Mais qu’est-ce qui m’a pris d’être bête au point de vouloir chroniquer ce nouvel album de Baroness, franchement ? Parce qu’en plus, pour être tout à fait honnête, je ne suis pas le plus grand fan du groupe. Je n’ai rien contre lui, au contraire, j’aime beaucoup le Red et le Blue, mais quel cauchemar quand il faut écrire sur leurs productions... En plus, il m’arrive de m’emballer. Pas plus tard qu’il y a quatre ans, d’ailleurs, j’avais naïvement pensé que Gold And Grey allait me suivre un bon moment et que j’allais l’écouter jusqu’à me rendre zinzin. Ça n’a pas été le cas, je l’ai très vite mis de côté. Je l’ai réécouté récemment, il est toujours sympa mais bien trop dense et long pour être vraiment réussi à 100%.
De fait, vous l’aurez remarqué, j’ai un peu traîné des pattes avant de vous parler de cette nouvelle livraison. Cela fait maintenant un mois et demi qu’il est sorti, je l’ai pas mal fait tourner, je le fais encore pas mal tourner et j’ai même acheté le CD. Donc, normalement, mon avis d’aujourd’hui ne devrait pas trop bouger. Et j’ai déjà hâte d’être dans quatre ans pour chroniquer le futur album du groupe, relire ce papier et me dire "punaise, cette fois, je ne me suis pas gouré !". Ouais, j’adore avoir raison.
Mais revenons à Baroness. Quatre ans, une pandémie mondiale et pas mal de problèmes personnels plus tard, les petits gars et la fille sont de retour. Et, premier choc, ils abandonnent les couleurs : après Rouge, Bleu, Jaune et Vert, Violet et Doré et Gris, le nouvel album n’aura pas un nom chromatique. Stone, c’est son petit nom. Dieu merci, Baroness n’a pas tout changé : une fois encore, c’est Baizley qui s’occupe de la pochette et, une fois encore, elle est magnifique.
Et voilà, on arrive au paragraphe où je me confesse : je suis bien embêté. Parce qu’il m’est particulièrement compliqué de savoir quoi vous dire et ne pas vous dire sur ce disque. Forcément, j’ai envie de me lancer dans une longue diatribe pour vous dire tout le bien que j’en ai pensé, que tout est bien composé, que ça chante bien, que le nouveau batteur est génial, que Gina Gleason est la meilleure chose qui soit arrivée au groupe. J’ai même envie de vous dire que je suis ravi que Baizley et sa bande soient partis sur un album bien plus court que le précédent : 46 minutes contre une heure, c’est bien plus digeste !
Mais vous dire tout ça -enfin devrais-je dire développer tout ça- reviendrait à vous gâcher moult choses. Les surprises, déjà, puisque cet album en est rempli. On est sans arrêt étonnés, notamment par les soudaines poussées de violence qu’on n’avait pas vu venir. Mais plus que les surprises, trop développer reviendrait à vous gâcher l’écoute. Ou plutôt les écoutes. Parce que vu la qualité de l’album et sa densité, vous aurez besoin d’y revenir. Mieux que ça : vous aurez envie d’y revenir ! Parce que cette Pierre est une franche réussite, captivante, intrigante, passionnante. Foncez donc.
Oh et puis zut, je vous donne quelques petites infos, histoire de mettre l’eau à la bouche de ceux qui ne se contentent pas d’un bête "écoutez-le svp" pour les convaincre. Contrairement à l’album précédent qui partait dans toutes les directions, ce Stone est un genre de boucle -impression renforcée par le fait que le premier et le dernier morceau se répondent et se répètent- comme une bulle qui reste variée mais sans pour autant se perdre en chemin. Tiens prenez l’enchaînement des titres entre Last Word et The Dirge compris. On dirait presque un long morceau divisé en plusieurs parties : tiens, la transition entre cette fin très Mastodon-ienne de Beneath The Rose et la très bizarre Choir, elle marche super bien, non ? Et c’est encore mieux entre Choir -d’ailleurs, on croirait entendre Jigsaw sur le final- et The Dirge, l’espèce d’interlude psyché où Baizley et Gina chantent en harmonie, un peu comme ce que fait Devin Townsend sur ses passages calmes. Une très jolie première moitié de disque, je vous le dis !
La deuxième moitié se fait un poil plus classique. Pensez donc, Anodyne ressemble même à une vraie chanson, un peu rock et un peu folk, avec même quelques mélodies qui m’évoquent Ghost. Et c’est sur cette deuxième moitié qu’on retrouve celui pourrait bien être mon titre préféré de la galette : Magnolia. Pourquoi ? Parce que Magnolia est un magnifique crescendo, qui part d’une jolie intro toute douce à une fin fondamentalement bourrine et violente. Elle me rend zinzin à chaque fois ! Même la pourtant très bonne Under The Wheel parait un brin fade à côté. Et que dire de Bloom, qui ferme l’album tout en délicatesse, avec la magnifique voix de Gina qui prend le dessus sur celle de John. Bon sang, donnez plus de choses à chanter à cette femme !
Bref, voilà, je n’en dirais pas plus. Je vous invite à vous y plonger. Si vous n’avez pas aimé le dernierAvenged Sevenfold (est-ce même possible ?) qui partait trop en sucette mais que vous cherchez un album un peu barré, vous pouvez foncer. Ce Stone fera probablement partie de mes albums de l’année. Pas premier, évidemment. Ni deuxième. Je ne suis même pas sûr qu’il figurera dans mon top 5 (déjà bien occupé par Avenged, Sortilège ou Kvelertak). Mais c’est un sacré bon disque qui, je l’espère, me suivra plus longtemps que son prédécesseur.
Tracklisting de Stone :
01. Embers 02. Last Word 03. Beneath The Rose 04. Choir 05. The Dirge 06. Anodyne 07. Shine 08. Magnolia 09. Under The Wheel 10. Bloom