Après plus d’un quart de siècle de passion pour notre musique préférée, ce que j’aime le plus, c’est de continuer à découvrir de nouveaux groupes talentueux. Et dans le genre, le petit nouveau se pose là. En effet, Belnejoum pointe le bout de son nez en ce début de printemps, et n’est pas là pour faire de la figuration. Alors si le groupe en lui-même est effectivement nouveau, il est composé de membres de groupes, qui eux, le sont beaucoup moins ! Mohamed Baligh a créé le groupe, et a enrôlé avec lui entre autres George Kollias (Nile) à la batterie, Francesco Ferrini (Fleshgod Apocalypse) pour les arrangements orchestraux, Fabio Bartoletti (Fleshgod Apocalypse) à la guitare et Rich Gray (Annihilator) à la basse. Forcément, ça cause maintenant. Alors que nous propose Belnejoum comme style ? Eh bien un bon gros Black Metal Symphonique taillé pour les fans de Dimmu Borgir, avec s’il vous plaît l’apport de véritables instruments comme le violon ou le violoncelle. Mais le principal attrait, c’est l’ajout du Ney, une flûte en bambou utilisée dans les mondes arabes, turc et persan. Cet instrument apporte la touche orientale à l’album, en plus de la chanteuse Tamara Jokic, qui intervient pour appuyer le côté Orientale de certaines compositions.
Au niveau de la thématique de l’album, vu le titre on a une légère idée ! Voici ce qu’indique en détail le groupe : "Dark Tales of Zarathustra raconte l’histoire de la corruption et de la folie de Zarathustra. L’histoire suit son attaque sur la capitale et sa destruction, sa soumission à Ahriman, et l’histoire parallèle d’un enfant et de sa mère, massacrés lors de l’attaque de Zarathustra et réunis plus tard dans la mort. Le prophète se rend ensuite aux Enfers sur le dos d’un démon nommé Aeshma. Là, il est témoin des horreurs de l’Enfer, composé d’aquariums sombres où les humains sont piégés. Dans une autre histoire parallèle, un enfant est piégé dans l’un de ces aquariums. Le prophète revient sur Terre et extermine les humains restants. Il regarde la Terre brûler et décide de se suicider, ne voyant plus de sens à la vie." Un vaste programme fort sympathique en somme. Difficile de parler du thème sans évoquer la pochette. Il faut souligner là un véritable travail de la peintre Joanna Maeyens, à l’heure où les IA prennent le pouvoir. Et bravo au label Antiq de proposer une interview de l’artiste sur sa chaîne Youtube, dans laquelle elle explique la signification, ses méthodes de travail etc. Bref, passionnant et à mettre en avant !
Après cette longue mais indispensable introduction, place au plus important, la musique ! L’album se compose de dix titres. Cinq "vrais" et cinq interludes / instrumentaux, ce qui ajoute au côté cinématographique de l’œuvre. Ca commence fort d’emblée avec Prophet of Desolation et ses dix minutes au compteur. Blasts, orchestrations massives, growl caverneux, aucun doute, nous sommes bien en train d’écouter du Black Symphonique. Et effectivement, la première chose qui saute aux oreilles, c’est l’influence de Dimmu Borgir période Puritanical Euphoric Misanthropia ou Death Cult Armageddon. Les chœurs sont également bien présents, mais l’originalité provient de l’apport du ney, comme évoqué plus haut. Son incorporation est parfaite et sied à merveille à la musique, en lui conférant sa touche orientale. J’ai toujours aimé les mélanges des genres quand c’est bien intégré, et là impossible de bouder son plaisir ! Autre gros pavé, Upon the Mortal Blight sera le dernier morceau imposant de l’album. Toujours impressionnant, ce titre démontre le savoir-faire de Mohamed Baligh en terme de composition. Le solo de guitare épique à la fin est bien sympa également.
Entre ces deux gros morceaux, on retrouve d’autres plus concis et plus simples à apprivoiser. Tower of Silence avec sa ligne mélodique au ney est superbe de tristesse. Le côté oriental est mis en avant ici, tout en continuant à s’ancrer dans le Black Symphonique. Superbe d’efficacité. On Aeshma’s Wings débute avec un solo de violon. Et quel bonheur d’avoir de vrais instruments, cela apporte une belle touche d’authenticité, et change du clavier ! Le violon interviendra à plusieurs reprises au sein du morceau, et allège parfaitement l’ensemble massif. Belle dualité. Dernier gros titre, In their Darkest Aquarium qui a l’excellente idée de reprendre la mélodie du Carnaval des Animaux de Camille Saint Saëns (partie Aquarium), que vous connaissez tous. Mélodie reprise au ney, bien-sûr ! On aura droit également à un solo de guitare de style néo classique pas déplaisant, et pour le reste, toujours aussi costaud. Comme indiqué plus haut, le reste de l’album est ponctué de titres instrumentaux. Superbe duo violon - violoncelle + chant mélisme voire lyrique sur Elegie, solo de (vrai) piano sur As She Drowns qui peut faire penser à des travaux d’Erik Satie, et enfin The Flames, the Prophet, the Tears etZarathustra’s Last Requiem qui viennent clôturer cet album tout en douceur.
Quelle belle découverte que ce Dark Tales Of Zarathustra ! Belnejoum nous offre là un album très bien ficelé, massif (forcément difficile à apprivoiser) et très bien produit (merci Fredrik Nordström !). L’originalité de mélanger le Black Symphonique avec des mélodies orientales est bien vue et surtout très bien amenée ! L’apport de véritables instruments est bien entendu un gros plus. A l’instar de la découverte Artefacts l’année dernière, Belnejoum est la preuve que le Black Metal symphonique peut se réinventer en proposant quelques originalités au sein de ce style musical. Déjà hâte d’entendre la suite !