Et si c’était eux l’avenir de la scène Metal Française ? Ok je
m’enflamme un peu mais il y a de quoi. Aephanemer a tout pour conquérir la
sphère Metal. Techniquement, le niveau est élevé, très élevé.
Rendu musical impeccable, nom classieux paré pour l’international et en plus les
toulousains respectent la parité ! Nous allons détailler un peu tout ça par plaisir
déjà mais aussi par nécessité parce que le groupe multiplie un peu les
fausses pistes. L’artwork déjà. On retrouve Niklas Sundin, ex
guitariste deDark Tranquillity, déjà a
l’œuvre sur le très remarqué – et remarquable – Prokopton
et le style est psychédélique quand le groupe ne l’est absolument pas.
Aephanemer c’est du death mélodique avec un aspect néo-classique
très marqué qui les rapproche nettement plus de la scène finlandaise que
suédoise. On pense très fort à Children Of Bodom mais Aephanemer
propose plus (voir l’interview proposé en lien avec cette sortie). Comme déjà
évoqué, il y a une dimension musique classique, baroque pour être plus
précis. On songe à Vivaldi (avouez qu’en metal on fait rarement
allusion à lui) et à ses Quatre Saisons. Particulièrement à celle
de l’automne car pour faire un peu d’étymologie, Aephanemer est la
contraction des mots « éphémère » et « fané ». Ce
troisième effort sort en plein cœur du mois de novembre 2021 (en plein cœur
d’un automne particulièrement enchanteur et coloré cette année), on le voit,
on est en cohérence. Toujours sur l’aspect musique classique, on trouve ici une version
bonus d’une reprise de Tchaikovsky et un titre s’intitule Le Radeau de
la Méduse ce qui démontre de sacrées belles références chez
les toulousains. Il y a un vrai univers qui fonctionne à merveille entre thématiques
baroques, romantiques et une musique death mélodique qui ne déplairait pas aux fans de
symphonique.
Le mix est de nouveau assurée par Dan Swanö ce qui à
défaut d’originalité (le gars étant incroyablement … productif) reste
un sacré gage de qualité. J’ai déjà mentionné l’aspect
technique des musiciens, j’y reviens tant il est marqué au niveau des guitares. Ça
excelle et il y a de sacrées belles mélodies, le tout étant soutenu par une section
rythmique robuste et rapide. Le chant de Marion Bascoul est un autre
élément de la réussite de ce groupe. Typé death mais bien dosé en
terme d’agressivité. Les passages plus instrumentaux apportent un réel plus et
offrent de sacrés bons moments, alternant aussi passages enlevés et d’autres plus
atmosphériques. Les premiers singles parus ont déjà déblayé le
terrain et prouvé que le groupe continuait sur son excellente lancée. Impérial
Antigone (encore une belle référence !) qui retrouve le niveau d’un
Bloodline sur le précédent effort. Même constat imparable avec Panta
Rhei où la virtuosité de Martin Hamiche impressionne encore,
particulièrement sur l’intro. Le reste est à l’avenant entre haute voltige,
déferlement mélodique et remarquable intensité. L’équilibre entre
cette densité rythmique et les mélodies proposées (et ça déferle sur
ce disque !) est particulièrement réussi même si soyons justes, certains peuvent
ressentir un excès sur ce dernier plan. Bien ajusté, ce A Dream Of Wilderness
évite cet écueil en diversifiant son propos avec une plage intermédiaire (Vague
à l’Âme) bienvenue. La dimension néo-classique impressionne vraiment
(Strider lumineuse). Je ne résiste pas au plaisir de citer Of Volition et sa
mélodie ultra dynamique.
J’ai mentionné plus haut le Radeau de la Méduse. Je précise que le
groupe nous a gratifié d’une version en français avec lyric vidéo à
l’appui. Bon en fait, le groupe en propose deux de vidéos mais c’est celle dans la
langue de Molière qui m’intéresse ici. On y découvre une
Marion très à l’aise dans notre langue et surtout cela permet de
bien suivre l’histoire racontée. Ce type de chant en français surprend toujours un
peu car on en entend que peu mais comme sur le dernier album de Seth, ça le fait carrément bien. Initiative
à saluer.
Il n’y a plus le moindre doute à leur sujet, on tient là un sacré groupe,
parfaitement ancré dans son registre mais dégageant une réelle personnalité.
Et même une certaine positivité qui n’est d’ailleurs pas toujours la norme dans
cette scène scandinave. Désormais porté par un label puissant, Aephanemer
confirme sans problème les immenses progrès entrevus sur leur
précédent disque et ont ici toutes les cartes en main pour atteindre de réels
sommets. Je recommande encore une fois l’échange avec le groupe, réellement
passionnant, et où on découvre une formation attachante et des musiciens
intéressants, aux "têtes bien faites" et parfaitement ancrés dans leur
époque. Il ne reste qu’à prêcher la bonne parole (ce que je fais avec grand
plaisir et ce n’est pas là que de la solidarité occitane), un environnement qui
s’apaise (là c’est pas gagné vu le contexte !) et de nous confirmer toutes ces
qualités sur scène.
Tracklist de A Dream Of Wilderness :
01. Land Of Hope 02. Antigone 03. Of Volition 04. Le
Radeau De La Méduse 05. Roots And Leaves 06. Vague à
L’Âme 07. Strider 08. Panta Rhei 09. A Dream Of
Wilderness 10. Old French Song (Pyotr Ilyich Tchaikovsky
cover) 11. Le Radeau De La Méduse (Version Française)