Artiste/Groupe:

Avenged Sevenfold

CD:

Life Is But A Dream...

Date de sortie:

Juin 2023

Label:

Warner Records

Style:

Far Beyond Metal

Chroniqueur:

Bane

Note:

18.5/20

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Nom d’un petit bonhomme -pour rester poli-, qu’est-ce que je l’attendais, ce disque ! Sérieusement, il m’est impossible de me rappeler la dernière fois où j’ai autant attendu un album... Parce qu’Avenged Sevenfold et moi, certains le savent déjà, c’est une belle histoire d’amour. Avec quelques bas, évidemment (Hail to the King) mais une majorité de hauts (City of Evil, Nightmare), voire de très très très hauts, du genre à toucher le ciel et le Divin du bout des doigts : je parle bien entendu des sublimes et célestes Album Blanc et The Stage. J’ai une petite préférence pour le premier, mais j’ai collé un 18 à l’autre, note qui n’a pas bougé d’un poil depuis l’époque.

J’adore ce groupe. Vraiment. Faut dire qu’ils ont des arguments. Certes, leur nom de groupe est un peu barbare -paraît que ça fait référence à la Bible, peux pas dire, je l’ai pas lue- et leurs noms de scène sont franchement ridicules -sérieux, entre M. Shadows, Synyster Gates, Zacky Vengeance et Johnny Christ, y’a de quoi bien se marrer- mais niveau musical, difficile de rigoler. Shadows est un excellent chanteur, bigrement éclectique et au timbre très reconnaissable, l’un des meilleurs de sa génération à mon sens. Gates est un excellent gratteux, bigrement éclectique et au son très reconnaissable, l’un des meilleurs de sa génération à mon sens. Non, ça n’est pas une maladresse d’écriture, hein, cette répétition de tournures est voulue. Rajoutons aux qualités intrinsèques de chacun des p’tits gars leur talent commun pour la composition et ça vous donne, en ce qui me concerne, le groupe le plus enthousiasmant des années 2000 (avec peut-être Mastodon et, dans un autre registre certes, Ghost). L’on pourra me sortir d’autres exemples en pagaille, Avenged est dans mon cœur et dans mon âme. Et, de grâce, ne me faites pas le couplet pour les traiter de poseurs, de coreux à la noix ou je-ne-sais-quoi, ils ne font plus de metalcore depuis 2005.

Bon sang, je crois que je me disperse. Qu’est-ce que je disais, déjà ? Ah ouais, j’attendais ce disque. Parce que The Stage, leur dernier effort en date, était sans conteste mon album de l’année à sa sortie et que ça fait SEPT ans que j’attendais la suite. Une suite qui, vu ce qu’ils ont pondu en 2016, s’annonçait quand même particulièrement intéressante. Après un album qui lorgnait vers le prog et le psyché des années 70’s -Pink Floyd et un peu de Rush- et les titres bonus -des reprises qui allaient de la folk mexicaine à Mr. Bungle-, l’on était en droit d’espérer un album encore plus dingue. Et, "oh boy !", on a été servis...

Je l’avoue, quand le premier single, Nobody, a été révélé, j’ai été un peu décontenancé. Je m’y revois encore : j’étais en bagnole avec mon frangin, très fan du groupe aussi, et on se l’est passé trois fois d’affilée pour être sûrs. Ce n’était pas nul, mais on s’attendait à autre chose, après tout ce temps. Je ne sais pas à quoi, cela dit. Et puis, finalement, les jours et semaines avançant, on s’est tous les deux surpris à en fredonner des passages et avoir des mélodies dans la tête à de nombreuses reprises. Bon, c’est p’tet pas mal, en fait. La pochette par contre, au secours, quelle horreur... Et puis le groupe commençait à raconter des trucs bizarres, comme quoi ils s’étaient inspirés de L’Étranger d’Albert Camus pour le concept du disque et tout. Ah. Bon. Ok, pourquoi pas, c’est un chef d’œuvre, ce bouquin. Il m’aura cela dit fallu prendre le deuxième single dans la tronche pour comprendre : oui, Avenged allait reprendre où ils en étaient resté sur The Stage, tout en le mélangeant avec le délire du Blanc. Et en poussant tout ça beaucoup, BEAUCOUP plus loin. On allait se régaler.

T’as vu la note, t’as vu la mention "coup de cœur" donc plus aucune surprise : j’ai plus qu’adoré cet album. Et je pense que tu l’as compris aussi : ce Nothing But A Dream... part dans toutes les directions, explore un sacré nombre de styles et d’ambiances. Le but, plus ou moins avoué semble-t-il, du groupe c’est que chaque morceau ne ressemble aucunement à un autre, que chaque chanson soit fondamentalement unique, tout en s’insérant dans un ensemble cohérent. Ça paraît un poil pompeux dit comme ça, c’est vrai. Mais, dès ma première écoute, j’ai été forcé de constater que c’est vrai.

Rien que l’atmosphérique Nobody et le groupe avec le Mike-Patton-esque We Love You n’ont absolument rien à voir l’un avec l’autre. Le premier récupère une ou deux ambiances de The Stage et un peu de Nightmare et le seconde prend du Faith No More, des bouts de Critical Acclaim (voir l’Album Blanc), des relents indus, un riff à la Slayer... Un genre de gros bordel organisé. Et c’est finalement presque le terme qui définirait le mieux l’album : un bordel organisé. Attention, amis lecteurs, n’allez pas croire que c’est un terme péjoratif. Du moins, pas aujourd’hui. Parce que ce qu’il faut surtout retenir, c’est le côté "organisé" plutôt que "bordel" : si le groupe nous bidouille des compos avec plusieurs passages totalement différents, en allant parfois dans l’absurde le plus total, ils n’oublient pas de nous mettre des gros repères un peu partout. Forcément, le fait que tous les morceaux se veuillent aussi distincts aide un peu. Mais c’est pas mal renforcé par le talent de composition du groupe, qui n’oublie pas de donner des moments forts et accrocheurs tout du long. Ce qui fait que, dès la deuxième écoute, on commence déjà à reconnaître des passages : "ah ouais, c’est le morceau avec le passage piano", "oh, oui, là, y’a l’orchestre", vous voyez un peu le tableau.

Il m’est, de fait, assez difficile de vous parler de ce disque dans les détails. Non pas parce que je m’y perds encore. Encore que. Comme je l’ai dit, l’album est assez accrocheur et n’a de cesse de se révéler au fil des écoutes. Et à chaque fois que l’on pense commencer à vraiment le connaître, on se rend compte qu’il y a encore une foultitude de détails. Parce que le groupe a bossé, c’est indéniable. Et pas qu’un peu. On se rend vite compte qu’ils ont enregistré un sacré paquet d’instruments, y’a qu’à entendre les sons de caisses claires pour s’en persuader : suivant les morceaux, on entend bien que plusieurs kits de batterie ont été utilisés. Pareil pour les guitares : Gates nous offre, évidemment, pas mal de soli bien sentis et toujours merveilleux avec son son si identifiable, mais il joue aussi sur acoustique, sur des guitares plus bluesy, il frotte des cordes (sur le final de We Love You, par exemple)...

Je ne peux évidemment pas ne pas mentionner les passages au piano, sur plusieurs morceaux et sur la fermeture de l’album, une reprise du thème d’intro entièrement jouée sur cet instrument par Gates lui-même, qui dit d’ailleurs avoir beaucoup travaillé son jeu pour pouvoir interpréter cette pièce tout seul. Plutôt chouette, faut le dire. Et que dire des passages orchestraux ? Il faut savoir que cet album a été moult fois décalés, parce que le groupe ne pouvait pas enregistrer l’orchestre qu’ils voulaient, notamment à cause des restrictions lors du covid. J’aime autant vous dire qu’ils ont bien fait de repousser tout ça, l’orchestre rajoutant des touches tout bonnement jouissives à certains morceaux. Attention, Avenged ne bascule pas dans le metal sympho. Ils ne font que rajouter des petits éléments, ici et là, pour enrichir le truc. M’enfin, hein, si vous avez déjà écouté A Little Piece of Heaven, vous voyez très bien de quoi je parle. On a aussi une voix féminine qui vient chanter avec Shadows, un titre très Daft Punk-ien -oui oui-, un titre très crooner...

Mince, je m’égare encore. Pour mieux retomber sur mes pattes : il m’est difficile de parler du disque, je vous l’ai dit. Parce que trop en parler serait vous gâcher les surprises, et ce serait vraiment tragique, le groupe vous en ayant planqué une sacrée dose. Alors je me contenterai de vous dire que l’album flirte souvent avec le meilleur, le plus dingue et le plus accrocheur de Devin Townsend, le plus dingo de Faith No More et même, si si, je vous jure le plus ambitieux des Beatles -un passage qui me rappelle A Day in the Life, donc plutôt pas dégueu, et la triplette complémentaire God/Ordinary/Death qui évoque forcément la deuxième face d’Abbey Road. Normalement, avec tout ça, vous êtes au moins intrigués. Alors cessez de l’être, allez donc écouter cette merveille.

Je ne veux pas en dire plus, ça serait bien trop en révéler. L’album fourmille de détails, d’ambiances, de genres, de qualités. Et je précise, un peu tard, que d’ordinaire, je ne suis pas vraiment friand de ces trucs-là. Je vomis la majorité de ce qu’on appelle le "prog", je déteste quand les artistes veulent se la jouer intellos. Moi j’aime le thrash, j’aime les Ramones, j’aime le punk, j’aime bien quand c’est un peu couillon, quand même. Tiens, en parlant de punk, j’ai pensé à Bad Religion, sur un morceau. Bref.

Une fois de plus, Avenged Sevenfold m’a entièrement convaincu. J’irai même encore plus loin : j’avais adoré The Stage, ça n’est un secret pour personne, y’a qu’à relire ma chronique dithyrambique pour le constater (même si je préfère toujours le Blanc) . Et j’en viens à sérieusement me demander si ce nouvel album ne dépasse finalement pas le précédent. Laissez-moi y réfléchir deux secondes... Hm. Cosmic m’a fait levé les poils du bras et serrer ma p’tite gorge. Et cette petite ambiance un peu morose, un peu mélancolique -sans tomber dans le pathétique-lui va si bien au teint et me parle. Donc ce sera un 18,5 bien mérité. Oui. "Pourquoi pas plus ?", me demanderez-vous ? J’en sais trop rien. De toute façon, au fond, les notes, on s’en fout. C’est faire parler son cerveau.

Alors qu’avec Life Is But A Dream, ce sont mes tripes qui ont parlé.

Tracklist de Life Is But A Dream... :

01. Game Over
02. Mattel
03. Nobody
04. We Love You
05. Cosmic
06. Beautiful Morning
07. Easier
08. God
09. (O)rdinary
10. (D)eath
11. Life Is But A Dream

 

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