Black Sabbath

Artiste/Groupe

Black Sabbath

CD

13

Date de sortie

Juin 2013

Label

Style

Heavy Metal

Chroniqueur

Orion

Note Orion

11/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Attention, événement !
Alors que les groupes qui revendiquent son héritage ne se comptent même plus, revoici la légende du Heavy Metal, la vraie, celle qui est à l'origine de tout : Black Sabbath !
Si vous avez un peu suivi l'histoire de ce groupe, vous savez que les tentatives de reconstituer le line-up originel ne datent pas d'hier. La dernière en date fut à l'occasion des concerts de reformation qui se soldèrent par un live en 1998 (Reunion) et puis... plus rien. Quelques années plus tard, Tony Iommi et Geezer Butler retrouvèrent le second chanteur emblématique du groupe, Ronnie James Dio et le batteur Vinnie Appice mais n'eurent pas le droit d'utiliser le nom Black Sabbath (Ozzy s'y opposant). Un album a tout de même été publié mais sous le nom de Heaven And Hell. Cette épisode prit fin avec la mort de Ronnie James et c'est alors que les rumeurs de la reformation du line-up originel avec Bill Ward et Ozzy reprirent de plus belle... jusqu'à ce que le groupe l'annonce officiellement. Mais comme les choses ne sont jamais simples avec Black Sabbath, entre cette annonce et cet album, il s'est passé un bon laps de temps qui a vu le désistement de Bill Ward. Ou plus exactement son éviction car, d'après Ozzy, Bill ne semblait plus capable de tenir la batterie ("il devait s'aider de post-it sur sa batterie pour se rappeler où taper quand il jouait"). C’est donc Brad Wilk (ex-Rage Against The Machine) qui joue sur l’album.
Bref, ça fait donc un bon paquet d’années que certains attendaient ce retour. Maintenant, derrière l’euphorie que cela ne va pas manquer d’engendrer, il ne faut pas oublier que ce n’est pas exactement le line-up légendaire qui est de retour puisqu’il manque Bill Ward et surtout, si vous vous souvenez bien, que les deux morceaux inédits de l’époque du live Reunion (et donc les seuls morceaux écrits depuis la séparation de 1978) n’étaient pas ce qu’on peut appeler des morceaux d’anthologie. C’est donc en tant que fan de la formation des années 70, certes, mais avec aussi un certain scepticisme que j’abordais ce nouvel album.
C’est comme ça, quand des légendes telles que Black Sabbath se reforment, l'attente est énorme. Cela aboutit parfois à de belles réussites, saluées par la critique (comme le Perfect Strangers de Deep Purple) parfois à des ploufs retentissants comme le Done With Mirrors de Aerosmith (heureusement bien rattrapé par ses successeurs). Black Sabbath peut-il encore surprendre ? Black Sabbath peut-il rallumer une flamme éteinte depuis des années ? Black Sabbath peut-il encore créer des morceaux aussi monstrueux que War Pigs, Paranoid ou Sweet Leaf ?

Black Sabbath est donc de retour et on dirait, dès les premières mesures, que le groupe cherche à nous rappeler qu’il fut l’auteur de grands morceaux et le fait de manière peu subtile. Le début de End Of The Beginning a une forte ressemblance avec Black Sabbath (le morceau). Le clin d’œil est évident et le morceau est correct dans son ensemble mais est-ce que ça ne sentirait pas déjà le manque d’inspiration ? De plus, le premier solo de ce morceau ne fait pas du tout Sabbatien. Sur le second, oui, on retrouve bien la patte de Iommi. Bref, un premier titre qui ne déchaîne pas l’euphorie, loin de là. De même, un peu plus loin, Zeitgeist nous refait le coup de Planet Caravan. En moins bien forcément. Je veux dire par là que, au niveau de la comparaison plus ou moins voulue par le groupe, ce n’est pas à l’avantage de ces deux nouveaux morceaux.
God Is Dead, le titre que tout le monde connaît déjà, manque singulièrement de magie même s’il est, lui aussi, correct dans son ensemble. Mais il est bien trop long. Deux minutes de moins l’auraient sans doute rendu plus attractif. Et ce côté répétitif, on le rencontre souvent dans cet album. Faire durer les morceaux au-delà du raisonnable, n'est-ce pas aussi symptomatique d'un manque d'inspiration ? 
On continue avec The Loner qui fait plus penser à du Ozzy en solo qu’à du Sabbath. Pas un mauvais morceau en soi mais on garde cette impression que l'album ne décolle pas.
En revanche, Age Of Reason sonne bien comme du Sabbath mais, n’en déplaise à Ozzy, à du Black Sabbath époque Dio (et donc Heaven And Hell). D’une certaine manière, c’est logique. Le travail le plus récent de Iommi et Butler, c’est The Devil You Know. Le riff est bien lourd et assez entraînant et le solo de guitare de ce morceau est monstrueux, on y retrouve le grand Tony Iommi. Live Forever est aussi dans cette optique. On aurait bien vu Dio chanter ces deux morceaux. A ce propos, si Ronnie James avait encore énormément de ressources vocales à l’époque de l’enregistrement de The Devil You Know, on n’en dira pas autant de Ozzy. Il ne peut plus faire grand chose avec sa voix et cela ajoute, je pense, une certaine monotonie à l'ensemble. Et c’est bien là que le bât blesse. Sur les longs morceaux, autant le Sabbath des années 70 savait faire varier les plaisirs, autant ici on se retrouve avec quelques titres trop répétitifs (God Is Dead, Damaged Soul, Dear Father). Ca rend certains passages assez soporifiques. Et donc, si l’ensemble s’écoute (mais peut-on écrire de mauvais morceaux avec une telle expérience ?), on est forcément déçu. Déçu car il ne faut pas oublier que cet album est le fruit d’un travail d’au moins deux ans de composition. Tout ça pour ça, aurait-on envie de conclure...
J’ai aussi un autre regret : 13 a un son trop moderne, trop actuel, trop dépersonnalisé. J’aurais préféré quelque chose de plus vintage, plus "retour aux sources". Après tout, c'est la mode en ce moment. Certains groupes arrivent aujourd’hui à rendre parfaitement cette atmosphère seventies (je pense à Spiritual Beggars ou Witchcraft entre autres), c’est dommage que le Sabbath de 2013 n’ait pas voulu (osé ?) jouer cette carte.
La fin de l’album, avec sa pluie et ses cloches, nous renvoie évidemment de nouveau au premier album qui commençait de la sorte. La boucle est bouclée semble vouloir nous dire cette outro. Mais bouclée sur quoi ?

Sur l’édition limitée, un second CD renferme trois titres inédits. Comment dire ? De nouveau, on a l’impression d’écouter du Ozzy en solo (et pas du plus inspiré), pas du Black Sabbath. Ces morceaux ne m’apparaissent pas franchement utiles. Du reste, le groupe a peut-être eu la même opinion, d’où l’idée de les offrir en bonus.

Alors, le grand retour espéré ? Pas vraiment. Mais je ne suis pas surpris car finalement, je n’attendais pas grand chose de cet album. Black Sabbath est un très grand groupe, une légende et ce 13 ne lui rend pas justice. Inutile de comparer ce disque avec la prestigieuse période qu’il cherche à nous rappeler. Même Technical Ecstasy et Never Say Die m’apparaissent plus intéressants car ils contenaient tous les deux quelques morceaux d’anthologie. 13 n’en comprend aucun me semble-t-il. Plus grave, si l’on compare cet album avec ceux des jeunes groupes qui revendiquent l’héritage Black Sabbath à l'heure actuelle, il ne fait pas le poids non plus.
Il faut se rendre à l’évidence, Black Sabbath appartient au passé. Nous serons évidemment toujours heureux de les voir en concert nous jouer les hymnes immortels que sont devenus War Pigs, Black Sabbath, Paranoid et autre Iron Man… et nous prendrons notre mal en patience quand ils joueront God Is Dead ou un autre titre de cet album. D'ailleurs, seront-ils nombreux, les fans du groupe, à réclamer ces nouveaux morceaux lors des prochains concerts du Sab' ? On peut se poser la question...

 

Tracklist de 13 :

01. End Of The Beginning
02. God Is Dead
03. Loner
04. Zeitgeist
05. Age Of Reason
06. Live Forever
07. Damaged Soul
08. Dear Father

CD 2 de l'édition limitée :

01. Methademic
02. Peace Of Mind
03. Pariah

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