L I V E R E P O R T

La dernière fois que les canadiens d'Annihilator sont venus nous rendre visite, c'était en première partie d'Iced Earth il y a trois de cela. Attendez, j'ai pire: le groupe n'a pas joué en tête d'affiche chez nous depuis 2002. Mais nous avons été patients et avons fini par être récompensés en cette festive soirée d'octobre 2010. Annihilator a choisi Paris pour démarrer sa tournée européenne, et maintenant que ce concert est terminé, on peut l'affirmer sans détour: il fallait y être !

Excusez par avance mon silence sur les premières parties de la soirée, ce n'est pas que je les ai trouvées mauvaises ou que je n'ai pas envie d'en parler... je suis juste arrivé trop tard (et oui, on ne fait pas toujours ce que l'on veut dans la vie) pour savoir de quoi il en retournait. Vous voilà privés d'entrée, passons donc sans plus tarder au plat de résistance.

Il est quelque peu affligeant de constater que les thrasheurs d'exception que nous sommes venus écouter ce soir ne bénéficient pas d'une renommée leur permettant de passer dans une salle un peu plus grande que Le Divan Du Monde. Personnellement, je me réjouis d'assister à la venue de Jeff Waters et ses acolytes dans de telles conditions (forcément plus intimes et chaleureuses que s'ils étaient passés au Zénith) mais quand même... ça me rend un peu triste pour eux. Cependant, l'heure n'est pas aux lamentations, non. Bien au contraire, nous n'avions beau être qu'autour de trois-cent personnes, l'accueil réservé aux canadiens se révéla plus que chaleureux et l'ambiance fut explosive.

D'entrée de jeu, le groupe frappe fort. C'est Ambush, un titre indiscutablement thrash old-school bien rapide et agressif qui ouvre le bal et met les pendules à l'heure. Le son est fort et puissant, la fosse entre en ébullition... il fait très chaud, et ça ne fait que commencer.
La bande à monsieur Waters a décidé de bien soigner son début de set, laissant à peine le temps à son public de reprendre son souffle, car dès Ambush terminée, ce sont Clown Parade (bien énergique), Plasma Zombies (frénétique) et King Of The Kill (surpuissante et jubilatoire) qui lui succèdent, tout ça au beau milieu des cris, des pogos, des refrains scandés par un public suvolté, et des murs de la salle qui commencent, eux aussi, à suer. Bref, c'est la claque ! A peine vingt minutes de concert se sont écoulées, et il semble déjà évident que nous ne nous sommes pas déplacés pour rien. Et ce sentiment va se confirmer car, attention, ce soir, il va y avoir des surprises !

En parlant de surprises, il n'y en aura pas que des bonnes... mais ce que je vais dire est, bien entendu, très subjectif. En effet, je trouve un peu dommage qu'après un démarrage aussi tonitruant, les thrasheurs aient aligné quelques titres un peu plus dispensables comme Betrayed extraite du dernier Annihilator (sympathique mais pas la mieux placée pour défendre cet album, il me semble), ou les soporifiques The Box ou Time Bomb. Cela dit, ces chansons que, personnellement, je trouve un brin lourdingues, ont leurs fans... elles ont donc fait le bonheur de certains.
Passons maintenant aux bonnes surprises. Très rapidement dans la soirée, il est devenu assez clair que Jeff Waters a décidé de renouveler le setlist du groupe. Excellente idée ! Nous avons donc eu le privilège de profiter de raretés ou vieilleries comme l'excellente Hell Is A War (extraite de l'album King Of The Kill, album particulièrement mis à l'honneur ce soir-là), l'inattendue Tricks And Traps (furieuse rescapée du décrié Remains sorti en 1997) ou même d'un medley cool et posé (les musiciens se sont d'ailleurs assis) enchaînant Phoenix Rising et Sounds Good To Me (album Set The World On Fire) probablement jouées sur scène pour la première fois depuis leur conception ! Génial !

En plus de ça (mais est-il vraiment nécessaire de le rappeler ?), ça joue très bien ! C'est technique, carré et précis. C'est un vrai régal que de regarder ce génie de Jeff Waters nous balancer des riffs et des soli de malade... mais en toute décontraction. C'est ça aussi Annihilator en live: une bose dose de metal mélangée avec quelques portions de bonne humeur ! En effet, le leader charismatique nous gratifia régulièrement de petits discours en français au contenu assez... léger, dirons-nous ("j'ai trop mangé de fromage" par exemple); il nous rappela également que lui et son groupe étaient gentils parce que canadiens... il chambra son co-équipier Dave Padden (guitare et chant) quand celui-ci annonça The Fun Palace alors que lui-même venait de commencer à introduire Welcome To Your Death... les deux compères nous livrèrent même une courte imitation de Terrance & Phillip (du dessin animé South Park). Bref, la soirée ne fut pas avare en occasions d'avoir le sourire aux lèvres.
Mais n'allez pas croire que ces si "inoffensifs" canadiens ont oublié de nous atomiser sur toute la fin de leur prestation pour autant. Non... On a rigolé, certes... mais on s'est aussi bien pris des W.T.Y.D., The Trend, Phantasmagoria, sans oublier le classique Alison Hell (en guise de conclusion) en pleine figure ! Et comme c'était la soirée des surprises, le groupe nous a même ressorti une autre vieille compo de 1994 pour entamer leur rappel (toujours extraite de King Of The Kill), j'ai nommé: 21 ! Aussi inattendue que sympa.

La soirée touche à sa fin, c'est l'heure du bilan. Que retiendrons-nous de ce passage d'Annihilator à Paris ? Et bien... ce fut riche, intense, puissant, fun et surprenant. Généreux aussi ! Et oui, plus de dix-huit titres ont été joués, la prestation a duré une bonne heure et quarante-cinq minutes, et le tout dans une ambiance de folie ! Si l'on résume bien: un vrai festival de riffs et soli d'anthologie, de la technique et de la puissance, une énergie indéniable (aussi bien sur scène que dans la fosse), des surprises, des blagues... Bref, une soirée quasi-parfaite ! La phrase qui résume peut-être le mieux ce concert vient de ce farceur de Jeff Waters lui-même: "This is the best first show on this tour !"
Merci Jeff ! 

Setlist :

1. Ambush
2. Clown Parade
3. Plasma Zombies
4. King of the Kill
5. Betrayed
6. The Box
7. Hell is a War
8. Time Bomb
9. Ultra-Motion
10. Set The World On Fire
11. Welcome To Your Death
12. The Trend
13. The Fun Palace
14. Acoustic Medley: Phoenix Rising / Sounds Good To Me
15. Tricks and Traps
16. Bliss / Phantasmagoria
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17. 21
18. Alison Hell

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