On ne présente plus Jared Leto, immense acteur à la filmographie éblouissante (Requiem For A Dream, le chef d’œuvre Fight Club et j’en passe) et oscarisé (Dallas Buyers Club). On s’en souvient peut-être moins mais dans les années 2000, il s’était payé un très gros succès avec 30 Seconds To Mars, SON groupe monté avec son batteur de frère Shannon. Avec un premier disque auto-nommé en 2002, ils avaient pu bénéficier d’un excellent retour critique. Fort de ce succès, Jared Leto avait rapidement enchaîné avec A Beautiful Lie qui allait confirmer l’essai, surtout sur le plan commercial. Il est vrai qu’avec un triptyque dément en ouverture certifié 100% tubes (Attack / A Beautiful Lie / The Kill), 30 Seconds To Mars frappait un grand coup. Avec des sonorités modernes apportant un réel plus, quelques touches electro malines, une ambiance futuriste très réussie avec un rock / metal alternatif tout simplement addictif, un côté post-grunge délicieux ainsi qu’un chant remarquable. Beaucoup de talents chez ce Jared Leto. C’est aussi l’époque où Stone Sour rencontre un grand succès, preuve d’une réelle dynamique pour ces sonorités en ce début de millénaire.

Il est vrai que le groupe s’était donné les moyens de ses ambitions. Recours au producteur Josh Abraham alors très « in » (Velvet Revolver, Limp Bizkit, Linkin Park, etc.), enregistrement épique sur quatre continents, cinq pays, pour ne pas trop empiéter sur la carrière d’acteur de Jared Leto. Autre changement, une dimension plus rock, plus accessible et des thématiques moins « imagées » mais plus personnelles. Et au final un succès incroyable, des singles qui se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires incluant From Yesterday que je n’ai pas encore cité. 

Avec le vent en poupe, 30 Seconds To Mars avait tout pour devenir un géant du rock. Las, Jared Leto allait être rattrapé par des problèmes avec le label à qui il devait trois albums. Ralentissant tout, et générant probablement une atmosphère négative compréhensible, ce conflit allait compromettre le développement du groupe. En dépit de bons singles bien accueillis (Kings & Queens, This Is War), l’album This Is War marquera moins les esprits. Cause ou conséquence, on retrouvera plus Jared Leto au cinéma (difficile donc de s’en plaindre) et moins sur son groupe aujourd’hui en quasi arrêt clinique. En mode grand-frère, j’avais trouvé là une bonne excuse pour les voir en concert (2014 de mémoire) et j’en ai gardé un souvenir plaisant mais aussi une « rupture de rythme » rarement égalée (quoique Airbourne, quoique Guns N’ Roses) avec un chanteur généreux demandant au public quoi jouer, grattant quelques accords puis redemandant un autre titre à jouer en mode égo-trip, soit l’archétype de la fausse bonne idée à proposer en live. Artiste fascinant avec deux carrières haut de gamme et inventives, Jared Leto avait fait très fort, développé un vrai côté rock star (avec le look semi-gothique typique de l’époque qui allait bien) mais avait dû sacrément bosser alors. Si 30 Seconds To Mars a fini par basculer dans un rock alternatif US assez convenu, les débuts du groupe furent épiques, inventifs avec deux disques assez différents dans l’approche mais hautement référentiels. Culte !

Tracklist de A Beautiful Lie :