Artiste/Groupe:

Avantasia

CD:

Here Be Dragons

Date de sortie:

Février 2025

Label:

Napalm Records

Style:

Metal Opera

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

14.5/20

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Here Be Dragons, c’est l’album numéro dix pour Avantasia, groupe de Tobias Sammet devenu depuis une dizaine d’années le projet principal de ce vocaliste (Edguy étant mis en pause depuis longtemps - le dernier album date de 2014 - sans retour prévu à ce jour). Après un sympathique A Paranormal Evening With The Moonflower Society qui m’avait personnellement laissé sur ma faim, j’avais hâte de voir qui Sammet allait convoquer pour la suite de ses aventures et si l’inspiration et la créativité seraient de retour (à un niveau plus élevé en tout cas). Parlons donc line-up : les musiciens principaux sont toujours les mêmes, on retrouve les fidèles Sascha Paeth (guitares), Felix Bohnke (batterie) ainsi que le claviériste Michael Rosenberg. Ce qui nous intéresse surtout, c’est la liste des vocalistes conviés et, là aussi, il y a pas mal d’habitués (Michael Kiske, Ronnie Atkins, Geoff Tate, Bob Catley), d’autres déjà passés mais brièvement (Roy Khan sur un titre de The Scarecrow et Adrienne Cowan qui avait accompagné le groupe en tournée mais pas en studio jusque-là) et deux nouveaux : Tommy Karevic et Kenny Leckremo. Tobias nous l’a annoncé haut et fort : il est très fier de cet opus et affirme qu’il est l’un des meilleurs de sa carrière. Mais, je l’avoue de suite, lors de la première écoute de Here Be Dragons, je n’ai pas été très impressionné. Je l’ai trouvé sympa, assez accrocheur (on ne pourra jamais retirer à son compositeur un talent avéré pour les refrains catchy) mais pas très surprenant, ni particulièrement décoiffant ou émouvant. Je ne me suis pas ennuyé mais je n’ai pas été totalement emporté. Les écoutes suivantes allaient cependant légèrement changer la donne.

Comment justifier ce sentiment de légère déception à la découverte de l’album ? Sans doute que Creepshow, single sympatoche ouvrant l’aventure, court et direct, avec un refrain entêtant, plus rock (voire pop) dans l’âme qu’autre chose (qui n’aurait pas dépareillé sur un album d’Edguy, post-2001 ou 2004) ne constitue pas une mise en bouche assez forte. Et il y a cette production tout à fait correcte, un son pas déplaisant mais là non plus, ça ne lâche pas assez les chevaux, on ne se prend pas de claque. L’album avance et j’entends des mélodies plaisantes, des chanteurs capables, mais pas mal de choses très familières et, par conséquent, pas si marquantes. Je voudrais me sentir embarqué par les nouvelles compositions mais tout cela ne me semble pas suffisamment épique ou sensationnel. L’atmosphère sombre, mystérieuse ou mélancolique présente sur les récentes productions d’Avantasia n’est plus tout à fait de mise ici, l’ensemble sonne plus dépouillé, plus optimiste aussi... Est-ce un bien ou un mal ? Chacun en jugera. En tout cas, là au moins, une certaine évolution se fait sentir. Car oui, ce qui a un peu joué contre Here Be Dragons dans un premier temps fut bien le manque de surprises, un côté un peu routinier. Et pourtant... 

Il y a tout de même quelques petits changements qu’il convient de relever. Here Be Dragons, bien qu’il ne surprenne pas autant qu’il le pourrait, n’est pas une copie carbone de ses plus proches prédécesseurs. Comme dit plus haut, l’ambiance est un peu différente. On notera aussi que beaucoup de morceaux sont plus courts (leur durée varie entre trois et cinq minutes et des poussières, chanson titre de presque neuf minutes mise à part), que Tobias n’invite qu’une seule personne par chanson (tendance déjà bien amorcée sur APEWTMS, il est vrai), et que contrairement à ce que certains détracteurs affirment ("Avantasia, c’est devenu de la pop !"), le côté power n’a pas disparu de la partition. Il est même un peu plus palpable grâce à des morceaux comme The Moorlands At Twilight (avec Kiske en guest), Unleash The Kraken un titre enlevé et percutant (avec gros riff à l’appui et cris aigus de Sammet qui chante seul ici) et l’épique Against The Wind avec un Leckremo qu’on n’attendait pas dans ce registre (on l’aurait davantage vu, étant donné son pedigree, sur un titre hard rock mais non, le Kenny s’égosille sur du power mélodique et livre une prestation qui semble s’inspirer d’un certain Russell Allen sur le couplet). Tous ces morceaux, bien que de facture assez classique, sont efficaces et portés par de belles mélodies (surtout Moorlands et Against The Wind). Au rayon des réussites, je citerai volontiers The Witch, single très sympa avec une ambiance un peu plus sombre et un beau refrain, avec la contribution impeccable de Karevic, ainsi qu’Avalon au caractère épique et au thème d’ouverture celtique (Cowan livre elle aussi une très bonne performance) dont le refrain rappelle du vieux Kamelot (The Haunting pour être plus précis). J’aime également bien Bring On The Night écrit sur mesure pour Bob Catley et qui sonne donc très Magnum. Ce qui reste n’est pas de mauvaise facture mais m’emballe moins. La chanson titre (avec Tate) est un peu longue, oui, le refrain est chouette mais il y a peu de variations sur quasiment neuf minutes et il m’arrive de penser à autre chose en cours de route. Phantasmagoria, co-chantée par Atkins, passe bien mais sans me laisser de souvenir mémorable... un peu trop commune sans doute. Quant à Everybody’s Here Until The End, c’est une ballade mélodramatique qui ne me touche pas plus que ça. Certes, le refrain, avec ses chœurs, rend bien... on va juste dire que je ne suis pas friand de ce type de compo.

Au final, il n’est pas mal du tout ce Here Be Dragons. Pas incroyable (à mon sens) mais très plaisant. Un peu plus léger, moins chargé ou ampoulé que certaines réalisations précédentes du père Sammet. Globalement plus direct/simple, il mérite d’être creusé pour révéler certains aspects qui ne sautent pas forcément aux oreilles de prime abord mais qui font de ce disque un album plus cool qu’il n’en a l’air. Plus efficace que A Paranormal Evening With The Moonflower Society, pas tout à fait au niveau d’un Ghostlights non plus, il marie assez bien les différents éléments et les influences diverses qui ont forgé l’identité d’Avantasia au fil des ans... même s’il me manque quelque chose pour que je sois totalement sous son emprise. Maintenant, j’ai hâte de voir ce que cela va donner sur scène. Ne manquez pas le retour de cette joyeuse troupe sur la scène de l’Olympia le 16 mars prochain ! 

Tracklist de Here Be Dragons :

01. Creepshow 
02. Here Be Dragons (featuring Geoff Tate)
03. The Moorlands At Twilight (featuring Michael Kiske)
04. The Witch (featuring Tommy Karevic)
05. Phantasmagoria (featuring Ronnie Atkins)
06. Bring On The Night (featuring Bob Catley)
07. Unleash The Kraken
08. Avalon (featuring Adrienne Cowan)
09. Against The Wind (featuring Kenny Leckremo)
10. Everybody’s Here Until The End (featuring Roy Khan)

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