quelque peu différent de son prédécesseur, plus expérimental et offrant déjà des évolutions de style. Dès le début, BMTH montrait une volonté d’élargir son spectre musical. Pour autant, le groupe connaissait parfois des accueils houleux sur scène (alors que BMTH ouvrait pour Killswitch Engage par exemple) d’une frange hargneuse du public. Avec le recul, on reste surpris devant le rejet que certains groupes de cette scène ont pu expérimenter alors (quand la scène néo avait plus subi l’ignorance de médias mainstream généraliste). Avec l’envie de proposer plus, le chanteur Oliver Sykes et le guitariste Lee Malia avaient envisagé ce Suicide Season comme un « ça passe ou ça casse » et se sont donnés les moyens de « passer ». Composition et enregistrement dans un village perdu en Suède, recours au producteur référentiel death mélo Fredrik Nordström. Sûr que ça dû les changer de la frénétique Birmingham, lieu retenu lors du premier disque. On ne s’étonnera donc pas d’un résultat plus éclectique, déjà un peu moins deathcore. Dans la lointaine continuité d’un Linkin Park, ce Suicide Season a connu sa version de remixes sans que cela n’ait eu, à mon sens, de réelle valeur ajoutée.

Moyennement reçue par une critique peu amène avec ces jeunes groupes, l’évolution musicale ayant naturellement divisé presse et fans entre les admirateurs du deathcore des débuts et celles et ceux validant la prise de risque, BMTH a malgré cela trouvé son public et surtout, fait plus surprenant, vu ce Suicide Season quelque peu réhabilité a posteriori surtout avec le succès croissant des années suivantes. BMTH poursuivra par la suite sa trajectoire avec son troisième album, There Is a Hell, Believe Me I’ve Seen It. There Is a Heaven, Let’s Keep It a Secret (sacré titre à rallonge !!), mais c’est plus tard avec That’s The Spirit, leur « Black Album » et son grand changement de registre vers un metal commercial, que la véritable consécration commerciale aura lieu. Sur l’aspect artistique, ça continue de pester (logique avec le succès) mais on ne peut reprocher un sens du tube aux Anglais (Throne). Suicide Season, album validant une sortie artistique d’un deathcore bas du front tient donc une bonne place dans la carrière du groupe proposant d’emblée des éléments majeurs de leur approche artistique. Un groupe bien sympa, devenu géant, à découvrir au-delà des clichés et d’une réputation un peu injuste à mon sens.


Tracklist de Suicide Season :

01. The Comedown
02. Chelsea Smile
03. It Was Written In Blood
04. Death Breath
05. Football Season Is Over 
06. Sleep With One Eye Open
07. Diamonds Aren’t Forever
08. The Sadness Will Never end
09. No Need For Introductions, I’ve Read About Girls Like You On The Backs Of Toilet Doors
10. Suicide Season
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