Alter Bridge, la valeur sûre du metal alternatif, est de retour avec Pawn & Kings, son septième album. Si vous voulez la version courte de cette chronique, je vous la livre tout de suite et vous pouvez retourner vaquer à vos occupations : c’est très bien, comme d’habitude. Pas très surprenant, le groupe conserve son identité et l’orientation des albums précédents (avec quelques petites modifications par rapport à Walk The Sky, on en reparle plus bas), mais heavy, puissant, assez épique par moment, avec la qualité d’écriture et d’interprétation qu’on lui connait. Le line-up n’a pas changé, le producteur non plus (c’est toujours Michael "Elvis" Baskette), le son ne dépayse pas... Myles Kennedy ne chante pas moins bien qu’avant. Vous aimez Alter Bridge ? Allez-y sans crainte, comme dit plus haut, le groupe reste une valeur sûre du genre. Voilà, dans les grandes lignes, ce que l’on peut dire de Pawns & Kings, pour les plus pressés qui voulaient s’assurer que le groupe n’avait pas fait de sortie de route. Maintenant, pour plus de détails et de nuances, c’est ci-dessous. 

Car oui, il y a tout de même des choses à dire sur ce disque. Notamment quand on le compare à son prédécesseur. Déjà, dix titres. Pour Alter Bridge, ça n’est pas commun. The Last Hero en comptait treize (quatorze dans son édition limitée), Walk The Sky en avait quatorze. Pawns & Kings est donc l’album le plus concis jamais sorti par ses géniteurs : dix compos, cinquante-trois minutes et basta ! Et c’est d’autant plus heureux que, dès la première piste, l’excellente This Is War, on sent que ces messieurs ont envie de montrer les muscles ! L’entrée en matière est méchamment heavy, avec gros riff puissant, batterie pachydermique et chœurs sentencieux... ça ne rigole pas (en même temps, comme le dit le titre, c’est la guerre...). Sur Walk The Sky, très vite, le quartet avait proposé des morceaux plus hard rock ou "légers", avec même quelques claviers surprenants (In The Deep, Godspeed...), eh bien pas là ! Bien que Dead Among The Living soit moins pesante et grave que This Is War, on reste sur quelque chose de rentre-dedans. Même remarque pour Silver Tongue, avec son couplet heavy et charpenté qui laisse place à un refrain plus enlevé et entraînant. Comme d’habitude, le son est massif. Les guitares puissantes, le chant de Kennedy particulièrement inspiré et convaincant. On devine que ces compos vont faire un malheur sur scène.

En quatrième place, Sin After Sin, bien lente et poisseuse, semble confirmer qu’Alter Bridge a décidé de nous présenter son album le plus heavy à ce jour... se rapprochant ainsi de The Last Hero. Bonne nouvelle ? Pas sûr. Cet album n’est justement pas mon préféré du groupe... mais Pawns & Kings laisse plus de respiration à l’auditeur que son ainé et, comme dit plus haut, est plus concis, ce qui va lui permettre de mieux s’en sortir. Et fort heureusement, à partir de la cinquième piste, les Américains, laissent - momentanément - l’artillerie lourde de côté. Choix judicieux, s’il en est, afin d’éviter l’overdose. Ainsi, Stay est plus mélodique, plus radio friendly, emmené par le chant de Mark Tremonti (la tradition - en vogue depuis des années - consistant à confier le chant au guitariste sur une piste est respectée). Très bon titre qui arrive à point nommé après un démarrage des plus costauds. Puis vient Holiday, une compo enlevée à l’esprit plus rock’n’roll (avec des guitares qui restent cependant bien puissantes). Arrive ensuite le "gros" morceau de l’album, le beau Fable Of The Silent Son, pavé épique de huit bonnes minutes qui montre un groupe très inspiré. L’intro est douce et mélancolique, la suite plus épique et lumineuse (avec des mélodies très prenantes et une émotion palpable)... mais après deux minutes cinquante, on assiste à un retour du heavy metal pesant avec une rythmique qu’on aurait pu trouver sur le Black Album (ou Load) de vous savez qui. La suite offre d’autres variations (avec un break quasi prog, une jolie accélération avec un excellent solo de guitare) et ne déçoit pas. C’est l’un des grands titres de cet opus. On est sur quelque chose de plus classique qui rappelle les premières heures du groupe avec Season Of Promise avant de revenir graduellement à un propos plus metal et sombre avec Last Man Standing et surtout la chanson titre, imparable hymne à l’excellent refrain qui, on s’en doute, sera repris en chœur par les fans lors de la tournée à venir. Ce dernier s’assure avec This Is War et Fable Of The Silent Son une belle place dans le trio de compos les plus marquantes, épiques et heavy de l’album. 

Pas grand-chose à reprocher à cet album. Alter Bridge maîtrise sa recette et propose là un album équilibré et robuste. Du riff plombé comme s’il en pleuvait, des breaks parfaitement amenés et travaillés, un chant assez remarquable qui laisse passer l’émotion, des hymnes taillés pour le live... La seule chose que certains trouveront peut-être à redire est que le groupe ne se renouvelle pas franchement. Pas faux... Il a, semblerait-il, plutôt chercher à peaufiner sa formule.  

Tracklist de Pawns & Kings :

01. This Is War
02. Dead Among The Living
03. Silver Tongue
04. Sin After Sin
05. Stay
06. Holiday
07. Fable Of The Silent Son
08. Season Of Promise
09. Last Man Standing
10. Pawns & Kings